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Etat chronique de poésie 824

Publié le 25 février 2010 par Xavierlaine081

824

Tourne, vire… « E tan que vire a faï de tour »…

Tourne, vire… Tourne, vire…

C’est quoi faire de la littérature ?

Et ce truc d’écrire chaque jour, sans que rien ne s’épuise, jamais…C’est quoi ?

C’est qui, le neurone qui s’emmêle de nous pousser vers la page ?

Avec qui il fricotte dans l’amas gris et blanc qui occupe la partie supérieure de notre anatomie ?

Car on sent bien qu’il ne reste pas tout seul dans son coin, comme un idiot que nous sommes parfois, à se demander ce qu’il pourrait bien nous inviter à écrire !

On le sent bien que, si nos regards croisent une indéniable beauté dans la rue, notre cœur s’envenime parce que nos pieds se mêlent de ce qui ne les regarde pas, et nous invitent à la suivre, ne serait-ce qu’un moment, et qu’elle l’a bien senti la belle, tout en simulant l’indifférence ; alors elle disparaît comme par enchantement, et elle vous laisse là, pantois (encore une chance, vous n’étiez pas déjà un bouquet à la main, z’auriez eu l’air encore plus…). On le sent donc bien que demain, aïe, ça va alimenter le fleuve, cette affaire là : on lui donnera un nom, à la belle ; on la suivra peut-être jusque dans son lit ; peut-être même qu’il y aura un fabuleux baiser qui changera la face du monde. Parce que, c’est bien connu, un baiser, une étoile amoureuse qui se penche sur deux êtres qui ne se connaissaient pas encore il y a une heure, ça change le profil de la terre. A son tour elle tourne plus vite ou plus lentement selon les goûts…

Voilà la puissance de la littérature, celle qui se tricote entre deux neurones qui la veille ne savaient pas quoi faire ensemble…

Les doigts ne savaient pas qu’ils allaient penser à la belle entrevue, ni à son pas chaloupé, ni à son minois adorable, ni à ses formes alanguies. Les doigts ne savaient rien de ce que les neurones visuels, affectifs, moteurs étaient en train de concocter dans le secret de cette boite fermée, là-haut. Elle est si lourde à porter parfois…

Pas étonnant donc, que cette imprévisibilité dans un monde qui soigne sa sécurité soient tant mal venue, et si mal traitée.

On ne sait pas d’avance de quoi ce sera fait, la littérature. Mais la société, faite par des gens qui la connaissent surtout dans des ouvrages écrits par des auteurs morts, en viennent à se méfier de ceux-là qui s’adonnent à ses manigances…

Car, dans les milieux qui parlent de la littérature, on aime les auteurs connus, les valeurs sûres, celles avec qui on n’aura pas la surprise de les voir filer le train de la première journaliste venue pour lui sauter dessus, entre deux pages blanches, dans un petit matin gelé.

On aime savoir où on va, vers quoi on se dirige. On aime embobiner le peuple dans des rêves qui n’ont rien à voir avec le réel. Il faut les éloigner du sordide pour que jamais ils n’aient l’envie de s’y replonger.

Alors, cette prose qui se nourrit du quotidien, qui sublime formes alanguies dans la clarté d’une aube diaphane, qui ne rêve pas un réel, mais en explore les multiples facettes, dans l’infinie complexité qui le caractérise, on s’en méfie, ma brave dame…

On n’sait jamais ce qu’ils ont sous le chapeau ces artistes. Ils vous regardent avec des yeux lubriques, ou amusés, ou distraits…

Et derrière, comment dire ce que le méli-mélo chaotique de leurs synapses en furie va concocter, sans laisser échapper la moindre fumée annonciatrice d’un quelconque désastre…

A force de tout vouloir comprendre, on se perd. L’art jaillit de ce mouvement permanent qui nous anime et qu’on nomme la vie…

Elle est perdue si, parfois, elle ne se couche pas, entre deux pages, dans les bras d’une belle naïade, même imaginaire…

Manosque, 25 janvier 2010

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