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Féminisme, écologie et instinct

Publié le 17 février 2010 par Bix

Troisième billet sur le sujet en moins d'une semaine (Billets précédents : Elisabeth Badinter oublie la moitié de l'humanité et Féministe, bien sûr (réponses à Badinter)). Pardon pour les quelques machos de mon lectorat ou les néo-mâlistes égarés, mais en des milliers de bouquins on n'a pas épuisé le sujet, ce n'est pas mon modeste blog qui fermera le débat.

Depuis mon billet de réponse à Badinter, la question à laquelle je veux répondre est la suivante : "l'écologie est-elle un anti-féminisme ?"

Pour tenter d'y répondre, je vous propose la lecture de 2 articles.

L'un est une interview d'une anthropologue et primatologue, Sarah Blaffer Hrdy, qui répond à Badinter notamment sur la notion d'instinct maternel. Elle ne nie cependant pas, loin de là, l'apport du social dans les choix que font les femmes et revient en détails sur la force des préjugés machistes qui ont déteint sur le sthéories de l'évolution darwinienne[1].

Ceci dit, je suis convaincue que les humains ont évolué en en élevant les enfants en coopération. Les pères comme les mères ont une très grande capacité d'éducation. Parce que les hommes n'accouchent pas et n'allaitent pas, leurs réactions hormonales sont programmées de manière très différente. Mais il ne faut pas se méprendre : si un homme vit intimement avec une femme durant les derniers stades de sa grossesse et s'il est en étroit contact avec son enfant après sa naissance, il subira également une transformation physiologique. Il est probable que son taux de prolactine s'élève (pas autant que la mère qui allaite, mais leurs taux respectifs s'élèvent quand même) et son taux de testostérone s'infléchit. C'est extraordinaire. On peut supposer qu'il existe un grand potentiel inexploité chez les hommes dans ce domaine.

Le deuxième article est une lettre ouverte à Elisabeth Badinter, écrite par 7 femmes, écolos et souvent mères : journaliste à Libé, scénariste de Home, entrepreneure... entre autres activités.

Elles refusent le choix entre nature et défense des droits et revendiquent leur nécessaire imbrication. La lettre met en avant des femmes actives dans la société, preuve que les militants écolos ne se cantonnent pas au triptyque "enfants - ménage - cuisine". Attention toutefois : l'activité professionnelle et militante (même super écolo) visible ne doit pas masquer une éventuelle double journée de travail, invisible, elle.

Oui, les femmes portent toujours le lourd fardeau de devoir concilier leur désir d’être actives, socialement épanouies et maternantes. Mais renvoyons la responsabilité de ce fardeau à ce qui a créé cette distorsion : un système historiquement décidé par et pour les hommes.

Comment changer la donne si les femmes restent toujours les parias des structures de décision ? Le vrai défi d’aujourd’hui n’est pas de savoir comment faire entrer les femmes dans un système inchangé et destructeur pour la cellule familiale comme pour la planète, mais de changer le système pour que les femmes y pénètrent, faisant valoir leur point de vue, leur sensibilité et de faire émerger les valeurs écologistes et post-féministes d’aujourd’hui. C’est la condition indispensable à la métamorphose de nos sociétés vers un monde égalitaire et durable.

Quant à faire passer la nature avant les droits... Voilà ce qu'elles en disent (pour les couches)[2] :

Considérer la couche lavable comme rétrograde, c’est regarder le doigt du sage qui montre la lune. Car il s’agit aussi de lutter contre une imbrication de systèmes qui, s’ils nous ont libérées du lavoir et de la nurserie, nous aliènent maintenant tant par leurs coûts environnementaux, financiers, humains que par les pollutions qu’ils entraînent.

Que ce soit dans le domaine de la maternité ou partout ailleurs, nous crevons, en France comme partout sur Terre, nous crevons sous les déchets de la surconsommation. Nous suffoquons à cause de l'air pollué et les rivières vomissent nos rejets industriels. Il est normal que nous cherchions à limiter voire supprimer ces pollutions. Pour en rester au chimique, on sait que ça coûte cher, financièrement et humainement (cancers, allergies, maladies respiratoires...). Cela rend d'autant plus insupportable le couplet sur "la purée de brocolis bio" contre le petit pot vanté par Badinter.

Isabelle Delannoy (la fameuse scénariste de Home dont je parle plus haut) avait écrit un billet sur ce qu'est être écolo, essentiellement axé sur le rôle des parents. Ou comment, sans en faire des tonnes, on peut tout simplement privilégier le partage, l'échange et l'amour à la consonmmation :

C'est ne pas offrir tout et n'importe quoi mais attendre Noël pour les cadeaux de l'année, c'est aussi tout simplement finir son assiette. C'est ne pas partir en week-end mais choisir un bel endroit pour vivre à l'année : sans voiture, les économies réalisées sont immenses ! C'est cultiver le désir chez les enfants plutôt que de leur donner tout tout de suite. C'est remplacer le "j'achète" par "qu'est-ce qu'on peut faire ensemble ?"

Mais non, je ne parle pas à mes enfants dès deux, quatre ou six ans, de l'importance d'acheter équitable ! Mais non, je n'ai pas empêché ma fille d'avoir une barbie en lui disant que des petits enfants ont peut-être travaillé pour la fabriquer (la pauvre, un peu tôt pour porter la misère du monde non ?).

Notes

[1] et sort de l'oubli une Française, traductrice de Darwin, Clémence Royer. Quand on dit que l'Histoire oublie les femmes...

[2] Et si Elisabeth ou n'importe quelle maman a des doutes sur les couches, Green Republic explique comment faire !


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