La gestion du dossier Citta Verde à Farciennes me semble emblématique de deux conceptions fondamentalement différentes de pratiquer la politique (de gérer la cité au sens étymologique).
D’un côté l’ensemble du PS Carolo villipende la décision de Philippe Henry (Ecolo) pour sa décision concernant l’annulation du permis pour le gros projet immobilier à finalité commerciale ‘Citta Verde’ à Farciennes. Le promoteur (privé) du projet a des mots moins durs que Magnette (PS – Carolo) qui a qualifié Henry d’amateur. Le collègue (!) d’Henry Paul Furlan (PS – Carolo) au gouvernement régional a enjoint les bourgmestres, promoteurs, citoyens à inonder le cabinet Henry de recours.
Je peux comprendre que le promoteur soit énervé. Je peux comprendre que les responsables communaux des environs de Farciennes soient en colère. On vient de leur retirer leur jouet qui pourrait rapporter gros à la commune. J’ai beaucoup plus de mal à comprendre les propos de Magnette et Furlan que j’ai connu plus inspirés.
J’ai mon opinion sur le projet. Sans être docteur en économie, croire qu’on peut créer ex nihilo 1500 emplois dans la distribution me parait hautement illusoire. Allez demander aux commerçants du centre ville à Mons ou à Charleroi (!) ce qu’ils pensent des Grands-prés ou de Ville 2. Le pouvoir d’achat global de la population n’est pas extensible et ce n’est pas créer de nouveaux commerces qui va créer de nouveaux acheteurs. Donc, en gros, on va simplement déplacer l’emploi et les consommateurs à Farciennes. Ce qui, je le répète, est une manne inespérée pour les finances de Farciennes. Le hic, c’est que la déclaration de politique générale (DPR) qui est l’équivalent de l’accord de gouvernement pour la coalition régionale stipule clairement qu’il faut évaluer l’intérêt de tout nouveau projet commercial en terme d’aménagement du territoire. Désertifier les villes où se trouvent les noeuds de communications pour envoyer les emplois et les clients à perpette les bains de pieds (Désolé pour Farcienne mais ce n’est pas précisément une métropole) n’a aucun sens en terme de développement, d’environnement et de sécurité (une ville sans passant devient vite un coupe-gorges).
Cela dit, mon opinion ne compte pas. Henry a été désigné responsable pour l’aménagement du territoire Wallon. Il a rempli son job en suivant à la lettre la DPR dans le cadre de ses compétences (ce que ne fait pas Furlan)
Deux manières de faire de la politique: le clientélisme et le sous-régionalisme du PS contre l’application des règles et la vision à long terme d’Ecolo.
Un dernier mot. Je n’ai plus regardé la télévision depuis jeudi mais le reportage de jeudi sur la RTBF quand le ’scandale’ a éclaté m’a laissé perplexe. On y voyait Rudy Demotte (PS) qui entrevoyait la possibilité de ‘réétudier’ le dossier (de désavouer la décision de son ministre compétent), on y entendait le promoteur éructer que le ministre Ecolo était contre la création de 1500 emplois, et on devinait Henry (un grand communicateur) minauder timidement que c’était comme ça. Na.
Cela fait longtemps que je m’insurge contre la dérive de la ligne éditoriale de la RTBF mais ces derniers temps, le tempo semble s’accélérer. On a vu pendant 25 minutes des reportages sans intérêt (et toi mon petit, tu aime bien la neige?) sur la neige qui bloquait la circulation. On a vu des louanges pour Justine Hénin qui a repris le boulot. On a vu des torrents d’émotion à Haïti et à Liège (en quoi la tristesse et le recueillement des familles sont de l’information. La RTBF confond émotion et information). Et, en ce qui concerne Citta Verde, on a vu des déclarations incendiaires sans aucune (!) mise en perspectives des propos tenus par chacun des intervenants.