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Un plan simple. Rentrer du boulot, pianoter sur l’ordi,...

Publié le 20 février 2010 par Fabrice @poirpom
Un plan simple. Rentrer du boulot, pianoter sur l’ordi,...

Un plan simple.
Rentrer du boulot, pianoter sur l’ordi, survoler deux trois news, grignoter, bouquiner. Et ronfler.
Muchacho!
Intervention électronique de Mateo. Wax Tailor. Enregistrement à Radio France. Gratos. Info glanée par K-Pu deux jours plus tôt. Décollage dans dix minutes.
Saut de puce jusqu’à chez lui. Puis traversée de Paris sur un filet de gaz. La rue d’Avron se déroule jusqu’à celle de Montreuil. Qui s’accouple au faubourg Saint-Antoine pour porter le monde entier à Bastille. Rapide tour de manège pour récupérer la rue Saint-Antoine et s’enfiler l’une des lignes droites les plus cool de Paris. Rivoli. Zig-zag et coups de gaz pour pimenter la ballade.
Épreuve tout terrain de Concorde. Le moindre pavé s’est fait matraquer, année après année, par le climat et le trafic. En bécane, c’est le tassement de vertèbres assuré. Ricochets saccadés jusqu’aux quais qui ornent la Seine. Tranquille glissade jusqu’à une révélation de taille: il y a quelque chose après la Tour Eiffel.
Tu savais ça, toi?
Ce bout du monde en carte postale n’est qu’une étape. Un truc au milieu d’autres trucs. Il y a, après, des choses incroyables. Routes, ponts, immeubles, trottoirs, feux rouges et priorités à droite. Une société humaine civilisée. L’ouest parisien.
Et Radio France apparaît enfin. Et la file d’attente refroidit. Et K-Pu atterrit. Et elle est refroidie aussi. Et elle se renseigne. Et c’est plein. Et même pas rêve.
Et merde.

Concertation.
On bouge.
Ravitaillement puis montée de régime jusqu’à St-Michel. Touristes et étudiantes gloussent en dodelinant. Les rabatteurs polyglottes sourient comme des escrocs à l’entrée des restaurants. Et La Guillotine est à sa place. Rue Galande.
Petit pub avec une repro, à l’échelle 1/2, de ladite chose qui soutient le plafond.
Tu sais qu’en fait, ce truc a été mis en place bien après la Révolution? J’me d’mande si c’était efficace à 100%.
K-Pu ouvre le bal avec la Culture G. C’est le docteur Antoine Louis qui, en 1792, conseille l’utilisation d’une lame oblique pour en garantir l’efficacité. Les lames horizontales, utilisées auparavant, comptaient quelques ratés. Louis XVI himself a approuvé les lames obliques.
La-Lee et aLX-Ya, greffées à l’équipée depuis l’entrée dans La Guillotine, partent vite en vrille. La-Lee, pulpeuse comme une agrume. aLX-Ya, regards perçants et rires francs.
Les 3 divas, K-Pu inclus, délirent dans tous les sens. Mateo ne contient plus ses fous-rires et ses blagues foireuses.
Bière, cacahuètes et potes. Le meilleur dîner du monde.
Le litre reste le meilleur degré de mesure pour les liquides. Simple à additionner. Et à partager. Rapide à commander au tenancier.
Par contre j’ai pas de pichet.
Des chopes d’un litre.
En porter une revient à se luxer une épaule. En porter deux, c’est s’avouer vaincu.
Tu sais que pendant la fête de la bière, les nanas en portent jusqu’à six par main?
La-Lee y va de son petit laïus France Culture, elle aussi.
La conversation se détraque gentiment. Mais gentiment. À mesure que les litres s’additionnent.
On va à l’Olympic après. Vous venez, les gars?
Minauderies et demie-teintes. En se levant, K-Pu kidnappe casque et sac à dos. Prise d’otage impulsive. L’un sur la tête, l’autre attaché à sa cheville. Traîné, humilié.
Photo souvenir décalée pour touristes. Lèche-vitrines. Boutique de souvenirs et accessoires.
9.90? C’est trop cher...
Le boulet humilié à sa cheville, K-Pu prend un chapeau sur un étalage. Un pas chassé plus tard, il est sur sa tête.
Les chemins se séparent. Antivol, démarrage, casque, serpillière sac à dos, gants.
J’suis passager. Je vais où la moto va. J’peux rien dire.
Mateo se défile.
Traversée de La Cité en un tour de poignée puis enfilade d’une autre ligne droite, plutôt sympathique, de la Capitale.
Sébastopol.
La fréquence des sinusoïdes augmente. Electrocardiogramme sur le bitume pour trouver sa place dans le flot des boîtes à roue.
Bifurcation sur Magenta à l’église Saint-Laurent. Barbès, très vite. Puis Château Rouge et c’est le dédale du 18ème. Le paradis des sens uniques.
Feux de détresse. Sens interdits par paquets de douze avant de tomber sur l’Olympic Café.
Devant l’entrée, sur le macadam, trône un tas de ferraille. Peugeot. Deux roues, un moteur. Sélecteur de vitesses au pied gauche. Pédale de frein à droite. Double selle à suspensions indépendantes. Une adolescente pendant la Seconde Guerre, un vestige aujourd’hui. Dépecé. Délabré.
Le genre d’objet qui, pour une raison étrange, donne envie de pleurer.
PACE
Le drapeau multicolore donne le ton au dessus du bar.
Larmes retenues, comptoir investi.
Susie, la dévoreuse d’âmes par les yeux, est la Reine ce soir. L’Italie l’accueille le lendemain.
K-Pu et La-Lee entrent en fanfare. K-Pu a un cadeau. Un chapeau. Susie éclate de rire, accepte et ne pose pas de questions.
Barman sollicité, mise à l’aise progressive. Le sol des toilettes est une patinoire, les verrous un souvenir.
Le barman revient les mains pleines.
Bière, rondelles de banane et potes. Le meilleur dessert du monde.
La discussion s’étale avec Mateo sur les futurs possibles. En fond sonore, des rires.
Clope sur le pas de la porte. Rapides coups d’oeil au vestige.
Accolades et adieux.
Retour au bercail. Tranquille et doux.
Dernière cigarette. La rumeur s’essouffle lentement.
Réveil douloureux, douche salvatrice. Sacs à dos serpillière sur le dos. Boulot.
Un plan simple.


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