Magazine

Chine : la bulle immobilière se précise

Publié le 24 février 2010 par Objectifliberte

Il y a peu, un débat faisait rage dans les pages "éco" de la blogosphère anglophone pour déterminer si, oui ou non, il y avait en formation une bulle immobilière en Chine. Les tenants du "non" arguaient des formidables besoins d'urbanisation d'un pays d'un milliard d'habitants en plein épisode d'exode rural, justifiant pleinement la frénésie de construction qui s'est emparée de la Chine depuis 5 ans.

Mais un potentiel ne crée pas une demande solvable, et les "bullistes" estiment que les taux de vacance immobilière observés sont constitutifs d'une bulle. 

Je vous ai déjà parlé d'Ordos, la ville fantôme construite au milieu de nulle part aux trois quart vides, à la fin de l'année dernière. Mais partout dans le pays, les constructions qui demeurent vides se multiplient.
Ainsi, selon Bloomberg, 22% de l'immobilier commercial à Pékin (sur un total de 9,2 millions de m2) est vide, et pourtant, 1,2 millions de m2 supplémentaires sont en cours d'achèvement, portant le total de l'offre à 10,4 millions de m2... Les banques chinoises auraient de ce fait (le conditionnel est de rigueur avec les statistiques chinoises) une exposition au risque de 1,4 mille milliards de dollars, et les loyers qui ne rentrent pas dans les comptes des investisseurs pourraient multiplier par trois le taux de défaillance constaté sur les prêts hypothécaires. Et il n'y a pas que Pékin qui soit touchée.
La Chronique Agora, via seeking alpha, nous livre ce graphe montrant l'évolution de l'encours du crédit en Chine:

Croissance-credit-chine
 

Selon l'article, citant une recherche récente portant sur 60 crises financières depuis 1860, une telle explosion soudaine des en-cours de crédit est l'indicateur le plus sûr de l'explosion soudaine d'une bulle.

Bien sûr, ces crédits n'ont pas alimenté que la spéculation immobilière. Bloomberg encore, comme je le faisais récemment, estime que les surcapacités industrielles chinoises atteindront des proportions gigantesques sous peu: aciéries, manufactures... Or, rien n'indique que les débouchés traditionnels de l'économie Chinoise (USA, Europe) ne retrouveront de sitôt le rythme de consommation qui était le leur dans le passé. Les économies émergentes et le possible futur marché commun sud est asiatique prendront un peu de temps pour pouvoir effectivement jouer un rôle de moteur de croissance de substitution de taille comparable. 

Les chiffres du PIB chinois impressionnent, mais quelle est dans cette croissance la part des investissements immobiliers et industriels financés à crédit sans réels débouchés immédiats ? Je n'ai pu trouver de chiffre exploitable, mais tout porte à croire qu'une correction baissière doit être envisagée, et que le phénomène de surestimation du PIB que l'on a observé aux USA dans les années 2000 est également à craindre en Chine.

Du fait de cette difficulté à recueillir des chiffres agrégés corrects, il est impossible de prédire les effets mesurables de l'éclatement de cette bulle sur l'économie chinoise dans son ensemble: simple piqûre de moustique sur la peau du tigre, ou tremblement de terre ? Sans doute entre les deux. L'épargne chinoise, les réserves accumulées, et les savoirs faire industriels de pointe en cours d'acquisition ne laissent pas craindre un scénario du pire, mais les turbulences affecteront très durement les investisseurs qui se seront montrés peu sélectifs dans leurs choix.
---------------

Mes précédentes notes sur la Chine:


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Objectifliberte 2968 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte