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C’est quoi ces sigles accompagnant « Front de gauche » ?

Publié le 01 février 2010 par Blanchemanche
Sur l'atomisation à la gauche du PS, y a du ménage à faire et revenir aux fondamentaux.
Un excellent article des communistes ardéchois pour se repérer.
http://pcf.sudardeche.over-blog.fr/article-c-est-quoi-ces-sigles-accompagnant-front-de-gauche--43997482.html
Parfois, nous recevons, par mail, des appels à manifester signés d’une quarantaine d’organisations de « gauche », dont nous ne connaissons pas la plupart et qu’on ne voit pas ensuite sur les lieux. Souvent, plus il y a de sigles, moins il y a de monde…
Actuellement dans le « Front de gauche » pour les élections régionales, beaucoup de camarades se demandent ce que sont ces formations, ces groupes à qui on laisse un espace pour mettre leur logo et des places, souvent éligibles sur les listes.
On peut se demander si cela vaut vraiment la peine de détailler tout ça.
Les lettres valsent si vite, même si la mode est au « E » de « écologie » et que le « U » de unitaire est revendiqué par une multitude de groupes comme le « A » de « alter » ou le « G » de gauche ».
On dirait que beaucoup ont intégré le principe de décision des CUAL. Vous vous souvenez : les « Collectifs unitaires antilibéraux » de 2006. Il y régnait la règle dite du « double consensus » : un candidat devait avoir été adoubé par les simples adhérents d’une part mais aussi, d’autre part, à l’unanimité, par les organisations qu’elles comptent 50 ou 130.000 membres.
Pour être plus influents et plus « unitaires », le mieux est de commencer par s’éclater en maintes organisations.
Un tel système attire aussi des groupes et groupuscules jusqu’alors isolés mais qui peuvent trouver l’opportunité d’une visibilité voire de bonnes places.
Car visiblement, pour les initiateurs du Front de gauche, un peu de volontarisme n’est pas de trop pour montrer qu’il est rassembleur et unitaire.
Parfois, pour se repérer, il est plus aisé de suivre la trajectoire d’une personne à travers ses changements d’étiquettes.
La tête de liste du Front de gauche à Paris, Éric Coquerel, après avoir, selon lui, flirté avec la LCR, s’est retrouvé jusqu’en 2002 au MRC de Chevènement puis au MARS, puis au MARS-GR, puis maintenant au PG. (Si on commence à expliciter aussi tous les acronymes obsolètes, on n’a pas fini !)
Donc, dans le Front de gauche, et encore ce n’est pas partout pareil, on peut signaler entre autres :
Le PG, « Parti de gauche » de Mélenchon (ex-PS, mitterrandien, ex-OCI,), créé fin 2008 à partir principalement du courant PRS du PS, rejoint par quelques autres dont des ex-Verts (ex : Martine Billard, ex-Verte, députée depuis 2002, présentée par le PS, ex-maoïste).
La GU, « gauche unitaire » unit quelques dizaines d’anciens de la LCR. Dans la plupart des régions, on ne trouve même pas de candidats pour ce « troisième partenaire » du Front. Il sert ouvertement de produit d’appel pour racoler les membres et électeurs du NPA. Son dirigeant, Christian Piquet (ex-LCR, fraction « droitière », ex OCR,…) a dû être embauché par un député PCF au Parlement européen après son départ et son licenciement de la LCR. Il est tête de liste du Front en Midi-Pyrénées.
Outre ces deux partenaires nationaux (sauf dans les régions où les candidats PCF sont sur les listes d’union de la gauche dès le 1er tour), on trouve, selon les cas (cités sans ordre d’importance):
Les « alternatifs », « Rouge et Vert », sont le vestige recomposé de l’union des années 80, dans l’AREV, des restes du PSU avec les comités Juquin, ceux-ci alors précurseurs des slogans pour le dépassement et de l’élimination du PCF. En 2007, ils se rangent derrière Bové qui a rejoint, comme on sait, Cohn-Bendit.
Le PCOF, « Parti communiste des ouvriers de France », issu d’une scission en 1979 du PCMLF, maoïste, dont il a toujours partagé l’anticommunisme. Le PCOF représente le résidu de la tendance albanaise « Enver Hodja » du maoïsme groupusculaire, reconverti maintenant dans la recherche de positions institutionnelles.
Le MPEP se présente comme un « Mouvement politique d’éducation populaire ». Il est issu d’une scission d’ATTAC menée par Jacques Nikonoff, après les accusations de fraudes dans le vote interne portées contre lui. A la tête d’ATTAC précédemment, Nikonoff avait déjà essayé d’en faire un tremplin électoral aux européennes de 2004 malgré le refus de l’immense majorité des adhérents. Auparavant, Nikonoff s’était fait connaître dans le PCF en tentant dans les années 80 de faire perdre au Parti le canton de La Courneuve. Dans les années 90, il est réintégré par Robert Hue qui le propulse aussi sec à la direction nationale pour être un élément actif de sa « Mutation » du PCF. Après l’effondrement de ses espoirs en 2002, il retourne ses ambitions vers ATTAC.
« République et socialisme » est groupuscule issu de la dernière scission en date (2009) du MRC de Chevènement animé par des ex PS et CFDT.
La FASE, « fédération pour une alternative sociale et écologique », est une sorte de club où se rencontrent divers groupuscules (une dizaine qu’on vous passe) en redéfinition permanente, des personnalités en attente d’opportunité électorale (Clémentine Autain, ex-adjointe de Delanoë jusqu’en 2008), des courants de partis dont principalement les « refondateurs » du PCF. Depuis 15 ans, ceux-ci (ex : Braouezec) prônent le dépassement de la « forme parti » et la disparition du PCF mais ils y conservent leurs places (même si Gatignon et Perreux ont fait le pas de rejoindre la liste d’Europe-écologie pour ces régionales). La FASE, c’est une sorte de CUAL dans le CUAL, relèvent certains spécialistes.
Au moins en Ile-de-France, on trouve aussi « Alternative citoyenne », avec notamment Claire Villiers, élue conseillère régionale en 2004 grâce à la préfiguration du Front de gauche, la « Gauche populaire et citoyenne ». Ancienne syndicaliste CFDT (puis rattachée à la FSU), elle s’est fait remarquer, si l’on peut dire, par sa solidarité sans faille, comme vice-présidente du Conseil régional, aux choix socio-libéraux du président PS Jean-Paul Huchon.
On pourrait citer encore pas mal d’autres groupes locaux ou à prétention nationale, par exemple les Alterekolos (avec un K !) ou les groupes d’« objecteurs de croissance » ou « décroissants » dont on peut railler le message en disant qu’ils expliquent aux travailleurs comment se passer, au nom de la préservation de la planète, de ce dont le profit capitaliste les prive…
A l’exception du PG, qui annonçait 2000 adhérents à sa création, maintenant 5000, pour la plupart issus du PS, dont un certains nombre d’élus, la plupart de ces groupes se gardent bien de dénombrer leurs troupes.
L’antilibéralisme, les préoccupations sociétales, de plus en plus l’écologie, parfois ornés d’affirmations anticapitalistes constituent en gros le fond commun de cette « gauche de transformation ». Le fonctionnement en clubs, en appels, en groupes, (en CUAL !) est hérité en droite ligne de leurs origines gauchistes et sociales-démocrates.
Leur objectif commun, c’est de vouloir recomposer la « gauche », créer un pôle à gauche du PS (en fait une deuxième social-démocratie) et gagner des places institutionnelles dans ce processus, recherché de longue date par « l’autre gauche » et que l’affaiblissement et la ligne de la direction du PCF rend enfin imaginable.
Car ce qui fédère aussi la plupart des composantes de cette mouvance de « l’autre gauche », au-delà des changements de noms, c’est leur rejet permanent de tout ce que peuvent représenter le PCF, son organisation, son histoire, accessoirement de la CGT.
Quel est l’intérêt pour le PCF de servir de marche pied à ces organisations ? Communistes, nous y voyions un moyen de la poursuite de la stratégie de dilution et de disparition du PCF (voir notre analyse du Front de gauche).
Alain Bocquet, le dirigeant du PCF, a eu cette formule heureuse en 2009 : « un rassemblement de petits, cela donne un petit rassemblement ».
On pourrait dire aussi que le Front de gauche, c’est l’auberge espagnole en référence à l’expérience de la « Gauche unie » en Espagne qui s’est traduite par un échec cinglant et un coulage du PCE.
Avec un article comme celui-ci, nous entendons déjà les uns et les autres des membres de ces petits groupes dénoncer le sectarisme. Pourtant, même affaibli, le PCF représente au moins 90% du Front de gauche.
Et il ne s’agit pas de repousser les apports des uns et des autres.
Pour nous, le préalable à toute alliance est l’affirmation du PCF et des positions communistes. C’est la condition du rassemblement qui nous motive : celui qui permet de riposter à la politique au service du capital.
Parce qu’ils ont cet objectif, comme cela se manifeste localement dans les entreprises, les quartiers, les villes, les communistes et leur organisation sont toujours les moins sectaires.

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