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Retraite dorée

Publié le 15 novembre 2007 par Jacques Chirac

Mes Chers Compatriotes,

Vous savez qu'aujourd'hui c'est la rentrée : il y a Conseil Constitutionnel à partir de 10 heures au Palais-Royal. Mon cartable est prêt et mes crayons sont taillés. A ce sujet, je vous communique un e-mail que j'ai reçu d'un autre membre du C.C., et qui vous prouvera que la retraite Présidentielle n'est pas une sinécure.

Mon Cher Jacques,

Je me réjouis de vous revoir à la réunion du Conseil Constitutionnel. Ne vous étonnez pas si j'ai l'air un peu fatigué, parce que - vous, je ne sais pas, mais - en ce qui me concerne, je trouve la retraite Présidentielle épuisante, surtout avec Anne-Aymone sur le dos toute la journée. Entendons-nous bien elle ne passe pas ses journées sur le dos à attendre que je vienne lui pratiquer la brouette auvergnate (c'est à base de tripoux), mais c'est de mon dos qu'il s'agit. Je vous donne un exemple de mes journées bien remplies :

L'autre jour, je décide de laver ma voiture (je suis resté proche du peuple), la vieille R6 qui avait servi à faire des photos people en 1974 (où je faisais de la mécanique avec des gants en suédine) et que j'ai gardée comme porte-bonheur (me demande si çà a été bien efficace, en fait). Je précise que je n'ai pas pu conserver la 2CV avec laquelle je m'étais farci un camion de poubelles beurré (pas le camion) au petit matin, le choc ayant été fatal à la pauvre automobile.

Alors que je portais mes pas en direction du garage, je remarque qu'il y a du courrier sur la console Louis XV (mon ancêtre par la cuisse) de l'entrée. Je décide de regarder le courrier avant de laver la voiture. Je pose mes clés de voiture sur la console, mets dans la corbeille à papiers, en dessous, tout le courrier publicitaire et remarque que la corbeille est pleine. Alors, je décide de reposer les factures et de vider d'abord la corbeille.

Mais alors - me dis-je - puisque je vais être à côté de la boite aux lettres quand je vais aller sortir la poubelle, autant préparer d'abord le règlement des factures. Je prends donc mon carnet de chèques sur la table et vois qu'il ne me reste plus qu'un seul chèque. Mes chéquiers de réserve se trouvant remisés dans mon bureau, j'y vais, et trouve sur le bureau le verre de Saint-Pourçain rosé que je m'étais servi après le petit déjeuner. Je vais chercher mon chéquier, mais, avant tout, il faut que je place ce verre dans un endroit où je ne risque pas de le renverser. Je remarque qu'il commence à tiédir, et je décide donc de le mettre au frigo. Alors que je me dirige vers la cuisine avec le verre, le vase dans l'entrée me saute aux yeux : les fleurs ont besoin d'eau.

Je pose le Saint-Pourçain sur la table fleurie et j'ai la joie d'y retrouver mes lunettes de lecture que je cherchais depuis le matin. Je ferais mieux de les remettre dans mon bureau, mais avant, je vais donner de l'eau aux fleurs. Je repose mes lunettes sur le comptoir, remplis un pichet d'eau et, soudain, j'aperçois la télécommande que quelqu'un l'a laissée sur la table de la cuisine. Je me dis que, ce soir, quand on va vouloir regarder la Chaîne Parlementaire à télé, je vais la chercher partout et je ne me souviendrai plus qu'elle est dans la cuisine. Je décide donc de la remettre dans le salon où est sa place, mais avant je vais donner de l'eau aux fleurs.

Je donne de l'eau aux fleurs, mais j'en renverse la plus grande partie sur le sol. Alors, je remets la télécommande sur la table, vais chercher un chiffon et je nettoie les dégâts.

Ensuite, je reviens dans l'entrée en essayant de me souvenir de ce que je voulais faire.

A la fin de la journée la voiture n'est pas lavée, les factures ne sont pas payées, il y a du Saint-Pourçain tiède sur la table de la cuisine, les fleurs sont fanées, je n'ai pas mon nouveau chéquier, je ne retrouve ni mes lunettes, ni la télécommande, et je n'arrive pas à me souvenir de ce que j'ai fait des clés de la voiture.

Alors, quand je me rends compte que rien n'a été fait aujourd'hui, je n'y comprends rien parce que je n'ai pas arrêté de la journée et que je suis complètement épuisé !

Je vous mets donc en garde, Mon Cher Jacques, contre les vicissitudes d'une retraite que d'aucuns croient dorée. Heureusement que je n'ai pas été obligé de cotiser 7 ans de plus !

Bien des choses à Madame et à Groumph, votre cher plantigrade,

Valéry

P.S. : Si vous avez déjà reçu ce mail, veuillez m'en excuser, j'avais fait une liste des destinataires, mais je n'arrive pas à remettre la main dessus.

Ha, vous voyez ! quand je vous le disais…

Bien à vous,

Jacques


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