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L’effet de serre

Publié le 01 décembre 2009 par Alzaz
L’effet de serre

Las Vegas de nuit

Voilà bien 20 ans, plus peut-être, que certaines organisations écologistes, sur la base de rapports scientifiques, alertent sur une menace sans précédent pour l’espèce humaine : celle d’un réchauffement climatique généralisé qui apportera, à terme, mort, sinon désolation. Ce changement radical paraît depuis longtemps lié aux activités humaines productrices de gaz à effet de serre, dont le plus incriminé jusque-là est le gaz carbonique ou dioxyde de carbone. Sommet de la Terre à Stockolm en 1972, Conférence de Rio en 1992, Protocole de Kyoto en 1997, Sommet de Copenhague en 2009… Combien de retard pris puisqu’il y aurait urgence ? Combien de trains ratés vers un développement plus raisonnable, plus juste, partagé ?

L’effet de serre
La question écologique est-elle réellement au centre des préoccupations de nos dirigeants ? Ne devrait-on pas carrément remettre en cause la notion de profit sans limite ? Le Club de Rome avertit pourtant depuis des lustres sur nos dérives productivistes mais l’idée que le progrès était valable pour tous et ne passait que par une hyper industrialisation reste bien encrée dans la tête des hommes et des femmes politiques de toute nation. Depuis le « réveil » industriel et économique de la Chine, suivie par l’Inde, les émissions de gaz carbonique ont augmenté de 40%. Après tout, pourquoi les 3 milliards d’asiatiques n’auraient-ils pas droit à l’automobile pour tous et au must de l’électroménager mangeur d’ampères ? Les températures montent… Faut-il changer de civilisation ? 

 

L’effet de serre
    

L’EFFET DE SERRE, UNE MALEDICTION ? 

Sans donner une nième définition de « l’effet de serre » (Voir schéma ci-dessus), on peut tout simplement rappeler qu’il suffit d’avoir mis les pieds dans une serre en plein été, jour de grand soleil, pour comprendre ce qui est en train de nous arriver en plus lentement. A grande échelle, la cloche de verre qui repose sur une plante quand on veut la protéger du froid est constituée par l’atmosphère toute entière, soit un machin transparent de 40 km d’épaisseur, parsemé de nuages occultants. Pour nous terriens, l’air nous prtotège à la fois du froid glacial venu de l’espace et de la chaleur mortelle que nous procure le soleil. Alors, doit-on banir pour autant le concept d’effet de serre ? Non, évidemment non ! Pas sur Terre. Enfin, pour le moment. Pour comprendre, comparons Vénus, la Terre et Mars. 

L’effet de serre

En bas, cas de Venus ; au milieu, cas de la Terre ; en haut, cas de Mars

Vénus est située à environ 108 millions de kilomètres du soleil ; un peu trop proche pour que la vie n’y puisse apparaître. Son atmosphère, dense (90 fois la notre) et constituée à 95% de dioxyde de carbone (comme à son origine), connaît des températures avoisinant les 480°C ! Sa proximité par rapport au Soleil n’explique pas tout, c’est surtout dû à l’énorme quantité de gaz carbonique qui l’enveloppe.
Mars se situe à la limite de la zone d’habitabilité dans le Système Solaire, soit à 228 millions de kilomètres de notre étoile. Son atmosphère a été presque entièrement perdue, la gravité sur Mars étant trop faible pour en assurer la rétention. Bien que composée à 95% de gaz carbonique, elle est trop ténue (pression atmosphérique de 6 millibars) pour retenir la chaleur : en moyenne, il y fait -40°C !
Finalement, on est bien que sur terre. Des 95% de gaz carbonique dont l’atmosphère terrestre était pourvue à l’origine il n’en reste pas beaucoup, les roches ont tout « mangé » (Voir Cycle du carbone). 0,03% de gaz carbonique en 1900 ; 0,035% en 2000. C’est peu mais c’est ce qui fait que la température moyenne de notre planète est de +15°C. Sans ce gaz, bien à tord maudit, le bilan serait négatif : au alentour de -18°C en moyenne. Pour exemple, 4 à 5°C de moins et c’est la glaciation. Vive l’effet de serre, donc. 

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Mais que signifie ce « en moyenne » ? Cette notion a-t-elle de l’importance ? Avant tout, on ne peut rapporter ce nombre à ceux que notre thermomètre nous indique chaque jour. Imaginez plutôt qu’on brasse l’atmosphère toute entière, c’est à dire qu’on mélange le chaud des parties tropico-équatoriales, le froid des parties pôlaires ainsi que le « moyen » des zones plus tempérées. On obtiendrait partout un air faisant environ 15°C au dessus du zéro. Pour une bactérie de l’extrême cela n’a pas une grande signification mais, pour l’ensemble du vivant, cette moyenne est cruciale pour ne pas dire vitale. La plupart des espèces dont l’homme dépend pour sa survie sont extêmement sensibles aux moindres modifications des paramètres terrestres. Quant au réchauffement climatique, si l’on a pu miser sur un scénario « optimiste », c’est à dire une augmentation globale de 1 à 2°C, déjà assez dramatique en soi, il semble aujourd’hui à peu près certain que le pire nous attend. En 2100, l’augmentation de la température moyenne dépasserait largement les 2°C. Certains envisagent même de pousser la limite à 7°C. Autant dire que le nombre de survivants sera faible. 

    

QUAND L’EFFET DE SERRE NOUS MENACE 

Allons pour 2°C seulement, scénario probable. Cela paraît peu, en fait peut-être rêver certains, mais les conséquences prévues seront catastrophiques sur bien des plans. Selon le rapport Stern, remis au gouvernement britannique en 2006, le réchauffement climatique pourrait déjà coûter plus d’un demi milliard de milliards d’euros à l’économie mondiale dans les années à venir. Or, les services rendus par les écosystèmes à l’humanité sont évalués à près de 5000 € par personne (humanité entière) et par an. Nos économies ne résisteraient pas à une dégradation massive des écosystèmes.

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Sur le plan écologique, les conséquences seront innombrables. Pour donner une image, ma Normandie de 2100 ressemblera aux environs d’Alger et le sud de la France sera quasiment transformé en savane désertique. Plus sérieusement, le nombre de tempêtes risquent de croître (rien n’est certain) et leur puissance sera plus dévastatrice comme à New-Orleans (Nouvelle-Orléans). Le niveau des mers augmentera de quelques décimètres (1 à 2 m selon les estimations). Suffisamment pour devoir déplacer trois centaines de millions d’êtres humains habitant actuellement

L’effet de serre
sur les littoraux ou des îles. Des villes comme Paris ou Londres n’y échapperont pas et que dire de la Hollande… Notre atout, c’est notre richesse économique. L’érosion littorale sera aggravée. La raison à cette remontée du niveau des mers n’est pas seulement due à la fonte des glaciers continentaux mais aussi au réchauffement de la surface des océans. Les mers se dilatent sous le coup de la chaleur. Evoquons au passage la problématique posée par les réfugiers climatiques qui n’ont aucun statut juridique particulier. Qui acceptera de les recevoir ? sous quelle modalités ? Quelle sera leur nationalité ? etc. 

On pourrait citer aussi le dérèglement des moussons, provoqué par le réchauffement, les caprices d’El Niño quand il apporte sécheresse ici ou déluge là et, bien que ces phénomènes soient encore mal connus, on leur attribue déjà 300000 morts par an et le nombre ne cessera d’augmenter : cette année (2009), on annonce 500000 décés causés par la crise écologique commençante.. 

DES GAZ DITS A EFFET DE SERRE 

L’effet de serre
Le gaz carbonique que nos activités engendrent a plusieurs sources. En premiers viennent les transports pour lesquels on peut trouver des solutions partielles. En effet, le pic du pétrole étant atteint, il nous faudrait rapidement réserver ce qui reste aux transports lourds (camions, avions et bâteaux). Des réserves il y en a mais la demande telle qu’elle évolue actuellement ne sera pas satisfaite et le prix du baril ne cessera d’augmenter. Voyager deviendra un luxe. Viennent ensuite les ménages et l’industrie qui est à leur service. A nous d’économiser l’énergie en l’utilisant avec modération, pour ne pas dire avec partimonie, et de maîtriser notre consommation de boulimiques matérialistes. Les « négawatts » représentent un gisement énergétique considérable. 

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Gaz à effet de serre

Autre gaz à effet de serre et non des moindres, le méthane, prisonnier des fonds marins gelés ainsi que des pergélisols (= permafrost) des régions arctiques, est de plus en plus libéré avec la fonte que subissent ces derniers, liée au réchauffement général. Cercle vicieux quand on sait que le méthane intensifie 20 fois plus l’effet de serre que notre gaz carbonique ne le fait déjà. Ce gaz est produit, par ailleurs, par la fermentation dans les marais, dans les décharges d’ordures, les rizières innondées et… par le processus de digestion des ruminants, bovins en particulier. Au passage, l’empreinte carbone d’une viande rouge est catastrophique et l’on pourrait s’en passer. 

Les gaz à effet de serre sont plus nombreux qu’on ne le croit et leur concentration dans l’atmosphère croît chaque année. L’oxyde nitreux (2 fois plus puissant que le gaz carbonique) est produit par l’action des bactéries du sol sur les engrais azotés. Quant aux CFC (chlorofluorures de carbone ou halocarbures), en plus de s’attaquer à la couche d’ozone, ils sont mille fois plus puissants que le gaz carbonique ! 

EFFETS REGULATEURS ? 

On me dira que des changements climatiques il y en a eu dans le passé géologique de la planète et qu’il n’y a pas de quoi s’affoler ; qu’il existe autant de systèmes régulateurs naturels tels les « puits de carbone« . Cela est vrai à quelque chose près : premièrement, cela se passait sur des temps géologiques. Il y avait un laps de temps suffisamment ample pour permettre une adaptation générale des écosystèmes ; deuxièmement, la Terre n’a jamais porté 6,5 milliards d’individus par le passé ; troisièmement, les teneurs en gaz carbonique dans l’atmosphère des 500000 dernières années n’ont jamais dépassé les 0,3% (300 ppm) . Ce qui reste certain, c’ est la corrélation entre augmentation du taux de gaz carbonique atmosphérique et réchauffement climatique. Ce qui se passait sur 20000 ans, l’ère industrielle l’a fait en moins de deux siècles. 

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DES PUITS DE CARBONE ? 

L’effet de serre
L’océan et son plancton absorbent de grandes quantités de gaz carbonique (2 milliards de tonnes par an) dont une partie (200 millions de tonnes par an) finira par sédimenter sous forme de calcaire au fonds des océans, l’autre restant dissoute dans l’eau. Cela freine naturellement l’emballement du cycle du carbone, lié à nos activités. Cependant, le phénomène d’absorption du gaz carbonique par les océans est lent : les courants marins mettent de 500 à 1000 ans pour renouveler les eaux profondes à partir des eaux de surface. D’autres part, le plancton ne saurait supporter une augmentation trop importante et surtout trop rapide de la température moyenne des mers. Par ailleurs, les courants marins, responsables de cette sédimentation, seront affectés par la fonte de la banquise au point que la formation des sédiments ne se fera plus, l’océan ne pouvant plus jouer, au final, son rôle de « puit de carbone ». 

De même pour les forêts considérées pareillement comme « puits de carbone » efficaces. La déforestation (1,7 milliards de tonnes de gaz carbonique par an = 1/3 de la superficie de la France brûlée chaque année) pour l’usage agricole des sols et l’urbanisation réduisent encore le rôle compensatoire de la biosphère. Le phénomène est également accentué par la désertification liée au réchauffement climatique. Les incendies de forêts ne sont pas de reste ; l’augmentation des températures réduit l’humidité dans les sous-bois, ce qui facilite leur propagation. Reboiser n’est qu’une solution temporaire, à moins de stocker tout le bois produit par la photosynthèse et reboiser à l’infini. Mais le stress subit par les végétaux en raison du réchauffement ainsi que la prolifération de parasites devraient faire passer les forêts du rôle de capteur de carbone à celui d’émetteur. 

L’HOMME EST-IL SEUL RESPONSABLE ET QUE PEUT-IL FAIRE ? 

L’effet de serre
Le volcanisme rejette une grande quantité de gaz carbonique dans l’air mais on peut considérer les êtres humains comme responsables d’un rejet excessif de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. La part des cycles solaires ne doit pas non plus être négligeable. Tous les hommes ne sont pas logés à la même enseigne : 25% des habitants de la planète (les plus riches) émettent 75% des gaz à effet de serre. Le progrès doit conduire légitimement 1/3 des habitants les plus mal lotis à un confort minimum. Leurs émissions de gaz carbonique augmentera inéluctablement et ce n’est que justice. La démographie de la planète est telle qu’on comptera au moins 1 à 2 milliards de plus d’individus vers 2050. Quand bien même nous diminuerions par deux nos rejets occidentaux, le compte n’y serait pas : la température devrait encore monter sans qu’on n’y puisse rien faire. Enfin, pour l’instant car nos savants cherchent des solutions et, comme l’a dit Scott Adams, « Pour créer un marché il faut inventer un problème, puis trouver sa solution. » Le capitalisme a du pain sur la planche. Vive l’économie verte. 

Il serait honnête de dire que les solutions en vogue ou en vue en termes d’énergétique posent des problèmes d’éthique (agrocarburants « alimentaires »), de limitation de production (algocarburants, biomasse), de régularité dans les rendements (énergie solaire, éolienne) ou encore de stockage de déchet hautement dangereux (nucléaire). Chaque concept doit pourtant trouver sa place mais rien ne saura remplacer dans l’immédiat le pétrole et tous les avantages qu’il apporte. Pour exemple de ce qui ferait le plus défaut à l’humanité de demain, si elle ne réagissait pas immédiatement, je citerai les matières plastiques (4% du pétrole produit) et les médicaments (>4%). Il faudra aussi se passer des cosmétiques. 

L’effet de serre
Doit-on alors rester sans rien faire ? sans rien changer ? Non, si l’on fait un pari à la Pascal. Si l’on ne fait rien, la fin de l’humanité approche à grandes enjambées de manière certaine. Si l’on tente une conversion de notre civilisation, on se donne quelques chances de s’en relever. Nous n’avons plus rien à perdre et le monde s’organise déjà. Du village à la région, de l’état aux Nations unies, des changements s’opèrent. Modes de consommation, de transport, rationalisation de l’usage de l’énergie, construction de maisons passives ou amélioration des anciennes. Tous ne sont pas d’accord mais le rôle régulateur « anti-gaspi » des écotaxes  ou des « pollutaxes » n’est pas à négliger. Peu importe comment, il faudra diminuer nos émission de gaz carbonique par 2 en 40 ans ; la bataille est internationale ; le temps est compté. La ratification du protocole Kyoto 2 débutera, au mieux, en 2011 et son application ne devrait pas se faire avant janvier 2013. 

L’effet de serre
Pour terminer, les nuages, la pollution atmosphérique et les trainées de condensation des avions à réaction provoquent un phénomène étudié depuis le 11 septembre 2001 (on s’en est aperçu alors que les avions étaient absents durablement du ciel américain) et nommé « effet d’obscursissement« . Celui-ci atténuerait le problème du réchauffement climatique en renvoyant une partie du rayonnement solaire dans l’espace et l’on voit bien la limite des raisonnements humains : ne devrait-on pas augmenter la pollution atmosphérique par nos rejets de fumées en les rendant juste un peu moins cancérogènes ?


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