Magazine Journal intime

Tous au cinéma - 5

Par Diekatze

Le plus familial de tous les cinémas que j’ai visités (rien que pour vous...) jusqu’à maintenant restera tout de même celui de Takaka, petit cinoche de 50-60 places comme je vous le narrai un peu plus haut.

La première fois que j’y ai mis les pieds, c’était un samedi soir improvisé. J’étais depuis peu parachutée en Golden Bay, et je dinais chez Victoria, lorsque Georgina (celle de la soirée poésie…) lui téléphona. Georgina a passé des années en France et parle encore un excellent français, aussi me proposa-t-elle de la rejoindre, elle et sa descendance dont il semble qu’elle ne se sépare jamais, pour regarder ensemble un film français « Coco avant Chanel ». Aussitôt dit, aussitôt fait, me voici en train d’engloutir mon diner végétarien et d’expédier très impoliment une Victoria extrêmement compréhensive. L’idée de voir un film, français qui plus est, mêlée à celle de rencontrer de nouvelles personnes (je ne savais pas encore ce qu’elles me réservaient…) me porta littéralement jusqu’à l’entrée du « Village Theatre ».

42 Près de chez moi
Pourtant, malgré ma célérité et mon enthousiasme, j’arrivai en retard. J’entrai donc dans une salle sombre et ne remarquai rien de particulier, à part un grand espace entre les fauteuils du premier rang et l’écran, étrangement occupé par un amas suspect que je ne parvins pas à identifier : gravats ? Alien endormi ? Baleine échouée ?

Début du film, ô consternation, certains mots des dialogues m’échappent ! Après peut-être six semaines à baigner dans la langue anglaise, mon oreille réclamait quelques minutes de réadaptation pour entendre mieux les mots français ravalés, mâchonnés de fin de phrase ! Damned ! J’étais en train de perdre ma langue maternelle. Je rigolai. De toute façon, pas de problème, au cas où, j’avais toujours les sous-titres en anglais !

Au bout d’une heure environ, quasiment en plein milieu d’une scène, le film s’arrête, les lumières se rallument. Intérieurement je peste : Grrrrrmmmmbbblllll de campagne à la grrrrmmmmbbblllll. Une panne ! Mais très vite, je remarque qu’autour de moi, personne n’a l’air surpris. Ce n’est pas une panne, c’est un entracte ! Ben oui, ça existe encore, ces petites bêtes-là. Peut-être au cas où les clients, qui ont pourtant déjà dévoré 500 grammes de friandises chacun en début de séance auraient encore faim, ou bien pour permettre à d’éventuels incontinents de soulager leur impérieuse vessie incapable de tenir deux heures d’affilée ? Allez savoir. Toujours est-il que la salle se lève, et sort en effet qui vers le comptoir à sucreries, qui vers les toilettes. Et pendant ce temps, pour les réfractaires comme moi qui se sentent outrés du saccage d’une œuvre et refusent, par principe, de se lever, on fait passer sur l’écran des photos du village, de ses habitants, de ses magasins aussi, et du pays tout entier. Joli, mais moi je veux Audrey et Benoît ! (Boude, boude, boude…).

Au moins, cet intermède me permet d’enfin identifier la chose informe qui trône par terre devant l’écran : il s’agit de coussins géants, disposés en gros tas, sur lesquels les enfants adorent se vautrer, comme je le constaterai plus tard, en allant voir un de ces « films familiaux » de vacances d’été. Et toujours pour occuper le contrariant temps mort qui me sépare de Coco Chanel, je continue mon exploration visuelle des lieux et découvre que les fauteuils du premier rang sont en réalité de vieux canapés, de ceux qu’on trouve dans les habitations, des canapés familiaux. Et tout naturellement, les gens s’y installent en famille, les uns sur les autres, comme à la maison. Quand je vous disais que les néo-zélandais ont le chic pour créer une atmosphère bon enfant !


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