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Fraternité de Tibériade, L’argent dans la vie d’un chrétien (5)

Publié le 25 février 2010 par Walterman

C. Choisir le bon investissement

Jésus, conseiller en placement ? Oui, comme le suggère le v. : « voilà ce qui arrive à celui qui amasse un trésor pour lui-même au lieu de s’enrichir auprès de Dieu » (Lc 12,21) qui est la conclusion de la parabole du riche insensé, que Jésus prolonge avec les conseils sur l’abandon à la Providence (Lc 12,22-23.30-34). Ainsi le Christ rappelle à ses auditeurs qu’ils ont des biens plus grands que la nourriture et le vêtement : c’est en Dieu que se trouve la vraie richesse.

Le secret du véritable enrichissement passe par un travail d’abandon et de dépossession. D’où cet avertissement de Jésus : «Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent » (Lc 16,13).

- soit on met sa foi en Dieu

- soit on met sa foi en ses richesses.

A celui qui s’imaginerait concilier les deux, Jésus explique qu’ils s’excluent. pourquoi ? Car ils traduisent deux manières opposés de conduire sa vie.

- soit on met sa foi en ses richesses et on se sert de l’argent pour échapper à la condition humaine et tricher avec ses limites. L’argent donne l’illusion de la toute-puissance. On devient alors ce qu’on possède : on s’identifie à sa fortune, à son train de vie. Dans un tel contexte, plus de place pour la gratuité. C’est souvent l’inverse, on court derrière le profit.

Est-on heureux ? Non, on a peur de manquer d’argent ou de moins en gagner. Alors on est condamné à se protéger, à cacher ce qu’on a : en Suisse ou dans son coffre-fort. De manière générale, on refuse de voir la vérité et on ne reconnaît pas les nouvelles frustrations qu’à fait naître l’argent.

- soit on pose un acte de foi en Dieu, vivant l’abandon. Ceci suppose la reconnaissance de la fragilité humaine. Le croyant accepte la dépendance d’amour envers Dieu, ce qui lui permet de se libérer de toutes les fausses sécurités.

Parce qu’il apprend à se recevoir du Dieu d’amour, le croyant découvre qu’à l’inverse de celui qui croit ne rien devoir à personne, lui, il n’aura jamais fini d’aimer.

« Là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur » (Mt 6, 21)

St Antoine de Padoue, un compagnon de St François, assistait un jour à un enterrement d’un riche. Au moment où le cercueil sort de l’église pour être enterré, il s’écrie : « Attendez, attendez, il n’y a pas tout ! Il n’y a pas son coeur dans le cercueil. Allez voir dans son coffre-fort, vous le trouverez là-bas ». Toute la ville se pressa dans la maison du riche et en effet, on trouva le coeur du riche au milieu d’un tas de pièces d’or ».

Conclusion : Dieu et l’argent sont-il incompatibles ?

Non, compris dans ce contexte de foi, les biens matériels deviennent des instruments qui ont leur source en Dieu et nous sont donnés pour le bonheur des hommes. Tel est le sens profond des nombreuses exhortations de Jésus de se libérer de l’idolâtrie de l’argent pour faire des biens matériels un instrument au service de la liberté et de la solidarité.

« Donnez et on vous donnera ; c’est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante qu’on vous versera dans le pan de votre vêtement, car c’est la mesure dont vous vous servez qui servira aussi de mesure pour vous » (Lc 6,38)

Vailankanni, le Lourdes de l’Orient

Au 16e siècle un jeune berger portait du lait à un homme très riche, comme il le faisait tous les jours, et il parcourait la route qui le mène de Vailankanni à Nagapattinam. Pendant le trajet, il se sentit un peu fatigué. Alors il s’installa sous un arbre, près d’un étang, et il mit le broc de lait qu’il transportait au pieds du tronc de l’arbre, puis il s’endormit. dans son rêve, le garçon eut la vision d’une belle dame qui se tenait devant lui avec un très bel enfant dans ses bras ; elle demande du lait pour son enfant au garçon qui le lu donna. A ce moment, le sourire de l’enfant et de la mère furent pour lui le seul merci. Par la suite, le garçon poursuivit sa route. Lorsqu’il arriva chez le riche personnage, celui-ci remarqua qu’il manquait un peu de lait dans le broc, mais il ne crut pas à l’explication du garçon. Et voilà que, à la stupeur de toutes les personnes présentes, le lait commença a augmenter de volume dans la broc et à déborder. Alors, tous se rendirent sur le lieu d’apparition ; le riche personnage et les autres, commencèrent à croire à la Dame céleste. On se mit à appeler cet étang « Our Lady’s Thank » : le « Merci de N.D. » (Lourdes Mag., n° 108, févr. 2002, p. 6)

Un superbe exemple de cette libération de l’idolâtrie de l’argent est la parabole de l’intendant avisé (Lc 18,1-16) qui au début détourne de l’argent de son maître, puis, devant le menace du licenciement, change totalement son optique et se fait des amis avec l’argent de son maître en trafiquant les quittances. La conclusion de Jésus nous surprend car il loue l’habileté de l’intendant. Jésus encourage-t-il le détournement de fonds et le mensonge ? Non, mais il admire la capacité de l’intendant de quitter son idolâtrie de l’argent pour se faire des amis. Jésus conclut alors : vous aussi, avec l’argent trompeur, faites-vous des amis qui vous accueilleront dans les demeures célestes.

Ainsi il devient clair que le choix entre Dieu et l’argent n’est pas une question économique ou morale (l’argent=mauvais), mais c’est une question de foi : en qui est-ce que je mets ma confiance ? Voilà pourquoi Jésus dit : «Ne vous faites pas tant de souci pour votre vie, au sujet de la nourriture, ni pour votre corps. (…) Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. » (Mt 6,25.32)


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