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La République se meurt.

Publié le 10 février 2010 par Marx

déjà publié

   Faute de républicains, les antirépublicains détricotent loi après loi la République telle qu’elle fut constituée par les grands événements de l’histoire et du mouvement ouvrier . Elle est constituée d’une base minimale acquise le long des grandes luttes sociales du temps ou la gauche se disait ouvrière et de classe et sans aucun complexe. Cette base minimale est l’acquis de l’archaïsme tant décrié et brocardé par ceux qui n’ont encore rien prouvé en dehors de leur suffisance, de leur incapacité et de leur ignorance car la bêtise n’engendre que des recul en matière sociale. La société  et son modernisme  idéologique actuel se prend pour un sumo. Elle en a certes le cul mais pas les muscles et préfère donc le consensus mou à l’affrontement. Le cerveau est également atteint d’anémie, faute de mémoire et la bataille idéologique n’est plus menée. La musculature sociale est un bien politique qui s’entretient et combien de directions de gauche l’ont laissée fondre. C’est un constat accablant et la République fout le camp. Un sumo sans muscles, sans mémoire à qui il reste toutefois le cul, un gros cul qui s’assoit sur tout le reste et sur sa mission historique, changer la société, changer de société.

   Nous en accusons la droite néolibérale mais encore trop peu nombreux à remettre en cause son système, le capitalisme. Le maintien de ce système suppose les mêmes conséquences et globalement la même politique « au pansement social prés »  et la charité sociale ne change rien, quelle soit dispensée par la droite ou par la gauche au pouvoir. Les héritiers de la révolution ont remis leurs culottes et dilapidé leur patrimoine politique et ont rallié les versaillais contre la commune . Ceux du Front populaire ont déserté la conscience de classe et ceux de la résistance ne résistent plus à rien. Ils sont tous devant à perte de vue des réalités en oubliant de garder ce qui les a fait citoyens et cette dignité dont ils ont hérité, ils la foulent au pied en condamnant leur descendance à redevenir des sujets.
   Le cadre de la société nouvelle voulue par le Conseil National de la Résistance, compromis imposé par la classe ouvrière  à la bourgeoisie collaboratrice à la Libération, vole en éclats , gouvernement après gouvernement de droite comme de gauche. La laïcité n’est même plus un thème fort, notamment pour le PS qui arbore malgré tout  encore l’effigie de Jaurès ou de Blum, tout en empruntant le chemin inverse que celui qu’ils tracèrent à leur Parti. La droite républicaine, représentante d’une certaine bourgeoisie a disparue avec la classe qu’elle représentait et les « gaullistes » actuels ne sont plus que les représentants de la nouvelle bourgeoisie. Ils ne sont plus gaullistes, comme les socialistes actuels ne sont plus les descendants ni de Jaurès ni de Blum. Chacun ayant pris part au dépeçage de la République dont pourtant chacun d’eux se réclament . La mutation économique du capitalisme a produit une mutation politique et tous deux ont décidé de l’accompagner, puisque disent ils « il est indépassable ». Jaurès disait que « la République est le socle du socialisme » et ils s’empressent de le détruire.
   Le capitalisme n’a jamais été aussi violent et destructeur et il devient de plus en plus autoritaire et pourtant son opposition n’a jamais été aussi molle. C’est un encouragement pour lui d’être encore plus autoritaire, violent et destructeur. Il ne s’y trompe pas et il accélère le processus de décomposition de l’édifice républicain, avec son instrument idéologique  qu’il instille et qui précède toujours la loi scélérate.
   Les réformes sociétales occultent les réformes sociales, pendant ce temps la classe dominante impose ses contre réformes au pas de charge et la République se meurt chaque jour un peu plus. Le PS a relégué le Front Populaire aux vestiges de l’histoire dont les ruines peuvent se visiter le dimanche compris, la loi de 1905 engluée dans la laïcité ouverte ou positive mais toujours pas respectée par les élus de droite comme de gauche et le programme du CNR rangé au placard des archaïsmes et des antinomies économiques. La modernité donnerait raison aux collabos, aux 200 familles, au mur de l’argent, à la droite cléricale et à l’obscurantisme , aux versaillais et à leurs bouchers. Enfin il n’était pas nécessaire de faire une révolution puisqu’on réinstalle l’ancien régime en remplaçant l’aristocratie du sang par celle de l’argent qui redeviendra à son tour celle du sang. Puisque la République se meurt, il n’était pas nécessaire que des républicains, des socialistes, des militants ouvriers se sacrifient, puisque de toute manière, la République se meurt. Pour en arriver là, il n’était pas non plus nécessaire de fonder l’Internationale ouvrière et de monter à la conquête de grandes lois sociales, pour ensuite les laisser partir sans réel combat mener. Comme en 40, les néos sont complices et comme ils étaient minoritaires, la République avec ses combattants fut sauvée en 45. La République se meurt parce qu’elle a perdu ses gardiens vigilants. Elle est livrée à l’apothéose hideuse   de l’argent, c’est paraît il une conception moderne de l’économie, celle qui se conjugue avec esclavage. Nous la voulions sociale, encore faut il quelle soit, la République.

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