Magazine Insolite
Voici ici un début de réponse à certaines questions parfois posées, à savoir le parallèle entre miracles et magie. Deux épisodes des Actes des Apôtres mettent aux prises les
missionnaires avec des pratiques magiques que Saint Luc réprouve, tout en admettant
qu'elles offrent bien des similitudes avec les miracles divins. Comment
différencier ? Réponse : grâce notamment à l'argent ! Voici ici l'exemple de Simon le Magicien, dit le Mage. Les
Actes des apôtres (VIII, 9, suiv.) rapportent que le diacre Philippe
rencontra à Samarie le devin-sorcier de ce nom; Simon, frappé des prodiges
accomplis par les disciples de Jésus, demande et reçoit le baptême. Lors de la
venue au même lieu des apôtres saint Pierre et saint Jean, il demande
l'autorisation de conférer le saint Esprit, fût-ce en l'achetant à prix
d'argent.
Il voulut acheter à Pierre son pouvoir
de faire des miracles (Actes, VIII.9-21), ce qui lui valut la condamnation de
l'apôtre : « Que ton argent périsse avec toi, parce que tu as pensé acquérir
avec de l'argent le don de Dieu ». De là le mot Simonie, c.-à-d,. trafic des choses saintes.
Cette proposition est rejetée avec indignation. Justin et Irénée de Lyon nous donnent
d'autres détails. Selon eux, Simon vient du village samaritain de Gitta et il
est appelé Zeus par les simoniens, et sa compagne Hélène est appelée
Athéna.Ils déclarent également qu'une statue
à Simon a été érigée par Claude sur une île du Tibre, là où deux ponts croisent,
avec l'inscription « Simoni Deo Sancto », « à Simon Dieu saint ». Au
XVIe siècle, une statue a effectivement été mise au jour sur
l'île décrite. En revanche, l'inscription est adressée à « Semo Sancus », une
divinité sabine. Ceci conduit les historiens à penser que Justin le Martyr a
confondu Semo Sancus et Simon.
Comme pour de nombreux
penseurs antiques, deux versions de sa mort existent, toutes deux légendaires et
destinées à en faire le prolongement de sa vie
Quelques critiques ont prétendu
révoquer en doute l'existence de Simon, qui ne serait qu'une figure déformée de
saint Paul opposée à l'apôtre de la tradition, saint Pierre; cette proposition
semble excessive, et le livre des Philosophoumena, attribué à Hippolyte,
donne d'intéressants détails sur un certain Simon de Gitton, chef d'une section
gnostique, qu'il y aurait lieu d'identifier à Simon le Mage.
Il ne semble pourtant pas
douteux que, dans une littérature postérieure ( les Homélies
Clémentines,les Reconnaissances,les Constitutions
apostoliques, les Acta Pauli et Petri), Simon n'ait été substitué à
saint Paul dans les conflits qui surgirent entre les deux apôtres, notamment
dans la dispute d'Antioche. (M. Vernes)
«
Saint Pierre, dit Stapfer, confond Simon à Antioche même [...].
Puis il suit jusqu'à Rome l'imposteur samaritain, qui s'est emparé
de l'esprit de Néron. L'apôtre engage
avec lui une lutte décisive en présence de l'empereur. Le
magicien avait annoncé qu'il s'élèverait dans les
airs; il le fit, en effet, mais saint Pierre parvient à rompre le
charme. Simon tombe lourdement et vient se briser aux pieds de Néron.
» Sources et infos pour aller plus loin : http://www.cibmaredsous.be/cib3043E.htmhttp://www.bible-service.net/site/881.htmlLe texte des Actes : iciL'avis de l'Eglise réformée de France : icihttp://www.cosmovisions.comhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Simon_le_MagicienMichel Onfray, Contre-histoire de la philosophie, vol. 2 : Le christianisme hédoniste, Grasset, Paris, 2006, 342 p., p 47-53Rémi Gounelle, Lire dans le texte les
apocryphes chrétiens, Supplément au Cahier Évangile n° 148, pages 109-110
(encadré).