Magazine Cyclisme
Cliquable
Guesdon Frédéric
de Fabien CHARREL
www.bretagne-cyclisme.com
Sa victoire sur le Tro Bro Leon en 2008 reste incontestablement son meilleur souvenir en Bretagne.
Frédéric Guesdon est un monument. Dernier vainqueur Français de Paris-Roubaix (1997) et de Paris-Tours (2006), le coureur de la FdJ vient de débuter sa 16e année au sein du peloton professionnel. À 38 ans (depuis le 14 octobre), le Breton est un champion exemplaire, un guide, un sage pour ses jeunes coéquipiers. Même si le Tour n’est plus de son âge (c’est lui qui le dit), il demeure un cycliste ambitieux. Paris-Roubaix, le Tour des Flandres, le Grand Prix de Plouay et les plus belles classiques internationales illuminent encore son regard. C’est là que se situent ses objectifs. Et, l’expérience l’a prouvé, rien n’est impossible au guerrier de Médréac.
« Vétéran », au sens littéraire, c’est le terme qui désigne une personne possédant une longue expérience dans une activité. Ce n’est pas seulement un vieux soldat revenu de Corée ou d’ailleurs. Certes, Frédéric Guesdon s’est souvent battu sur les routes de France et de Navarre. Il a même vécu (et vaincu !) les tranchées du côté d’Arenberg mais, il n’a rien d’un ancien combattant. Ni blessure, ni rancune, ni mélancolie. « Armstrong, Moreau, Knaven ou Voigt ont le même âge que moi... Et le plus âgé du
peloton doit être Inigo Cuesta… »
« C’est vrai que les coureurs de ma génération sont de moins en moins nombreux. Armstrong, Moreau, Knaven ou Voigt ont le même âge que moi... Et le plus âgé du peloton doit être Inigo Cuesta… » L’Espagnol de l’équipe Cervelo effectue, à 41 ans, sa 18e année chez les pros. « Moi, je n’ai pas décidé du jour où je mettrai le clignotant, reprend Frédéric Guesdon. J’entame cette nouvelle saison comme les autres et je ferai le point, après les classiques, fin avril. »
Les classiques, celles qui ont fait son bonheur, figurent toujours en point de mire. « J’aborde toutes les courses d’un jour avec beaucoup de motivation. Je rêve évidemment d’un deuxième Paris-Roubaix mais, Milan-San-Remo, le Tour des Flandres, ou le Grand Prix de Plouay me conviendraient aussi très bien. Et puis, il y a le championnat de France. C’est sûr qu’avec un maillot tricolore sur le dos, je repartirais volontiers pour une année supplémentaire… »
Donnés au début du mois sur l’Etoile de Bessèges, les premiers coups de pédales se sont révélés convaincants. La saison 2010 devrait tenir ses promesses et permettre au chef de file de la FDJ d’enrichir encore son prestigieux palmarès. Souvent accompagné d’Arnaud Gérard, le coureur de Médréac a bien préparé l’exercice cet hiver. « Je varie un peu les parcours et les méthodes d’entraînement mais, d’une année sur l’autre, ça ne change pas énormément. Au sein de l’équipe, j’écoute toujours attentivement les conseils de Frédéric Grappe. J’utilise un SRM et je fais davantage de fractionné. Les longues sorties, celles qui durent six ou sept heures, je n’en fais plus beaucoup. Les courses que je dispute dépassent bien souvent les 200 bornes et constituent la meilleure préparation à l’approche de mes objectifs. » «Il y avait des courses dans tous les patelins. Il y avait aussi des critériums pros que j’allais voir avec mes parents. Ca donnait envie aux jeunes de faire du vélo…»
Frédéric Guesdon ne prétend pas détenir de recette miracle pour briller sur les pavés ou dominer les meilleurs mondiaux à l’arrivée de Paris-Tour. D’ailleurs, y a-t-il une recette ? « Non, il faut tout simplement être au top le jour « J » et saisir sa chance quand elle se présente. » À l’approche de ces grands rendez-vous, les jeunes coéquipiers de Frédéric Guesdon interpellent évidemment le maître en la matière. « S’ils sont demandeurs, je me fais un plaisir de les guider. Et puis, à la FDJ avec Martial Gayant, Marc et Yvon Madiot, ils sont bien encadrés pour aborder ce type d’épreuves. Peut-être qu’avec moi, certains sont plus à l’aise. Bien sûr qu’avec la différence d’âge, nous n’avons pas forcément les mêmes centres d’intérêt en dehors du vélo mais, on fait le même métier et on partage beaucoup de choses tout au long de l’année. »
Un tantinet nostalgique, le grand « Fred » parlerait volontiers de ses débuts chez les pros. De ces années 90, à la fois si proches et lointaines. « Quand j’ai commencé la compétition en minime au VC Mévennais, il y avait des courses dans tous les patelins. Il y avait aussi des critériums pros que j’allais voir avec mes parents. Ca donnait envie aux jeunes de faire du vélo… Aujourd’hui, c’est bien plus compliqué. Le cyclisme est devenu un sport onéreux et les fondations sont peut-être à revoir. » Présent au plus haut niveau depuis 1995, Frédéric Guesdon a également vécu en direct les méfaits du dopage. « Avec l’affaire Festina, en 98, le vélo en a pris un coup. Les mentalités ont changé, surtout en France. Malheureusement, et même si nous avons beaucoup d’avance sur d’autres disciplines, on ne voit toujours pas la fin du tunnel. »
Malgré les errances ou les fautes qui torpillent trop souvent encore l’image du cyclisme, Frédéric Guesdon aime passionnément son sport et envisage même sa reconversion autour du peloton. « J’ai bien un diplôme d’ébéniste mais, j’aimerais bien rester dans le milieu du vélo… Encadrer une équipe ou les espoirs bretons, par exemple. On verra, pour l’instant, je suis toujours coureur et j’estime avoir un beau métier ».
Guy JOURDREN.
source: http://www.bretagne-cyclisme.com