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Et Si C’Etait La Guerre Qui Nous Pendait Au Nez …

Publié le 13 février 2010 par Sagephilippe @philippesage

y1pIoTu7EZgcwryu0CKQJUS-teP5ZP3cV5PR6idzx2jd11Uu94lncdeL3b0mAQW4EvK.jpgOr donc la Grèce. Faillite. Panique ! Après l’Islande, ô Reykjavik que tout le monde a déjà oublié ! Et demain, qui d’autres ? L’Espagne ? Le Portugal ? Le Luxembourg ? Non, j’déconne, pas le Luxembourg, c’est là qu’elles sont, les thunes.
Ohé du bateau, où qu’elle est l’Europe, la politique, et le monde, FMI et tutti quanti ! Pourquoi diantre, je songe ainsi à Attali ? Le Jacques-qu’a-dit :
C’est soit l’inflation, soit la guerre !”.
Pourquoi, aujourd’hui, triste, désolé, citoyen perdu, dépassé, je ne vois comme avenir, que la guerre ?
Or donc, ils défilèrent, les fonctionnaires grecs. En nombre et en colère. Quoi ? Alors comme ça, c’est eux, n’est-ce pas, qu’allaient devoir faire des sacrifices ? Eux qu’allaient devoir se serrer la ceinture ? Mais pourquoi nous, demandaient-ils ? Sommes-nous les responsables de cette bérézina, de cette déroute ? Mais bon sang, ce n’est pas à nous de payer ! Vous entendez ? Pas à nous !
Oui, je sais, on le connaît ce refrain. On les a vus, ces mêmes cortèges, ici, en France, et ailleurs. Et toujours la même question :
Pourquoi nous ? Hein ? Pourquoi ce serait à nous de payer ?”.
L’âge de la retraite, à reculer. Le dimanche, sacrifié. Travailler, travailler .. Eponger, oui ! Ecoper, souquer, marner, turbiner encore, et toujours, et pour quoi ? Pour qui ? Qui osera leur dire que leurs interrogations ne sont pas légitimes ? Qui osera leur dire qu’ils n’ont pas raison ? Jusqu’où ira le cynisme ? Combien de temps encore, eux, nous, et tous les autres, supporteront de payer, de leur sueur, de leur temps, de leur vie, pour les erreurs, les errements, les dérives, dont ils ne sont en rien, ou si peu, responsables ? Il est où, il est quand, le point de rupture ? Celui de non-retour ? Combien de licenciements, de mises au banc de la société, de vies brisées, faudra-t-il encore souffrir au nom du “vivre ensemble”, de la solidarité (nationale), au nom d’un système qui nous broie, nous enchaîne, jamais ne nous considère, jamais ne nous élève ? Est-ce du populisme, ou que sais-je encore, que de l’écrire ? Est-ce simpliste, démagogique, boboïsant ? Ou vulgaire ?
Ce le serait, si je désignais, comme ça, en pâture, quelques traders. Non ?
L’affaire est bien plus complexe, bulles récurrentes, éclatantes, bombes économiques qui balaient, soufflent, quantité de salariés, lentement, infernal jeu de dominos, comme un virus qui se répand, patiemment, et détruit, détruit, détruit .. Quant à ceux qui restent ? … Ah, eh bien ceux-là, on leur demande d’être raisonnables, compréhensifs, d’en mettre un coup, allez quoi, les coudes il faut se serrer, ensemble, et de la crise, plus forts, nous sortirons ! Vous verrez ! Vous en serez “récompensés” ! … Comment … ? … Qu’est-ce que tu dis … ? Tu as parlé de : récompense ?
Suis-je donc un chien ? … C’est ça ? … Ou un enfant, attardé, pour que tu t’adresses à moi en ces termes ?
Je ne travaille pas pour être récompensé, Monsieur, je travaille pour vivre, je fais de mon mieux, je voudrais être heureux, je suis prêt à bien des sacrifices pour cela, ah oui, mais, et quand bien même cela pourrait-il te paraître désuet, ou comme un concept dépassé, je tiens plus que tout à ma dignité !
Travailler ne me fait pas peur, je ne veux pas, simplement, travailler la tête baissée. Je ne veux pas payer des pots que je n’ai jamais cassés ! Pourquoi moi ? Pourquoi nous ? Qu’avons-nous fait ? Ou pas fait ? Avons-nous compté nos heures, y compris les supplémentaires ? Ne nous sommes-nous pas levés, chaque matin, courant à droite, à gauche, ici, ou là, écoles, crèches, et vite un train, un bus, une auto, les bouchons, que de bouchons, pour honorer notre contrat ? Que fallait-il faire de plus ? Bosser les jours fériés ? Etre plus variable d’ajustement que nous le sommes devenus ? Accepter une baisse de salaire ? Mais va donc te faire voir chez les Grecs, Monsieur, et là, oui, pour le coup, je donne dans la vulgarité !
Il est un fait, c’est pas moi qui l’invente, crise ou pas crise, c’est toujours à nous qu’on demande des efforts, du temps, des sacrifices. Mais, cette fois, ô nouveauté, l’on nous assure que ça ne nous coûtera pas un centime ! Promis ! Juré ! … Ah oui ? … Serais-tu donc magicien, Monsieur ? Ou thaumaturge ? Ou juste, un fieffé menteur ? 
L’argent, il circule, on le sait, mais il prend le périphérique. Nous, on en voit pas la couleur. Nous, on nous y fait miroiter de l’Euromillion. De la loterie. Attrape-gogos, impôts déguisés, pièges à pauvres de nous. Et rien d’autres.
La vérité, c’est qu’elle ne cesse de s’abattre, petit à petit, sur les petits, la crise. Elle creuse, toujours, et encore, les inégalités. Elle (nous) divise. Tant elle fait peur. Tant on veut pas la choper ! Préserver ce qu’il nous reste. Un travail, une famille, des amis. Recroquevillés, que nous sommes, honteux, affreusement égoïstes. Désolés de l’être.
La crise appauvrit, précarise comme on dit, et c’est là, le danger. Les délaissés, les oubliés, les abandonnés, de plus en plus nombreux, bientôt (déjà ?) majoritaires, on le sait bien (et je ne parle même pas des émeutiers de la faim, des futurs réfugiés climatiques, etc.) perdu pour perdu, finissent un jour, c’est certain, par se tourner vers qui leur promet une revanche, et peu leur importent alors sa couleur, brune, rouge, orange ou religieuse. Le malheur est fédérateur, aveugle et sourd. Mais à qui la faute ? Hein ? Qui en portera la responsabilité ?
Oui, ça pue la guerre. Civile, sociale, mondiale. Elle est de plus en plus inévitable. Cette façon, nauséabonde, de désigner des boucs-émissaires, et non les coupables de notre malheur, est un signe avant-coureur.
Cette impuissance européenne. Cette inquiétude américaine. Cette paranoïa mondiale. Ce tout-sécuritaire. Tout est là. Tout est réuni. Tout est prêt. Et la Chine triomphante. En surface.
Le monde s’écroule, je veux dire : le capitaliste sauvage, le libéral effréné, l’immoralisable, car il est bien tard, trop tard, de vouloir, ou de faire mine de vouloir, le moraliser. Les dégâts sont innombrables. Pas réparables. Pourtant, c’est vers nous qu’on se tourne, une fois de plus, et allez ! Courage ! Mettez-y un coup ! Un coup de plus ! Récompense ! Récompense ! Nib, oui ! C’est foutu ! La maison brûle ! Islande, Grèce, Espagne, Portugal. Et l’Afrique ! Et tant d’autres ! Haïti ! Ils sont trop nombreux ! Trop ! Ça déborde. La misère. Le fossé. C’est pas à nous de payer. Non ! Vous vous trompez ! Une fois encore. Une fois de trop. Ça me fait mal, de l’écrire, de le dire. J’en ai froid dans le dos. Mais je ne vois pas d’autre issue que celle-ci, non, je ne vois pas comment elle pourrait être évitée, et qui voudrait ou pourrait l’éviter.
Non, je ne vois rien d’autre que la guerre. Oui, elle nous pend au nez. Comme jamais.


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