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La production et l'importation haïtiennes menacées d'asph...

Publié le 22 février 2010 par 509
La production et l'importation haïtiennes menacées d'asphyxie par l'aide humanitaire
La production et l'importation haïtiennes menacées d'asph...
Représentant environ 25% du PIB, l'agriculture est le secteur le moins affecté par le séisme du 12 janvier 2010. En effet, les infrastructures agricoles rurales, les systèmes d'irrigation, la production n'ont subi le moindre dommage. Le milieu rural est surtout touché par le fait qu'une bonne partie de la population de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince désertant la capitale est allée se réfugier en province, selon le constat de la Coordination nationale pour la sécurité alimentaire (CNSA) annonçant que les méfaits de cette migration seront ressentis plus tard.
Les informations publiées par la CNSA concernant les prix des produits de première nécessité font état d'une hausse des prix dans les villes de province alors que dans les régions touchées par la catastrophe, ils s'affichent à la baisse.
Ce phénomène s'explique par l'affluence et la distribution désordonnée de l'aide humanitaire dans les zones dévastées sans tenir compte de la production locale qui a augmenté en 2009 et qui se maintient encore en 2010. En témoignent les produits de toutes sortes qui continuent à alimenter les marchés périphériques de l'aire métropolitaine en dépit du séisme, observe Gary Mathieu de la CNSA qui croit que l'arrivée massive de l'assistance peut constituer un frein à la production de légumes à Kenscoff, à la production de riz aux Gonaïves, et à celle de maïs provenant dans le sud du pays.
La situation, telle qu'elle se présente, est de nature à décourager les producteurs et importateurs locaux. Les coûts de production et d'importation ne permettent pas à ces derniers de suivre le rythme imposé par les agences humanitaires qui, à travers leur mode de distribution de l'aide, constituent une réelle menace à la production locale.
Pour pallier le problème, le responsable de la CNSA propose un scénario de livraison de l'aide selon lequel les autorités haïtiennes devraient s'entendre avec les agences humanitaires sur un quota de riz que le pays peut recevoir pendant une période déterminée.
D'après ledit scénario, la quantité de céréales que le pays peut recevoir en termes d'aide est de l'ordre de 17 mille tonnes pour les quatre premiers mois de la catastrophe, de janvier à avril-mai. Et à partir de fin mai/début juin qui coïncide avec les récoltes de printemps, ce quota devra donc diminuer pour atteindre l'équivalent de neuf mille tonnes de céréales.
« Haïti en premier »
Cette analyse du responsable de la CNSA rejoint la philosophie de la Peace Divident Trust, une ONG canadienne impliquée dans le développement « Haïti en premier ». Au moment même où Haïti va recevoir des milliards de dollars à travers l'aide humanitaire, cette ONG suggère de multiplier l'impact de l'aide internationale à travers sa politique: « Haïti en premier ».
Aux dires de la directrice exécutive de cette ONG, Marlène Ottis, « Haïti en premier » est un concept qui entend sensibiliser les bailleurs et agences humanitaires sur la nécessité de faire d'Haïti le premier choix d'achat de produits disponibles dans le pays.
Ce concept provient d`une étude réalisée en 2005-2006 par les Nations Unies estimant que moins de 10% (5 à 6%) du budget de développement destiné au pays en développement est consommé par le pays en question.
Face à cette situation déplorable, des organisations internationales, notamment Peace Divident Trust, se sont penchées sur la question en vue d'y apporter une solution et de faciliter l'acheteur local. Pour ce faire, elles ont recouru à une formule qui veut que : « Lorsqu'on achète localement on construit le pays ».
Relancer la consommation, monétiser l'aide
Relancer la consommation est l'un des plus importants défis auquel doivent faire face les dirigeants haïtiens pour protéger la production, explique Garry Mathieu intervenant dans la presse locale. Selon lui, l'État doit profiter de l'augmentation significative des transferts de la diaspora vers Haïti durant ces dernières semaines pour inciter les gens à l'achat et par ainsi encourager les producteurs et importateurs à produire et importer.
Dans ce même ordre d'idées, M. Mathieu préconise la monétisation d'une partie de l'aide afin d'avoir de la liquidité. Cette liquidité sera redistribuée à la population sous forme de rémunération à travers des travaux à haute intensité de main-d'oeuvre (cash for work). Et à partir de ces travaux à haute intensité de main-d'oeuvre, la production et les importations seront relancées.
D'un autre côté, le responsable de la CNSA a fait remarquer que si les besoins de la population de l'Ouest et du Sud-Est se résument principalement à l'assistance humanitaire, une tournée dans certaines commune du pays lui a permis d'identifier le principal besoin des populations rurales qui consiste en la fourniture d'engrais pour leur permettre de réussir les récoltes de printemps.
Pourvoir les communautés agricoles en engrais est un moyen efficace de réduire de façon considérable le temps de l'assistance humanitaire, indique Gary Mathieu qui pense que, une fois ce besoin satisfait, dans 12 mois, la production agricole locale aura repris son rythme d'avant le tremblement de terre.
Cyprien L. Gary

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