On me susurre parfois, ici ou là, que l’État ne serait pas aussi néfaste ou incompétent que ce que je laisserai supposer dans mes billets. A lire l’actualité, cependant, je dois admettre que ces remarques sont fondées : l’État n’est pas, effectivement, aussi méprisable que je l’écris. Il l’est beaucoup plus.
Un domaine où ce dernier excelle dans la méchanceté, l’incompétence et le révoltant, c’est l’enfance et, de près ou de loin, tout ce qui la touche.
On me dit souvent, l’œil brillant et la voix humide de sanglots contenus, que « sans l’Etat, snif, snif, les petits nenfants rejetés par leurs parents ou orphelins seraient à la rue ». Je suis dubitatif : pourrait-on, réellement, faire plus mauvais que la gestion actuelle de l’enfance par la DASS ?
Certes, il serait possible, en collectivisant encore plus le bazar, en poussant la République Démocratique de France dans ses retranchements citoyens les plus profonds, de l’amener progressivement à un niveau comme celui de la Roumanie de Ceauşescu où, l’État s’occupant bien comme il faut de ses orphelinats, des milliers de petits humains étaient élevés en batterie dans des conditions pour lesquelles le mot « sordide » fut un délicat euphémisme.
Mais sans en arriver là, force est de constater qu’ici et maintenant, la DASS opère un travail qu’on ne pourra pas qualifier mieux que « déplorable ». Révoltant me vient aussi à l’esprit.
Dernièrement, ce sont donc les grognasses et autres abrutis baveurs de l’Assistance Sociale qui ont correctement fait leur travail en arrachant à une famille aimante deux enfants dont elle avait la garde.
Pourquoi ? Parce que cette vilaine famille d’accueil aimait ces enfants, qu’elle a fait un travail remarquable – donc méprisable par l’administration – en fournissant aux deux petits une vraie chance dans la vie. Ces deux enfants, battus et abusés par leurs parents génétiques (l’un en prison, l’autre qualifié de « débile légère » par la justice elle-même), sont passés du stade où ils se nourrissaient naturellement dans la gamelle du chien à celui où, propres et se tenant debout, ils pouvaient entretenir des relations sociales normales avec leurs petits camarades de classe.
C’en était trop pour l’État qui devait absolument agir ! Deux enfants qui aiment leur famille d’accueil, c’en est trop ! On commence comme ça, et on termine avec des adultes responsables et indépendants qui n’auront pas besoin de l’Etat plus tard ! Intolérable.
Il fallait absolument que la Justice de la République Démocratique de France passe par là, que la DASS et les assistantes sociales redonnent une vraie possibilité au père taulard et à la mère semi-débile de continuer leur œuvre éducatrice sur les deux futurs citoyens. Rien de tel que quelques abus sexuels, quelques bons coups dans la gueule pour faire des adultes modèles, je présume.
Bref.
Il va de soi que si les lecteurs de ce blog pourrissaient les boîtes mails de la DASS dont dépend Gouvieux, la localité où cette consternante affaire a pris place, que si certains d’entre eux allaient signer la pétition en ligne du Maire – atterré lui aussi de la décision de « justice » , que si des blogueurs influents voulaient relayer la nouvelle, bref, si tout était tenté pour casser cette honte, … je trouverai ça totalement normal, bien que n’approuvant pas l’envoi de lettre d’insultes à des petits cancrelats méprisables qui font de l’application pointilleuse d’une règle idiote un devoir, tant que c’est pour continuer à exercer leur pouvoir.
Je dis ça, hein, je dis rien.
Mais ce serait la première fois qu’une telle affaire a lieu, on serait simplement étonné, outré ou scandalisé. Le souci, c’est que ce genre de ratages lamentables revient régulièrement.
On a même, ironie du sort, l’exact inverse : un père génétique, parfaitement responsable, pas en prison, pas multirécidiviste de la quéquette en goguette, autonome et normalement développé sur le plan intellectuel qui réclame, à cor et à cri, de pouvoir retrouver sa fille, née sous X et abandonnée par une mère manifestement indigne, et la Justice ne veut rien savoir.
Là encore, on se demande quel intérêt supérieur de l’enfant est sauvegardé, et surtout, pourquoi ce qui semble terriblement naturel dans un cas devient rigoureusement impossible dans l’autre. Certes, les conditions (famille d’accueil dans un cas, adoption dans l’autre) sont différentes, mais au final, dans les deux cas, l’administration étatique semble clairement faire du trampoline sur le bonheur courant et à venir de l’enfant.
Mais le pompon (oui oui, il y en a un), c’est lorsque l’état s’occupe aussi de l’éducation. Ce blog (et d’autres, comme SOSEducation) regorge d’histoire toutes plus ahurissantes les unes que les autres concernant la gestion du bazar éducatif par l’administration française.
Aujourd’hui, on atteint des sommets : un élève de 2nde, menacé dans son lycée technique, se voit contraint de changer d’établissement en cours d’année.
Déjà, à la base, on pourra se demander comment on en arrive à ce genre de situation. L’État, je vous le rappelle, est censé assurer la sécurité des ressortissants sur son sol. Les récentes affaires dans les lycées français montrent qu’il a bien du mal à s’acquitter – aussi – de cette tâche.
Mais cette fois-ci, non content de merder dans l’éducation et dans la sécurité, l’Etat va aussi merder dans la solution qu’il propose. Le lycéen sera donc déplacé, dans un autre établissement… et rétrogradé en 3ème. Oui oui. Vous avez bien lu.
Je dis chapeau.
Pas de doute : les chères têtes blondes de la République – c’est une expression, n’appelez pas les bouffons de la HALDE, merci – sont d’un intérêt tout particulier pour l’État et les administrations qui lui donnent corps. Pourquoi ? Parce qu’un enfant, (dé)formé très jeune et correctement moulé dans la matrice citoyenne, égalitaire et démocratique, c’est-à-dire baigné dès tout petit dans les valeurs imputrescibles qui fondent notre vivrensemble, formera plus tard un petit soldat efficace des bataillons combatifs de l’armée républicaine anti-monde-réel.
C’est en s’attaquant dès tout petit à tous les fondements, ou à peu près, de la civilisation traditionnelle que l’État parvient plus tard à former de vrais petits robots festifs de la laïcité, de la non-discrimination, du bisounoursland agressivement gentil qui réclameront, tous les jours, que l’État s’occupe de tout ce qui pourrait leur faire des bobos, du téton au cercueil.
Et tous les jours, on ajoute au tombereau d’insanités votés ou décrétées des monceaux de règlements et de comportements tous aussi stupides les uns que les autres, visant à sauver ce qui ne mérite pas de l’être ou dont on n’a absolument pas besoin, au détriment parfaitement assumé et violemment revendiqué d’autres domaines pourtant essentiels mais qu’on aura réussi, par le lavage de cerveau, à faire passer comme ridicules ou surannés…
Alors, si l’on doit se débrouiller pour que des enfants heureux dans leur famille d’accueil soient rendus à leurs parents alcooliques, violents et débiles légers, qu’il en soit ainsi !
Alors, si l’on doit tout faire pour qu’un père légitime, propre sur lui, soit définitivement coupé de sa fille, qu’il en soit ainsi !
Alors, si l’on doit s’arranger pour qu’un élève de seconde termine son année en troisième, qu’il en soit ainsi !
Le but – obtenir des moutontribuables et des abrutis faciles à gérer – vaut bien cela, non ?