Magazine Humeur

Trop de grève tue la grève ?

Publié le 13 novembre 2007 par Pierre

SNCF, RATP, EDF-GDF, Opéra de Paris, fonctionnaires, Education, étudiants, lycéens, Poste et télécommunications, Justice : la liste est longue de ceux qui vont faire encore entendre leurs voix pendant un mois de novembre qui, qu’on le veuille ou non, sera chaud sur le front social. L’automne 2007 ressemblera-t-il à celui de 1995 ? Nul ne le sait, le pire n’est jamais sûr.

Quoi qu’il en soit, cette épidémie de « grévite aigüe » qui contamine les corporations mécontentes pose la question du droit de grève en démocratie. J’entends déjà ceux qui voient dans cet article la vile intention de remettre en cause le droit de grève. Non, le droit de grève « est » et doit demeurer. Seulement, près de 54 % des Français ont désigné en mai 2007 un Président de la République sur un programme, qui comportait la remise à plat des régimes spéciaux de retraites. Et c’est pour cela que Nicolas Sarkozy a été élu.

On l’a appris dans nos manuels scolaires, « la démocratie est un régime politique dans lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple ». Le seul problème, c’est qu’à partir d’aujourd’hui, ce même pouvoir va être détenu par les grévistes, à commencer par les étudiants qui bloquent les gares dès ce matin. La démocratie tourne donc à l’oligarchie.

L’expression convenue « Trop de grèves tue la grève » est souvent employée à tort et à travers, mais elle a le mérite d’être parfaitement en adéquation avec l’actualité du jour. Une seule question se pose : le jour où des cheminots, des étudiants, des avocats, des fonctionnaires, des employés de l’Opéra de Paris rencontreront des conditions de travail à la limite de la dignité humaine (pollution, amiante, 60 heures par semaine), que feront-ils pour exprimer leur « mécontentement » ? En tout état de cause, il ne leur restera qu’un droit : celui de se souvenir qu’ils ont dévoyé le droit de grève par des actions contre-productives.

La grève est une action qui vise à lutter contre une situation ou une mesure jugée « inacceptable ». Certes. Mais quand est-ce que les grévistes commenceront à « accepter » le principe de la démocratie ?

Fredo


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