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Inside DeepThroat : retour sur un film cul-culte

Publié le 14 décembre 2009 par Claramoi

Sorti en 1972, le film porno Deep Throat (Gorge profonde) allait devenir un phénomène de société. Alors que la censure trouvait la pilule dure à avaler, les adeptes de la libération sexuelle lui vouaient un véritable culte. Trente ans plus tard, un documentaire inspiré souligne l’abîme entre les modestes intentions des créateurs du film et l’héritage qu’ils ont involontairement laissé.
Lassé des blockbusters estivaux et des films spécialement formatés pour les enfants en vacances ? Peu amateur des films indépendants ouzbeks en VO, vous ne savez pas comment vous distraire ?! Ne donnez pas trop vite votre langue au chat, voilà une sortie ciné qui devrait plus particulièrement contenter les parents et les amateurs de docu…
Petite ambition et gros mythe
"Inside Deep Throat" revient sur le film événement Deep Throat (Gorge profonde) sorti aux Etats-Unis en 1972. Début des seventies, cette oeuvre pornographique déchaînait les passions dans une Amérique déchirée entre l’amour libre du Flower Power et la pruderie droitière d’un Nixon (qu’une autre "gorge profonde" allait faire tomber lors de l'affaire du Watergate). Réalisée pour la modique somme de 25 000 dollars (dont quelques 250 accordés à chaque acteur), cette gaudriole allait se révéler un juteux investissement avec 600 millions de dollars de recette.
Le scénario tient en quelques lignes : Frustrée sexuellement, Linda prend rendez-vous avec un médecin sous les conseils d’une amie. Ce fringant professionnel découvre qu’un clitoris se cache au fond de sa gorge. La thérapie toute indiquée conduit la jeune femme à pratiquer des fellations particulières, des "gorges profondes"… Outre les exploits buccaux de l’héroïne Linda Lovelace, ce premier film pornographique à succès se révèle être une comédie où l’on rit à gorge déployée. Côté galipettes, les scènes X sont jouées par des acteurs très 70’s : pas de blondes siliconées ou d’acteurs bodybuildés à l’accent italien mais plutôt des étalons moustachus et des infirmières rondelettes… Mais à l'époque, le porno abordait des sujets encore tabous: l’orgasme féminin, le sado-masochisme, le triolisme, la prostitution… Véritable symbole subversif, le petit film allait devenir un phénomène culturel et révéler les contradictions d’une société américaine emprunte de puritanisme et de libération sexuelle. C’est sur cette histoire que se propose de revenir "Inside Deep Throat".
Une tempête sociale et politique
Comment ce petit film a dépassé l’objectif de leurs créateurs pour vivre sa propre vie ? Des poursuites judiciaires à l’avenir surprenant des acteurs, des tentatives de censure aux réactions féministes… ce film sur le film nous offre via cette petite fenêtre un angle sur les bouleversements de la société américaine des années 1970, comme "Boogie Nights" ou "Larry Flint" l’avaient fait en leur temps. On est surpris de voir les stars de l’époque faire la queue pour assister à la prochaine séance, les rumeurs qui entourent encore le film trente ans après, le silence de certains protagonistes qui ont avalé leur langue, l’exploitant pour qui la disparition des recettes est restée en travers de la gorge, le virage de Harry Reems surnommé le "Steeve Mac Queen" du porno qui après avoir croisé le fer avec les autorités américaines pour une simple scène de fellation est devenu aujourd’hui un "reborn-christian"…
Les amateurs de galipettes sur grand écran en seront pour leur frais, ce docu reste très sage et décortique l’impact du film sur la culture populaire.
Avec une bande-son oscillant entre groove et disco, on se dit que les réalisateurs Fenton Bailey et Randy Barbato tiennent finalement le bon bout et que leur film ne manque pas de souffle. Seuls les mauvaises langues lui reprocheront de ne pas épiloguer sur les liens entre le réalisateur Gerard Damiano et la mafia ou le devenir de l’actrice sex-symbol qui gardera une dent contre cette période de sa vie au point de mener quelques années plus tard une croisade anti-porno. Alors même si l’on ne vous conseille pas d’y assister en famille, on peut décemment vous inciter à aller voir ce petit film qui vous donnera une autre idée de ce que pouvait être le porno avant que l’émergence de vidéo ne précipite la quasi-omniprésence de scénarios indigents et indigestes. Ces images vous replongeront dans une époque riche en révolutions. Mais plus qu’un film nostalgique, ce documentaire aborde surtout le thème intemporel du combat entre la censure et la liberté d’expression.


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