Avec ce septième épisode, Big Love nous propose incontestablement le moins réussi des épisodes de la saison. Pas seulement parce que la surprise et la jubilation sont moins présentes qu'à l'accoutumée pour le téléspectateur, mais aussi parce que la construction même de l'épisode se révèle déséquilibrée, car souffrant d'un problème majeur : un manque criant de crédibilité de la storyline principale du jour, l'organisation du sauvetage au Mexique.
Sur des airs de road trip, l'épisode nous offre une de ses plus belles photos, avec de somptueuses images très soignées, qui retranscrivent bien l'atmosphère, d'une chaleur presque étouffante, régnant de l'autre côté de la frontière. La réalisation est très travaillée, un plaisir pour les yeux, malheureusement le fond ne suit pas la forme.
En effet, Bill est donc parti avec Joey pour délivrer ses parents et, surtout, son fils, des mains des Green, exilés au Mexique au sein de leur propre communauté. Cette opération de sauvetage apparaît quelque peu futile, a priori, mais c'est en fait l'ensemble du voyage qui sonne très artificiel. Big Love est un drama au sens HBO-ien du terme, qui met en valeur la psychologie des personnages et leurs intéractions, souvent plus contemplatifs -même pour des épisodes aussi intenses que ceux que la série a pris l'habitude de nous proposer- que plongeant dans l'action. Il y a de la violence, il y a des meurtres, mais l'enjeu n'est pas là. Ce sont les relations entre les personnages qui demeurent les plus importantes. Or, dans son traitement de sa storyline mexicaine, Big Love s'inscrit quelque peu en porte-à-faux de son image traditionnelle. Elle s'essaie sans trop de succès, à un semblant de scénario à suspense, où nous aboutissons à un sauvetage quelque peu tiré par les cheveux, grâce à Bill, et à une scène surréaliste de bras tranché à coup de machette. Sans discuter la crédibilité d'une telle vision, je n'ai pas eu l'impression de regarder Big Love durant ces scènes, comme si la série cherchait, sans le trouver, le ton adéquat pour traiter de cette parenthèse particulière. Le dépaysement ne permet pas de justifier une telle redistribution des priorités de narration et le téléspectateur garde surtout l'impression d'effets de style inutiles et qui sonnent faux.
De par l'importance accordée à ce road trip mexicain, logiquement, le reste de l'épisode apparaît quelque peu déséquilibré, même si les storylines y sont beaucoup plus convaincantes, s'inscrivant vraiment dans la veine de la série. Les esprits rebelles qui avaient applaudi la révolution de Barb au cours de l'épisode précédent s'agaceront peut-être un peu du fait que les soupçons de Bill envers la lobbyist de Washington ne s'avèrent probablement pas sans fondement. Mais, pour ma part, j'aime le fait que les scénaristes ménagent une certaine ambiguïté. C'est au téléspectateur de juger, cependant, les personnages ne sont jamais présentés de façon manichéenne : ce n'est pas tout blanc ou tout noir, ils ont leurs défauts et font parfois des actions répréhensibles, mais ils demeurent avant tout humains. Et Bill, au même rang que les autres, même s'il n'a pas la richesse de la personnalité de ses épouses. Sur le fond, si les enjeux du casino ne sont pas toujours des plus explicites, apparaissant parfois comme un arrière-plan assez flou ou confus, les soucis des Henrickson passent à un niveau supérieur lorsque des opposants aux jeux d'argent vont jusqu'à poser une bombe -heureusement découverte à temps- dans le casino. Cette adversité devrait permettre à la famille de s'unir plus solidement avec les indiens, car ils semblent être bien seuls à affronter leurs problèmes.
Les intrigues purement familiales demeurent la constante la plus réussie de la série. C'est un fait qui n'est plus à prouver. L'épisode explore cette thématique en continuant de s'intéresser aux conséquences de la grossesse d'Anna. Le bébé est bien de Bill. Etirant le principe du lien biologique à son maximum, Barb alterne entre promesses et menaces, alors qu'Anna annonce son intention de quitter les Etats-Unis, son petit ami devant être expulsé en Europe, son visa n'ayant pas été renouvelé. Si Barb fait preuve d'un autoritarisme qui lui est habituel, c'est Margene qui, encore une fois, démontre qu'elle est désormais capable de prendre des décisions importantes et de les assumer, en dépit des opinions du reste de la famille. En l'occurrence, c'est un mariage blanc qu'elle contracte avec le petit ami d'Anna, pour lui permettre de rester aux Etats-Unis... Comment cette situation va-t-elle être viable, très concrètement, au-delà de l'intérêt immédiat d'empêcher le départ du bébé, voilà une question bien complexe. D'autant que si la famille veut effectivement révéler après les élections sa polygamie, comment la situation de Margene pourra-t-elle être claire ? Quoiqu'en pense la jeune femme, il est fort peu probable que ce "bout de papier" qui constitue un mariage civil soit aussi insignifiant qu'elle l'imagine. En espérant qu'elle se soit aussi intéressé au régime matrimonial sous lequel elle l'a contracté...
Enfin, Nicky semble être revenue à de meilleures dispositions concernant une éventuelle nouvelle grossesse, mais, comme souvent, même les belles intentions initiales tournent au vinaigre avec la jeune femme. En effet, alors qu'un médecin lui diagnostique un problème de fertilité qui sera difficilement réversible, voilà que sa mère lui annonce être, elle, enceinte de J.J. Au-delà de la question des liens familiaux tellement complexes dans ces familles qu'ils forment un ensemble assez malsain, cela pousse une Nicky interdite à aller chercher conseil chez un des fils de J.J., devenu médecin. Mais son père, par quelques apparitions furtives au fil de l'épisode, continue d'apparaître comme la figure incontestablement la plus dangereuse de la série, d'autant que ses plans ne sont toujours pas clairement exposés.
Un autre reproche à faire l'épisode est d'avoir occulté complètement le suicide du petit ami d'Alby et de ne même pas laisser quelques secondes à l'écran au fils de Roman Grant. Il s'agissait de la scène forte de conclusion de l'épisode précédent ; même si la storyline mexicaine occupe beaucoup de place, il aurait été plus logique de ne pas consacrer une parenthèse d'une semaine avant d'évoquer ses conséquences -autre que par une simple interview de Bill par un journaliste radio.
Bilan : Le Mexique aura donné de jolies images, avec une photo belle et vraiment soignée, mais l'intrigue s'y déroulant, trop invraisemblable en bien des points, n'aura pas convaincu, sonnant trop faux pour que le téléspectateur y adhère. Il s'agit du plus faible épisode de la saison, pour autant, les évènements ayant lieu à la maison, avec Margene, Nicky et Anna, posent des bases intéressantes pour le futur. A suivre !
NOTE : 7,5/10