Comme de très nombreux visiteurs, j’avais découvert avec plaisir la collection Berardo, lors de l’escale d’une sélection d’oeuvres au Palais de Luxembourg en 2009 . Dès lors, un séjour lisboète devenait inconcevable sans la découverte de ces chefs d’oeuvre d’art moderne et contemporain dans leur ensemble. Sur le papier et sur le net l’affaire paraissait aisée, car le Centre Culturel de Belem était son réceptacle attitré. En avant donc…
Le Centre Culturel de Belem , construit près du monument des Découvertes et du Monastère dos Jeronimus à l’occasion de la Présidence européeenne du Portugal en 1992, a l’aspect charmant d’une pyramide fortifiée et abrite une intense activité culturelle ( bibliothèque, concerts, spectacles et expos).
Après quelques recherches dans ses dédales pavées, nous voilà sur le seuil plein de promesses de la fondation Berardo . Ouverte tous les jours, entrée gratuite. L’espace est immense, plusieurs étages, plusieurs expositions temporaires simultanées. Mais où se trouve donc la collection permanente? Partout et nulle part: on réaménage les espaces
en permanence pour mettre en lumière différentes facettes de cette collection éclectique.La découverte étant un jeu de hasard, je commence l’exploration. Un étage consacré à une exposition sur le message court, de la préfiguration du texto dans l’art et le design expérimental “QUICK, QUICK, SLOW Texto, Imagem e Tempo”. Des publications dada, des imprimés, quelques videos, une heure d’errance dans un espace neutre.
Dans le sous-sol on découvre la grande exposition rétrospective consacrée à Amalia Rodrigues, “la reine du fado”, le chant populaire portugais. Métaphore d’une identité culturelle, souvenir d’une femme remarquable et indépendante, une exposition qui, semble-t-il, rencontre un succès important avec ses 100 000 visiteurs.
Elle réjouit certainement le fan méticuleux qui conserve de
s coupures de presse depuis 50 ans. Le visiteur néophyte ( ce qui était mon cas) risque d’être vite saturé par l’inventaire exhaustif des “unes” qu’elle a eues dans les revues féminines, de ses photos de chaque époque, de ses tenues vestimentaires, de ses objets disposés en rangs serrés sur 2000 m2. Ceci tend à rendre moins lisible son parcours vers la notoriété internationale et minore le contexte politique. Même les extraits video de ses concerts sont parfois juxtaposés à un-deux mètres à peine, ce qui engloutit sa belle voix dans un mélange sonore. Forfait avant la fin.Juste à côté se situe, enfin, un petit bout de la collection Berardo, présentée sous un angle féminin. She is a femme fatale est composée d’un ensemble d’oeuvres exécutées uniquement par des femmes, depuis le début du XXème siècle jusqu’à nos jours, une pure “gender exhibition” avec ses limites inhérentes. On y trouve des pièces d’une vingtaine d’artistes, comme Paula Rego, Cindy Sherman (seules ses photos me marquent), Louise Bourgeois ou Helena Almeida, essentiellement des photos, des installations et des videos.
Fin de parcours après “Silences”, une autre exposition de jeunes artistes…
Les chefs d’oeuvre auront été les grands absents de cette visite…
Morale de cette histoire: avant de vous rendre au Centre Culturel de Belem, prenez le soin de vérifier sur le site de la Fondation Berardo quelles sont les expositions en cours.
Mais je ne pouvais pas me résigner si facilement: je voulais trouver la trace des trésors qui m’échappaient et j’ai poursuivi ma quête…
(suite à venir)
Fundação Centro Cultural de BelémPraça do Império, 1449-003 Lisbon | ouvert tous les jours Bus: 28-714-727-729-751
Tram jaune: E15
Train: Cais do Sodré-Cascais, Belém station