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Avec une chance de médaille

Publié le 21 février 2010 par Pierre

vancouver A défaut de s’être fait accréditer par le Comptoir des Politiciens, c’est depuis son canapé parisien et par le prisme de la télévision d’Etat que votre honoré rédacteur vous délivre sa chronique olympique. Emotions chauvines et accusations de francophobie sont au menu. Guère digeste.

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Le snowboard cross est un vrai régal pour qui aime le sport. Cette discipline présente le double avantage d’être très télégénique et de se dérouler selon des règles simples et non soumises à un jugement. Paul-Henri De le Rue y avait décroché la médaille de bronze à Turin et trois autres compétiteurs français sont au départ avec une sérieuse « chance de médaille ». France Télé est au taquet sur l’affaire et impose à son auditoire un duplex depuis la salle des fêtes du village pyrénéen dont est originaire le champion national. Nathalie Simon, ancienne gloire d’on ne sait trop quoi, genre d’organisme vivant ressemblant de loin à un représentant femelle de l’espèce humaine à qui on aurait foutu dans le nez trois cuillères à soupe de cocaïne et dans chaque bras une infiltration condensée d’amphétamines, oui, Nathalie Simon se meut parmi la foule avec la grâce d’un camion. Son micro rencontre la bouche d’une fille à l’œil banal dont les propos banals sont légitimés par les relations intimes qu’elle prétend entretenir avec le rider local. Partager la couche d’une « chance de médaille » n’est quand même pas donné à tout le monde et ce fait de gloire offre à la demoiselle le rôle de vecteur d’émotions.

Paul-Henri s’élance enfin en compagnie de trois autres concurrents. « Allez ! Il est bien là Polo ! », nous affirment les commentaires ; mais hélas beaucoup moins après le troisième virage et une gamelle éliminatoire. Une fenêtre sur l’écran impose au téléspectateur les larmes de mademoiselle Lambda en gros plan et tandis que la course se poursuit, la chaîne choisit de faire l’actu sur cet instant aux accents tragiques selon Jacques Pradel au détriment de la compétition. Le snowboard cross est un vrai régal pour qui aime le sport mais il est préférable pour l’apprécier qu’aucun français ne soit au départ.

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Direction désormais les pistes boisées de l’épreuve masculine du 20 km du biathlon. Les entraîneurs nationaux ont choisi de faire partir nos « chances de médailles » parmi les derniers concurrents afin de leur faire bénéficier d’une neige rendue plus glissante par l’ombre gagnant peu à peu le site de compétition. Le pari se transforme en fiasco. Tandis que les favoris se sont entredéchirés la bave aux lèvres et en ont fini avec des temps canons, les concurrents français se débattent dans l’anonymat avec les seconds couteaux. Le commentateur n’abdique pas. Il nous accable de chimères concernant nos « chances préservées de médaille », puis s’emporte soudain. Constatant que le réalisateur canadien omet de passer à l’écran nos valeureux représentants, il affirme que son employeur serait en droit d’intenter une action en justice contre le diffuseur. Il s’agirait d’une action pour francophobie manifeste et ils feraient moins les malins les bouffeurs de poutine devant ce juge intègre qui les condamnerait derechef à l’écartèlement pour négligence d’exposition d’athlètes classés 14ème, 15ème et 60ème

Enfin ! On en aura d’autres des « chances de médaille ». Car au fond pour cela, il suffit de posséder un passeport français et de prendre le départ d’une épreuve olympique. Sauf sans doute Nathalie Simon, laquelle serait sans doute épinglée lors du contrôle anti-dopage.

Matthieu


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