2. S’enrichir auprès de Dieu : le N.T.
L’argent occupe une place importante dans le N.T. Jésus en parle souvent. La nouveauté qu’il inaugure, c’est la perspective de l’au-delà résumé dans l’expression : « s’enrichir auprès de Dieu » par rapport « l’accumulation pour soi » .
A. Pas de vie sans argent, même dans celle du Christ.
* L’argent est présent tout au long de la vie de Jésus :
- dés sa naissance, les mages apportent de l’or (Mt 2,11)
- au terme de sa vie, Marie -Madeleine répand sur ses pieds un parfum de grand prix (Jn 12,7)
- pour payer l’impôt du temple, il envoie Pierre pécher le poisson au didrachme
- Judas touche le prix de sa trahison : trente pièces d’argent (Lc 12,5-6)
- Jésus a de nombreux amis riches qu’il fréquente : Joseph d’Arimathie, Nicodème, Simon le pharisien, Zachée, …
* Pour illustrer son enseignement, Jésus se sert de quantité de paraboles où l’argent joue un rôle important :
1. Le bon Samaritain qui se fait le prochain de la victime des brigands :
« Il tira deux deniers et les donna à l’hôtelier, en disant : « Prends soin de lui, et ce que tu auras dépensé en plus, je te le rembourserai, moi, à mon retour » (Lc 10,30-35). Voilà qu(il lui signe un chèque en blanc !
2. la pièce perdue et retrouvée par la femme pour exprimer la joie de Dieu qui voit ses fils se convertir et revenir à lui (Lc 15,10)
3. la parabole des talents ou Jésus exhorte ses auditeurs à se préparer à la venue du Royaume. Jésus va même jusqu’à reprocher à un des personnages de ne pas avoir fait fructifier l’argent qui lui avait été confiée (Mt 25,24-29)
* Deux autres scènes viennent compléter le rôle de l’argent dans la vie du Christ :
1. L’obole de la veuve : la générosité ne se mesure pas à la quantité d’argent qu’on donne : elle a donné de son nécessaire.
2. La controverse à propos de l’impôt : Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mc 12,13-17). Ainsi chacun doit participer à la vie politique et économique avant même de servir Dieu.
Conclusion : Si Jésus ne dénonce pas l’usage quotidien de l’argent, il dénonce néanmoins l’attachement excessif et la folie de ne plus vivre que pour accumuler des richesses.
B. Les pièges de l’argent
Dans L’Evangile de Luc aux chap. 12-16, Jésus va dénoncer 2 pièges de l’argent trompeur.
1. Mettre sa sécurité dans ses biens
Dans la parabole du riche insensé5 (Lc 12,16-21) Jésus ne dénonce pas le fait qu’il se soit enrichi. Il ne dit pas non plus que sa richesse est injustement acquise. Il a simplement bénéficié d’une récolte record et il se croit dorénavant à l’abri. Il pourra se reposer, faire la fête mais il a oublié une réalité essentielle : la mort. Voilà le drame : s’il avait pris en compte la possibilité de mourir, il aurait sûrement agi autrement. Aveuglé par ses richesses, il a oublié la destinée mortelle de l’homme : « Voilà ce qui arrive à qui amasse un trésor pour lui-même au lieu de s’enrichir auprès de Dieu » conclut le Christ (Lc 12,21).
Conclusion : Premier piège : se croire en sécurité, oublier la destinée mortelle de l’homme.
2. L’aveuglement quant aux pauvres et sa propre richesse
La parabole du riche et du pauvre Lazare (Lc 16,19-31) est significatif à cet égard. Après sa mort, voyant sa situation et celle de Lazare, le riche voudrait avertir ses frères. Mais Abraham est formel : « s’ils n’écoutent pas Moïse, ni les prophètes, même si quelqu’un ressuscite des morts, ils ne seront pas convaincus ».
Cette réponse radicale montre le double danger que Jésus veut éviter à ses auditeurs :
- Celui qui est « possédé » par ses richesses finit un jour ou l’autre par ne plus voir les pauvres. Car le péché du riche n’est pas d’avoir refusé l’aumône mais d’avoir oublié jusqu’à son existence à sa propre porte. De plus, souvent les riches deviennent incapables de reconnaître leurs richesses. « Oui, mais Bill Gates est plus riche que moi, je ne suis pas si riche que cela ».
- Incapacité d’entendre une autre parole que celle de l’argent. Parce que l’argent est devenue l’unique mesure de la réalité, le riche devient incapable de se remettre en question :
Le jeune homme riche produit ce que peut produire un attachement excessif à l’argent : on préfère la tristesse de ses richesses que la recherche du vrai Bonheur.
Conclusion : Deuxième piège : - ne plus voir les pauvres + incapacité à se reconnaître riche
- incapacité à entendre la Parole de Dieu.
Dans un tel contexte, on comprend la plainte de Jésus : « Qu’il est difficile à ceux qui ont des richesses de parvenir dans le Royaume de Dieu ! » (Lc 18,24-25). Lorsque l’argent prend dans le coeur d’une personne une place démesurée, il devient une idole qui conduit à n’envisager la vie que sous l’angle des biens matériels or ses biens matériels ne sauvent pas ! (Lc 12,15). n méprisant les pauvres, le riche oublie qu’il est intendant. Que faire ?
5 Cela fait penser à notre ami Gaspard : 400 vaches, travaillant jour et nuit … pour mourir d’un accident stupide en tombant à 2h du matin sur la pelle de son tracteur.