Le cerveau de A à Z (I)

Une équipe du National Mental Health Institute, dirigée par Jay Giedd a mis en évidence une spécialisation du cerveau lors de son développement ; avec un pic de matière grise à 11 ans pour les filles et 13 pour les garçons, puis une diminution de celle-ci, à l’inverse de la matière blanche qui elle augmente. Ceci prouve que le cerveau se spécialise (élagage des connexions) et devient plus efficace (myélinisation accrue des axones).

De 0 à 10 ans, les 100 milliards de neurones du cerveau projettent leurs ramifications (axones) et forment des synapses (zones de communication) avec d’autres neurones. Cette prolifération de connexions est possible grâce aux interactions de l’enfant avec son environnement social et surtout affectif. Ainsi, il y a aurait une relation directe entre le nombre de synapses crées et les soins maternels prodigués à l’enfant. Par la suite, les divers apprentissages (marche, dextérité, langage ou lecture) permettent la spécialisation des neurones et donc l’élagage des synapses. Le développement cognitif du cerveau quand à lui s’effectue via l’écoute musicale, la lecture, mais surtout les échanges avec d’autres enfants. Des chercheurs ont observé un développement du langage finalement 17% plus lent chez des enfants qui regardaient des DVDs d’apprentissage sensés augmenter leurs performances, tel « Baby Einstein ». Ceci pousse donc à privilégier les interactions réelles et non virtuelles avec l'environnement.

De 10 à 18 ans, les meilleures choses à apporter à un adolescent sont « des interactions riches avec un environnement sensoriel et socioculturel structuré et largement ouvert à l’altérité » selon Jean-Pierre Bourgeois, chercheur au CNRS, car la période de l’adolescence est une période de grande plasticité neuronale, avec un élagage synaptique intense. Le cerveau se débarrasse des neurones et des connexions qui ne sont plus nécessaires au développement des circuits. Parallèlement à cet élagage synaptique, la myélinisation, commencée durant l'enfance, se renforce et s'achève : les axones, fibres émettrices des neurones, vont s'entourer d'une gaine de myéline (riche en glycoprotéines). L'influx nerveux circulera non plus en continu le long de l'axone mais en sautant entre les gaines. Résultat : la vitesse de transmission de l'influx nerveux passe de 0,5 mètres par seconde à 120 m/s. Le cerveau adolescent sélectionne les neurones et connexions les plus utiles tout en transformant ses câbles de transmission en fibres à haut débit : il se spécialise.

Pour aller plus loin :

Synaptogenese, plasticité neuronale ici, là et là.