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Lindros en compote

Publié le 13 novembre 2007 par Philostrate
   Pour voir l'avenir du sport professionnel, il suffit souvent de glisser un regard par-dessus l'océan atlantique. Le sport business made in USA dans sa démesure et sa propension à griller les talents comme le cow-boy Marlboro les paquets de clopes reste encore et de loin la référence ultime. Prenez l'exemple d'Eric Lindros, 34 ans, ex-futur star de la Ligue Nationale de Hockey, qui vient d'annoncer sa retraite définitive des patinoires dans l'indifférence quasi générale.

   Voilà un gars, taillé comme un séquoïa - 1m93 pour 108 kg - qui semblait tout avoir pour collectionner les bagues offertes chaque saison aux vainqueurs de la Coupe Stanley, graal du hockey aux Etats-Unis et au Canada. Un gabarit hors du commun, qui doublé d'une habileté certaine à manier le palet semblait lui garantir une place au Hall of Fame avant même ses premiers coups de patin chez les pros. Un caractère de cochon, qui après le repêchage de 1991 lui avait fait refuser de jouer pour les Nordiques de Québec, trop "joual" à son goût d'Ontarien anglophone. L'anecdote lui valait de belles bordées de sifflets à chaque passage dans la Belle Province, mais le gaillard n'en était guère indisposé. Il avait son histoire, ne laissait personne indifférent, ce qui conjugué au talent garanti de nos jours à coup sûr la reconnaissance médiatique…

   Seulement voilà, notre colosse avait des pieds d'argile. Quand on arrive en roulant des épaules, aussi larges soient-elles, mieux vaut être bien protégé. Les requins-marteaux qui sillonnent l'océan impitoyable de la NHL pour réduire en bouilli les joueurs vedettes des équipes adverses ont eu tôt fait de prendre pour cible le gros bébé des Flyers de Philadelphie. D'ordinaire, un top player, ça se protège. Wayne Gretzky, génie de la rondelle au talent inversement proportionnel à la taille - 1m83 pour 84 kg, autant dire un nain de jardin…-, a su trouver tout au long de sa carrière de solides chiens de garde pour assurer ses arrières. Jari Kurri du temps des Oilers d'Edmonton. Le redouté Marti Mac Sorley chez les Kings de Los Angeles. Eric Lindros, fort de sa carrure imposante, n'a pas eu cette chance. En treize saisons de NHL, il a accumulé les commotions cérébrales et a raté plus de 300 matches au total, les méninges en compote ou les articulations en capilotade.

   En Amérique, dans la société comme dans le sport, seuls les plus forts survivent. Le gâchis de la carrière de Lindros, qui hormis une médaille d'or olympique avec l'équipe du Canada en 2002, présente un palmarès vierge de tout trophée en club, en témoigne. La Ligue nationale de hockey devrait en tirer des leçons pour mieux assurer à l'avenir la sécurité de ses joueurs sur la glace dans un sport de contact allant parfois bien au-delà du raisonnable. Le sport professionnel aussi, car quand tous les coups sont permis, quand intégrités physique et morale se sont évanouies, le spectacle n'est plus garanti. Et sans spectacle, pas de profits…

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