Du temps de nos grands parents, « Faire une reprise » voulait simplement dire qu’il s’agissait de raccommoder le talon d’une chaussette ou le coude d’un pull-over. Aujourd’hui pour nombre d’artistes, le plus souvent en mal d’inspiration, proposer au public des reprises c’est tout bêtement y aller de sa collection de standards plus ou moins ripolinés au goût du jour. Depuis une bonne dizaine d’années, de Rod Stewart à Eddy Mitchell, on ne compte plus les tentatives assez systématiquement ratées, visant à livrer au public pour des raisons trivialement « contractuelles » des albums destinés à boucher, comme pour les chaussettes, des trous.
Avec « Scratch my back », le dernier opus de Peter Gabriel nous étions probablement nombreux à imaginer que l’anglais, en décidant d’y aller de sa collection de « reprises », n’allait pas tomber dans le piège. C’est consternant mais c’est ainsi, l’album de Gabriel avec sa douzaine de compositions chipées aux Talking Heads, Randy Newman, Les Kinks, David Bowie ou Radiohead, se vautre. Entre prétentions symphoniques et ron-ron sans guitares ni batterie, ce « Scratch my back » est à ranger entre le pire de « Nice » et les tentatives malheureuses de « Deep Purple » et de quelques autres délires des seventies.
Que les choses soient claires, cet échec de Peter Gabriel conduit en compagnie de Bob Ezrin, ne saurait remettre en cause les « Solsbury Hill » et autres « Up » qui marquent une discographie rare mais de qualité. D’ailleurs, si afin d’oublier cet accès de mauvais goût dont en passant on nous prédit un autre volet à l’automne prochain, remettez-vous en mémoire l’œuvre de l’ancien Genesis en lisant en particulier le numéro de février de « X Roards », ce magazine jugeant lui aussi ce « Scratch my back » comme mineur.…