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So glad to meet’cha, AngelesÀ Château-Rouge, des ombres se...

Publié le 14 février 2010 par Fabrice @poirpom
So glad to meet’cha, AngelesÀ Château-Rouge, des ombres se...

So glad to meet’cha, Angeles
À Château-Rouge, des ombres se détachent des portes cochères. Des sirènes aux dents déchaussées poussent leur chansonnette.
Sub-Sub-SU-BU-TEX!
Produit de substitution vendu à l’arrache en guise de flash ultime. Comme un DVD porno présenté comme un plan cul quatre étoiles, menottes et gants Mappa inclus. Il y a bien un zonard qui va se laisser tenter.
La boulangerie du quartier. Le royaume des fringales. Palace ouvert toutes les nuits même le dimanche. Pain, viennoiseries, pizzas et quiches à toute heure. Ali-baba du cholestérol.
A Barbès, camés surexcités et civils mal déguisés s’ignorent poliment. Sur les boulevards, des couples frissonnants, des bandes de potes égarées et des Vélib’ déséquilibrés. La Chapelle est morte. Stalingrad ronronne. Puis le serpent Secrétan-Bolivar se déroule jusqu’à la ligne d’arrivée. Franchie en dodelinant, un sourire béat sur les lèvres. Elliott Smith qui chuchote dans les oreilles.
Drinking Rhum and Co-caaa-cola
Six jeunes femmes toutes plus ravissantes les unes que les autres. A toi de voir… On a commencé à picoler à 15 heures…
18 heures. K-Pu annonce la couleur.
Weed. Douche. Tenue de soirée. Métro bondé. SMS.
Tu peux ramener du coca?
Monop’ du coin. File d’attente de samedi soir: fêtards en puissance et retardataires de l’obligation hebdomadaire.
Et la porte s’ouvre. Pulpeuse K-Pu et ses ressorts capillaires. Anne, la coloc’, et son élégante finesse. Susie et ses grands yeux dévoreurs d’âme. Maya, Paula et Juliana, trois colombiennes qui ont mangé un clown au p’tit déj’.
Soirée bilingue et colorée.
Moitié rhum, moitié coca. Une larme de sucre de canne. Chaque gorgée est un tour de vis dans l’oesophage. Et tout le monde en redemande.
Sujets abordés: casting télé, poulet tropical, arroz con coco, envie soudaine de dessert et audace de la playlist. Entre autres…
Bonheur surréaliste.
Quelques tours de vis plus tard, préparation de gourdes pour tenir la route jusqu’à la prochaine étape.
Yo Lee Roy
Quatre stations en un éclat de rire. Une gourde bilingue rhum-coca se fait casser la gueule sur le trajet. À la sortie du métro, les six ravissantes se laissent nonchalamment glisser jusqu’au Centre musical Fleury. Où une septième attend patiemment, dévorant un complet sauce blanche grand comme un obélisque.
Première partie douce et agréable qui réchauffe lentement les visages, puis vient l’entracte. Pause clope accélérée, giflés par le froid. La deuxième gourde se fait vriller tranquillement jusqu’à l’arrivée de Sporto Kantès.
La petite bande forme un cercle. Au centre, un autel de vestes roulées en boules, de sacs à main planqués et de carburant en gobelets d’un demi litre. Périmètre de sécurité.
Les ravissantes s’enflamment, le public se réchauffe. De l’étudiant en 3ème année de Trucs Inutiles au quinquagénaire déglingué par la nuit, la gente masculine se trémousse vigoureusement derrière la demie douzaine de donzelles rieuses et explosives. Plus une: la septième, à niveau en dix minutes et deux pintes.
Les galettes s’enchaînent. Les donzelles virevoltent, le public vole.
Progressivement, les troupes se dispersent. Anne et Plus Une se faufilent et s’éclipsent, K-Pu veut grimper sur scène, les colombiennes font un pas de côté pour reprendre leur souffle.
Tout le monde dehors en trois pas de danse. Les mangeuses de clowns s’éclipsent. Et K-Pu mène la marche. Par le chemin des écoliers. Droite. Gauche. Ou droite, peut-être bien.
Attends, j’ai un doute.
Détour par l’épicerie de Salah. Qui sort le vin rouge et les gobelets blancs. Évocation de souvenirs, plaisanteries avec la clientèle de passage. Sourires de toutes les couleurs.
Un dernier virage à gauche. Une ligne de basse frémit.

Et la porte s’ouvre sur une cours de chimie. Des électrons s’entrechoquent, s’entremêlent et s’emballent. Anne et Plus Une sont là, agrippées à la table des boissons. Elektrik K-Pu dézingue le dancefloor.
Les murs tremblent, les voisins se plaignent, la vie est belle. Discussions de dix secondes, décousues et éclectiques.
Un assoupi sur les marches qui mènent à l’étage. Un autre sur le lit-vestiaire. Un autre encore, sur un canapé. Signes avant-coureurs. Rester et sombrer. Ou partir et respirer…
La porte aspire des convives, en expire d’autres. Un souffle plus tard, le froid câline. Cents mètres vers la gauche. Non. Demi-tour. Plutôt à droite. Chemin des écoliers. Un autre.
Un sourire béat sur les lèvres. Elliott Smith qui chuchote dans les oreilles.


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