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Faire signe (en mode numérique)

Publié le 13 février 2010 par Veroniquer

liens Certains d'entre vous connaissent sans doute le livre de Italo Calvino Cosmicomics.

Recueil de nouvelles, où le narrateur, Qfyfq, nous promène dans l'univers, le temps et l'espace, pour parler... de nous-mêmes (voir billet Identité numérique et les autres).

L'un des récits met en scène le narrateur confronté à une question écrite sur une pancarte qu'il aperçoit en scrutant les autres planètes - oui, il est en quelque sorte citoyen de l'univers - qui dit, s'adressant à lui: "Je t'ai vu".

Qfyfq n'aura alors de cesse de s'interroger sur ses actions - sur le mode "cosmicomique" où excelle Calvino - pour tenter de trouver une réponse satisfaisante à apporter à cet inconnu - ou pas (inconnu).

Dans le billet cité plus haut, j'y voyais une analogie avec les questions d'identité numérique et le mode de communication que l'on peut distinguer dans cet univers de liens, de renvois, de rebonds, de croisements, qui vont de l'un à l'autre, sans toujours savoir où, quand, comment, pourquoi.

Avec une notion de temps: celui exprimé dans les services dits en temps réel et - en parallèle exact - celui des données archivées de longue date sur le Web.

Avec une notion d'espace: celui numérique dont on ne sait pas toujours où il commence et où il fini, compte tenu de la masse des données et de la profusion des services et outils.

L'analogie, pour moi, reste toujours valable, mais, plus j'explore les usages du Web - enfin, ce que j'en comprends - plus ce "mode de communication" me semble spécifique.

Contrairement d'ailleurs à ce que je souligne habituellement, à savoir: ce qui s'y passe n'est globalement pas différent de la vie 'réelle' puisqu'il s'agit de personnes (derrière les écrans et les claviers).

Tellement spécifique que j'en suis venue à me poser un certain nombre de questions.

Pour vous les épargner, je vais directement à l'une des conclusions, qui me semble être l'une des caractéristiques fortes de cette communication numérique (réseaux sociaux etc).

Il s'y exprime celle un continuum de sens. A savoir: au sein d'une société globalisée plutôt, disons, rude, et dépeuplée (beaucoup de personnes isolées, stressées, bousculées), en mode numérique il y a une possibilité de trouver toujours du sens.

A condition d'en connaître les principaux tenants et aboutissants, d'y être formé aussi. Et, sans oublier: - oui, il est possible d'y être aussi bousculé - oui, certaines solitudes y existent.

Cette unique et particulière mixité du Web qui allie ouverture sur le monde (diversité), et réseaux sociaux (proximité) fait qu'il s'y exprime fortement du 'sens' (ie points d'intérêts, ancrages, reconnaissances, connaissances).

Le tout sur un mode qui autorise de se passer du temps - même si les décalages horaires et de réactions existent - car on peut laisser des traces destinées 'à l'autre', qu'il retrouvera, dans ces espaces.

Ceci est très différent - dans l'expression - des formes traditionnelles (lettres, coups de téléphone, cadeaux ou attentions) et emprunte de multiples canaux.

C'est peut-être même après tout une possibilité unique - comme une "chance" - de transformer cette fameuse et inhumaine globalisation en un tissage de liens entre les uns et les autres. Une re-découverte, à taille humaine, aussi paradoxal que cela puisse paraître.

Et puis, lorsque vous échangez (même simplement en appréciant ce que il ou elle publie) - quasi quotidiennement - avec une personne qui se trouve être de nationalité indienne, turque, iranienne, haïtienne.. vous introduisez un intérêt et une forme de proximité qui font que le regard fini par ne plus être le même lorsque vous lisez - par exemple - telle nouvelle sur ce qui se passe en Inde, en Turquie, en Iran ou à Haïti.

Certains l'ont d'ailleurs bien compris, qui savent utiliser ceci à des fins de propagande - dans le pire des cas - technique vieille comme le monde.

Mais, pensons au meilleur donc. Bis repetita: il ne s'agit pas de dépeindre une nouvelle Babel (!) - pas de vieille marmite version utopie post-moderne - non, mais de souligner ce que peuvent aussi représenter ces usages, qui ne sont pas que bruit et fureur, people et rumeurs, ou promotions pour la Saint Valentin (puisque nous y sommes).

A bon entendeur.

Illustration detlef menzel - copyright photXpress.com


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