Groupon, Chegg : 2 concepts US à potentiels d’internationalisation, mais quand ?

Publié le 12 février 2010 par Coubray

Souvent, je m’interroge sur la vitesse de globalisation des concepts à succès.

Deux constats récents remettent cette question à l’ordre du jour. Pas de réponse figée. Quelques réflexions.

Postulat : les bons concepts traversent les frontières

Nature & Compagny inspire Nature & Découvertes.
Pizza Hut (livraison à domicile) aboutit à SPizza 30.
FaceBook s’internationalise en quelques clics et serveurs.
Ventes Privées inspirent de nombreux me too dans le monde.

Etc…

Les concepts universels font le tour du monde. Localisés ou non, ils sont adoptés par les consommateurs des pays adaptés à leur niveau de sophistication.

Vous trouverez ci-après deux concepts à potentiel : Quand seront-ils répliqués en France ? Comment ? Par qui ? Bref, quelles sont les modalités qui aboutissent à la propagation mondiale d’un concept à potentiel.

Constat 1 : Aux US, Groupon est un succès : 2.4 M d’inscrits, une valorisation à plus de 250 Millions de $

Le site web Groupon propose aux utilisateurs d’une localité des affaires limitées en nombre et dans le temps. Les coupons générés atteignent de 40 à 90% de remise. A l’échelle locale, les inscrits sont alertés. Ils utilisent leurs media sociaux pour faire savoir la bonne affaire à leurs amis. En effet, il faut atteindre le volume cible d’acheteurs pour bénéficier de l’affaire du jour. La limite de souscription est fixée à minuit. Les internautes intéressés passent leur commande via Groupon. Le site collecte les ordres, génère les coupons pour retrait des services ou produits, établit le lien entre le marchand et les consommateurs.

A ce jour, le concept est simple : un jour, un deal, une ville.

Plus de 50 villes sont activées.

Groupon est rémunéré à la commission sur le volume d’affaires généré. Son pourcentage pour apport d’affaire varie de 30 à 50%. L’objectif de chiffre d’affaires pour 2010 est à plus de 100 M$. Le site déclare être rentable depuis la mi-2009. Son financement atteint maintenant plus de 38 M$.

Écho au constat 1 : France, rien à l’horizon. Allemagne, la « Groupon Fieber ».

Un rapide tour sur les supports d’information français et quasiment pas de vagues : je vois un bref article sur Journal du Net au 02/12/2009 (ici), rien sur NetEco, un coup de cœur de l’excellent Capitaine Commerce au 12/01/2010 avec pédagogie et vidéo (ici) et une petite annonce du 11/02/2010 sur Codeur.com pour un programmeur afin de répliquer le site en France (ici). Bref, calme plat !

En Allemagne, c’est la Fièvre. Les financements sont enclenchés. 4 sociétés se sont lancées dans la course au leadership : Tagesangebote.de, Dealmob.de, et DailyDeal.de surtout CityDeal.de. Les media spécialisés se font le relais de ce phénomène. Voir Exciting Commerce (ici) ou Deutsche Startups (ici).

Constat 2 : Aux US, Chegg est un succès : plus de 137 M$ d’économies pour ses clients.

Je vous ai déjà parlé de Chegg (ici). Ce service propose la location par période universitaire des livres étudiants américains. Les élèves réalisent ainsi une économie allant jusqu’à 85% sur le coût de leurs matériels pédagogiques. Aux US, le budget livre représente jusqu’à 900 $ par an et par élève. Le site a levé plus de 112 M$ de fonds… et annonce avoir permis à ses clients une économie de plus de 137 M$. Les annonces d’extension, de renforcement humain et logistique vont bon train.

Écho au constat 2 : Pas de Chegg à la française à l’horizon

En France, on parle de 223 € par étudiant et par an pour les livres et de plus de 2.2 M d’élèves au-delà du bac. Une opportunité existe. J’ai beau scruter. Je ne vois rien venir.

Quelles sont les conditions d’une internationalisation d’un concept à potentiel ?

Alors, à quand un Groupon like en France, un Chegg like en France ? Quelles sont les modalités qui font que ses concepts seront développés pour le bénéfice de nos consommateurs ?

En prenant ces exemples et aussi les premiers cités, je me dis qu’un business passe les frontières lorsque :

  • Son concept est internationalisable. Le même besoin existe dans tous les pays cibles. Pour Groupon ou Chegg, le besoin de faire des économies est évident. Pour Groupon, la fibre sociale et locale doit jouer à plein.
  • Il n’existe pas de barrière légale locale. Pour les deux projets évoqués, je n’en vois pas.
  • Les financements nécessaires au développement sont à disposition. Notre environnement en capital risque et développement est remarquable.
  • L’information est à disposition pour benchmarker. Je ne vois pas de différence entre un entrepreneur français et allemand. Grâce au web, si tant est que nous ayons connaissance des sources d’information, la détection des concepts qui décollent est possible.
  • La culture du benchmarking est forte. Le syndrome du « not invented here » ne fige pas toute initiative.
  • Un entrepreneur se saisit du projet !

A la réflexion, je me dis que ce sont surtout ces deux derniers critères qui font ou non la propagation des bonnes idées. Notre culture locale de « créatifs et grands inventeurs » peut limiter notre propension à imiter. Le ou les entrepreneurs qui nous adapteront Groupon ou Chegg ne sont pas encore sortis du bois.

Et vous, voyez-vous d’autres critères favorables à l’internationalisation ? Avez-vous détecté une adaptation française de Chegg ou Groupon ?

A consulter également :