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Science et philosophie

Publié le 19 février 2010 par Jeanjacques

Depuis Kant, notamment, s’est officialisée la coupure entre sciences et philosophie, celle-ci recouvrant le domaine des croyances relatives à chacun ne seraient pas objectives puisque ne disposant pas de la preuve expérimentale et d’un appareil formel rigoureux (mathématiques).

Aristote, Descartes, Leibnitz furent les deniers savants universels. Bergson quant à lui fut le dernier philosophe du siècle passé a tenté une incursion dans les sciences et notamment à formuler des objections contre la relativité…

Chaque discipline, en se détachant de la philosophie, s’est autonomisée, ce qui signifie qu’elle est devenue juge et partie quant à l’exactitude de son savoir spécialisé et ne tolérant consécutivement qu’une critique interne : nul ne peut dénoncer un point particulier de cette connaissance spécialisée s’il ne possède pas la quasi-totalité de celui-ci, s’il n’est pas admis antérieurement dans l’institution dispensatrice de ce savoir. Le piège se referme immédiatement puisque l’acquisition du langage, des dogmes et d’un statut officiel de la parole, dispensé par la communauté scientifique spécialisée, interdit tout écart important, la critique devant se faire selon les formes et procédures, du lieu d’une position institutionnelle et suppose admis le socle  théorique ( le dogme) fondateur à partir duquel cette science peut se déployer.

Pour beaucoup de scientifiques, la philosophie est avant tout un espace de bavardage qui admet la multiplicité des vérités, alors même que celles de la science sont une et démontrables, une parce que démontrables. Dés lors, le philosophe est cantonné dans la sphère des vérités subjectives et la recherche ultime des causes métaphysiques, ou elle est tolérée comme épistémologie.

L’épistémologie concerne principalement les question de validation de la vérité : à quelles conditions un savoir peut-il est déclaré scientifique. Elle pose les conditions de l’expérimentation et de la conformité d’une théorie au réel. Elle est également sensée participer au découpage et à la classification des disciplines. L’épistémologie ne traite donc pas des concepts scientifiques, de leur pertinence, elle constitue une sorte de « minimum vital » transdisciplinaire avec pour objectif inavoué de conforter chaque discipline dans sa scientificité, parce que utilisant les instruments admis de la preuve (expérimentation, usage de la mathématique).

A vrai dire, l’épistémologie peut être considérée comme un savoir purement redondant à la science et lors, presque inutile, puisque l’épistémologue ne s’autorise pas le pouvoir de critiquer le contenu même de la connaissance. De fait, il lui suffira de constater qu’une théorie ou une expérience répond bien aux exigences de la preuve pour l’admettre, ce qu’auront vérifié auparavant les praticiens de la discipline. La vérité en science est essentiellement l’œuvre des scientifiques eux-mêmes qui n’autorisent pas le non spécialiste à porter un jugement sur leur production de savoir. Le dernier refuge de l’épistémologie est l’histoire des sciences chargée de l’aspect synchronique, de montrer la logique de l’évolution scientifique, les différents « épistémès » socio-historiques ayant permis, rétrospectivement, le progrès dans tel ou tel domaine du savoir. Enfin, l’ultime lien qui relie la science à la philosophie est l’éthique, qui consiste à interroger le scientifique sur les conséquences sociales et humaines de l’application de leur découvertes, voire de leur pratique (expérimentation animales et humaines : bioéthique).

2) Il faut définir, par rapport aux sciences spécialisées, une situation EXTERIEURE qui soit viable et utile à la science elle-même. Cette position d’extériorité, c’est bien sûr la philosophie qui peut en assumer la charge. Comment peut-on la justifier ? Les scientifiques  produisent un savoir dont une partie n’a pas d’applications pratiques et qu’on nomme recherche fondamentale. Dès que ce savoir fondamental présente un caractère d’universalité, qu’il concerne par exemple les lois et principes de fonctionnement de l’univers ou l’humanité dans sa généralité, il ne relève plus du domaine et de la propriété de la science mais va compléter un savoir universel dont tout un chacun peut disposer.

Il appartient dés lors à la philosophie, science du général et de l’universel de se prononcer en dernière instance sur la vérité proposée afin qu’elle puisse s’intégrer au Tout du savoir. Le philosophe doit exiger des scientifiques de justifier la pertinence d’une théorie et de trouver pour cela le langage et les arguments adaptés. Ils doivent traduire leur langage spécialisé en langue universelle compréhensible par le plus grand nombre.  Ils doivent également justifier de l’usage de leurs concepts dont la définition est par essence d’ordre philosophique.

Elle n’est donc pas seulement la science des fins dernières, celle de la recherche de sens, de la sagesse etc, mais se présente comme la science de toutes les sciences  par sa fonction de re-liaison, de coordination, de synthèse des quintessences. Elle est science du plus général dans chaque discipline, l’espace de leur confrontation, la définition de leur cadre général et procédures de vérité : elle constitue à la fois le soubassement de toute science particulière mais également son sommet dans la mesure où elle a pour mission de transférer un savoir vers tout ou partie des autres.

La philosophie traite donc des lois et principes généraux de la matérialité et de l’esprit, science fondamentale du rassemblement des savoirs empiriques ou particuliers, elle marque l’Unité de l’esprit et exprime au plus haut point sa fonction de synthèse et d’analyse de toute l’étantité qui est sa mission spécifique au sein du cosmos.

Il est par dangereux qu’une spécialité scientifique se pense totalement autonome au risque de laisser dériver sa volonté de puissance, et doit garder des liens avec la philosophie qui a pour charge de relier le savoir spécialisé avec le Tout de la connaissance.


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