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Univers cree ou eternel ?

Publié le 11 février 2010 par Jeanjacques

La question de l’origine, de l’humanité et plus fondamentalement celle du monde est celle là même qui surgie en même temps que la conscience d’être, et toutes les civilisations ont construit un discours pour y répondre. On ne dénombre plus les mythes de la genèse dont celui de la bible de l’occident judéo-chretien. Or  s’il est un lieu où religion et science se rencontrent et s’affrontent aujourd'hui, c’est bien celui de la genèse.

La science a cru utile de distinguer le pourquoi du comment de la genèse renouvellant une sorte de séparation entre le temporel et le spirituel, le domaine de la foi et celui de la raison. A la question «  pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que rien » la cosmologie actuelle se contenterait d’expliquer la nécessité physique du « quelque chose » sans se prononcer sur la finalité, sur la cause ultime. Ainsi, la cosmologie actuelle croît pouvoir abandonner aux métaphysiciens la question de savoir comment le Tout du monde peut s'extraire d'un néant en supposant un point reculé où l'espace-temps et la matière étaient infiniment concentrés, ce que les équations permettent effectivement de poser. Mais ces conjectures reviennent à admettre que l'Univers est né d'un rien, qu'il est issu du nihil absolu : sont absentes la cause physique et la procédure qui permettent le passage du néant au réel, du temps zéro à la première seconde. De même, s'il y a eu première seconde c'est qu’on choisi une philosophie de l'histoire, un point d'origine du temps qui autorise le calcul de l'âge de l'Univers à laquelle nous pourrions directement opposer  la conception d'un monde incréé, a-historique, qui n'a ni commencement  ni fin.

Un Univers incréé suppose d'accéder à une vérité impensable, au sens où il existe une zone de vérités absolument inaccessible à l'entendement, à savoir celle d'un espace absolument incréé et illimité dans toutes les directions. Il s'agit de se pénétrer de la pensée d'un Univers sans création originelle, c'est-à-dire de faire en soi l'expérience d'une pensée de l'éternité, de quitter le terrain des certitudes mathématiques, pour entrer dans les lieux du sens, de la quête métaphysique. Si l'Univers n'a  ni origine ni fin, s'il n'a pas fait l'objet d'un décret divin de création, s'il a toujours été et  sera toujours nous rencontrons là une limite à la quête scientifique. Il est difficile à l’occidental habitué au cycle création-destruction, de se représenter un monde incréé, un événement qui n'aurait pas de "lieu dans le temps", un fait sans origine, non engendré, sans cause et qui persisterait dans son être en éternité, une catégorie d'objet qui échapperait aux notions humaines de naissance et de mort.

L’expérience d'un Univers incréé et identique de toute éternité devra être à nouveau éprouvée lorsqu'il s'agira d'imaginer un mouvement absolument infini, qui s'éloignera toujours plus de son origine sans jamais rencontrer de frontière, un mouvement qui sera aussi infini dans les distances parcourues que par le temps dont il disposera pour les parcourir. Un distance infinie, dont l’expression mathématique comporte un nombre infini de zéro derrière l’unité est absolument et totalement inconcevable, intranscriptible dans le réel.

Il est alors tentant,  de mathématiser ce mouvement  et d'imaginer par exemple un Univers sphérique où le sentiment d'infinité serait la conséquence d'un espace courbe conduisant à un retour vers son point d'origine. L’univers sphérique présente alors l’avantage de pouvoir concilier finitude et infinitude : l’univers d’Einstein est fini et illimité. Cependant, aucune preuve ne pourra jamais été apportée quant à la « forme » de l'Univers, ce qui supposerait qu'on puisse le  contempler de l'extérieur

Pour la genèse contemporaine il n'y a pas de temps précédant la première seconde de l'Univers, il se décompte à partir de l'explosion primordiale, à partir du point zéro de la singularité mathématique. La théorie du big-bang situe l’émergence de matière en un temps et selon un mode où aucune expérience n'est possible. En apporter la preuve suppose que la conscience soit antérieure à sa naissance, qu’elle assiste elle-même à sa propre genèse ! L'avantage du big-bang, produit il y a 13.7 milliards d'années, c’est qu’il dispense ses partisans d'apporter les preuves à l'appui de leurs thèses.

L'hypothèse d'un Univers éternel et incréé dans sa structuration fondamentale présente l’immense l'avantage  de nous dispenser d'avoir à opérer une scission entre l'avant et l'après du temps de la création. Il suppose qu’on puisse concilier éternité et temporalité, permanence et mouvement, incréation et cycle de la matière. Il implique surtout que nous devons apporter la preuve ici et maintenant de ce cycle de la matière, de sa création continue et observable. Et cela est peut-être possible…

Alors Big bang ou éternité ? Ici se trace une ligne fondamentale de fracture. Ici se joue comme un basculement de civilisation, une conception du monde. L’important cependant est qu’existe un choix, une alternative, une orientation nouvelle.


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