Magazine Côté Femmes

On the road again

Publié le 12 février 2010 par Juval @valerieCG

Badinter vient donc de sortir un livre qui fait d’ores et déjà polémique. A la lecture de ses interviews, je serai charitable en disant qu’elle invente l’eau chaude et que des dizaines de féministes ont déjà affirmé ce qu’elle annonce.

Mais bref.

Plus intéressantes sont les réactions des vierges effarouchées (et j’en passe). J’ai d’ailleurs posté chez NKM en espérant que mon post demeure ; les nouveaux féministes du gouvernement commence sérieusement à me les briser menus.

Alors oui Badinter et Publicis.
Oui Badinter et Fausse route.
Badinter, Badinter.. Certes.

N’empêche. Cela ne fait il pas un peu mal au fondement que de lire ici ou là “m’enfin y’a plus important !” ; argument typique des antiféministes qui nous sortent, très rapidement, les femmes afghanes.

C’est là que je constate, à travers ces dizaines d’articles, combien les femmes ont encore du mal à ce qu’on leur parle de maternité. A aucun instant Badinter ne culpabilise qui que ce soit. Elle montre juste que le matraquage venu entre autres des écolos - et alors sont ils parfaits ? - et relayé par les mags féminins va culpabiliser un peu plus les femmes.
Après “comment être une bonne travailleuse”, “comment être une bonne amante”, on va de nouveau voir “comment être une bonne mère”.

Prenons cet article (entre “maman nature” et “bébé”, j’ai des nausées et pas matinales ; les coms sont encore mieux). mais OU vit-elle ? se rend-elle compte combien cette phrase est révélatrice “Un papa attentif, encourageant sa femme dans beaucoup d’initiatives!“.
Non les plus modestes n’ont pas le loisir, de discuter le bout de gras avec leur employeur pour amener leur gosse au boulot. Notez que je vois bien ces millions des femme précaires trimballer à travers RER, métro et 3 heures de boulot, leur gamin.
Non une famille qui met son gosse en crèche (oui il y a de mauvais parents), ne va pas demander à la nourrice de laver les X couches.
Non une femme qui part à 5 heures pour faire des ménages, ne va pas aller préparer des petits pots brocolis-courgettes.

Ca c’est du luxe BOURGEOIS. (enfin la crèche est aussi un luxe).

Ce qu’il y a de formidable, c’est que pas un instant l’écologie est questionnée. pensez donc ; si des entreprises font du bio c’est par souci de la planète. Le connard qui a remis au gout du jour les couches lavables (au fait pensez bien à vos boules bio de lavage, sinon c’est poison caca la lessive) doit compter ses millions en pleurant de rire.

Mais j’ai mieux. Donc si on résume. Cela ne se déclenche pas chaque fois, ca dépend de l’environnement, ca dépend de la culture, MAIS c’est un instinct.

Je suis, au passage, allée voir le site de La leche league.
- expliquez moi quel rôle peut bien tenir un père dans cette histoire, ce “couple” ?
- après avoir lu ceci, quelle mère ne se sentira pas coupable de ne pas allaiter, de mettre son enfant en crèche ?
- Notez ceci “Les mères déprimées devraient être encouragées à poursuivre l’allaitement, dans la mesure où il protège en partie le bébé vis-à-vis de l’impact négatif de la dépression maternelle. Si un traitement antidépresseur s’avère utile, on choisira un produit utilisable pendant l’allaitement.”
La dépression n’est plus traitée comme une maladie grave, qui nécessite une prise en charge rapide, avec des médicaments adaptés à LA MERE, mais au bébé.
Et là c’est formidable. On préconise ni plus ni moins à une femme souffrant d’une mastite ou d’un abcès de continuer à allaiter. Mais QUI écrit ce genre d’articles ?

Badinter, je le répète ne fait qu’inventer l’eau chaude ; mais pourquoi est ce qu’une si simple question suscite une telle levée de bouclier ? Nicole-Claude Mathieu écrivait dans l’anatomie politique que, si l’on avait abondamment questionné la naturalité de la paternité, on en était encore au point mort au niveau de la maternité. Le problème n’est pas, comme expliqué ici, le problème de l’allaitement. C’est cette culpabilisation permanente portée sur les femmes qui doivent être réussir dans leur emploi, leur couple, leur relation à l’enfant. Réussir, tout le temps.

Alors oui un paquet de féministes différentialistes ont entretenu cela. Combien en ai je lu s’opposer à la garde alternée avec comme argument final que bébé est bien mieux avec maman ? Combien en ai je lu qui, au fond ne souhaitent surtout pas lâcher les soins aux enfants ? Notez que c’est au fond tout bénéf pour certains pères ; si bobonne est prêt à changer les couches et à se lever 5 fois par nuit parce qu’elle sait mieux faire il faudrait être un saint pour s’y opposer.

Lisez sur l’article “maman nature”, le nombre de commentaires qui s’empressent de sauter sur l’occasion pour reexpliquer que
- le rôle d’une femme est à la maison
- le féminisme éloigne les femmes des enfants
- les mères qui bossent créent des délinquants

Et cela serait Badinter qui, comme le dit un article linké, qui serait une ennemie du féminisme ?
Quand on constate ce qui est attaché à la maternité, les réactions irrationnelles qui y sont liées, questionner la maternité serait superflu ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Juval 59548 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine