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Un drôle de livre. Mais sûrement pas drôle. Comment vous parler...

Publié le 26 février 2010 par Mmepastel
Un drôle de livre. Mais sûrement pas drôle.
Comment vous parler...
Le livre en poche et en français
Un drôle de livre. Mais sûrement pas drôle.
Comment vous parler...
L'édition américaine
Un drôle de livre. Mais sûrement pas drôle.
Comment vous parler...
L'auteure

Un drôle de livre. Mais sûrement pas drôle.

Comment vous parler du recueil de nouvelles Les Femelles/The Female Of The Species de Joyce Carol Oates ? Je viens de le terminer, et je suis encore sous le choc. Ces neuf nouvelles sont unies par un thème annoncé par le titre : les héroïnes (au sens de protagonistes principales) sont des femmes (à une exception près), et ce sont des tueuses. Mais ce qui me tracasse, c’est le rapport entre ces histoires terribles et cruelles et le titre du recueil qui est soit dégradant, soit volontairement présumé scientifique. Ces femmes ne sont pas présentées comme des femmes, mais comme des exemples de l’espèce femelle humaine. Voilà qui est un premier choc.

Ensuite, il y a ces histoires, où Joyce Carol Oates nous démontre encore une fois son talent pour narrer, en jonglant avec les différentes possibilités de points de vue : narration à la première personne, personnage enfant ou adulte, parfois à travers une lettre ou un journal intime, narration à la troisième personne avec discours indirect libre omniprésent, mélange des deux voire trois angles. Variété des personnages également : des petites filles (entre six et douze ans), jeunes femmes, vieille femme sur son lit de mort…

Toutes ont en commun de commettre l’irréparable, un crime (ou plusieurs), et de souvent se rendre compte de l’erreur commise en amont du crime (le mot erreur revient souvent), mais l’engrenage est en marche, et elles ne veulent ou plutôt ne peuvent plus reculer.

Rares sont celles qui tuent par cruauté pure. Elles ont toutes un parcours dans lequel elles sont malmenées, par des hommes principalement (harcèlement, manipulation, exploitation), mais pas seulement. Elles tuent car, à un moment donné de leur existence, c’est la seule solution qui leur apparaisse face à un conglomérat de circonstances funestes qui les accule.

Elles semblent toutes (et c’est aussi le cas du seul personnage masculin mis en avant dans un nouvelle) être restées à un certain stade de leur développement psychique ; ce n’est sans doute pas un hasard si trois des héroïnes ont moins de douze ans. les plus grandes sont elles aussi encore immatures. Leur maturité est rendue impossible par un traumatisme ou un mauvais développement (un psychanalyste serait très éclairant sur ce coup-là). Subissant, n’ayant pas les outils de compréhension ou d’expression de leur malaise, elles réagissent par le meurtre.

À mes yeux, elles apparaissent dans leur grande majorité, comme des victimes. Était-ce le double but de l’auteure que de les présenter comme des “cas” quasi cliniques ? Des femmes restées “femelles”, avec tout ce que ce mot implique de part d’instinct et de non-civilisation, des “cas” de violences, reçues et rendues ? Ce titre n’a cessé de m’interroger pendant toute ma lecture et a largement contribué à mon malaise. Ce sont des nouvelles hautement dérangeantes, et ce catalogue d’horreurs est terrifiant bien que perversement haletant.

NB : notez que sur l’édition américaine, le tableau choisi pour illustrer la couverture est celui du Caravage dont on parlait brièvement ici (en le comparant à un autre version), représentant Judith et Holopherne…


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