Patricia Laranco : poème.

MAURICIENNE
Hommage à Maurice et à ma mère
Plus je regarde le monde, plus je me dis
que je me dois de célébrer ton legs, maman :
c'est tout naturellement que tu m'as appris
ton instinctif respect
pour tous les continents,
pour tous les modes de vie, toutes les façons
d'aller son chemin en humain, ce quelqu'il soit.
Avoir baigné dans ta culture bariolée
habituée à brasser tous les horizons
m'a rendue poreuse et curieuse de tout,
rebutée par les ambiantes rigidités.
C'est grâce à toi qu'à présent je m'entends pleurer
sur les effets des identités en béton,
sur les agacements, les hargnes, les rejets,
les montées de sombre méfiance qui font mal;
c'est grâce à toi, aussi, que, dans le même temps
je ris des chauvinismes agressifs et vantards,
complètement aveugles à leur côté bouffon
émanations qu'ils sont
de nations murées.
Maman, tu venais d'un minuscule pays
sans orgueil qui, certes, ne paie guère de mine
au milieu des arrogances et des appêtits,
des mégalomanies de crapauds boursouflés
mais n'en a pas moins tout lieu d'être fier
de gérer chaque nuance de l'arc-en-ciel
sans heurts  avec une telle facilité;
je te loue pour mon éducation
mauricienne !

P.Laranco.