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1er mars : Une journée sans immigrés. Et sans nous ? (suite)

Publié le 27 février 2010 par Petistspavs

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La campagne de sensibilisation à la journée "SANS NOUS" se termine. Je constate que l'appel citoyen, lancé sur Facebook par des personnes non encartées dans le monde militant a été peu médiatisé et, sauf imprévu (un miracle ?), la mobilisation ne sera pas spectaculaire. Je termine ma campagne personnelle avec quelques infos et une photo qui se trouve sur la couverture du catalogue de l'expo Izis, Paris des rêves, que je n'arrive pas à voir. Paris des rêves, beau titre pour une expo, belle expression pour un parcours qu'on aimerait appliquer à des milliers de parcours, des millions de parcours. Tous ces rêves qui ont conduit vers nous toutes ces femmes et tous ces hommes, nés ailleurs.

Dans le matériel présentant l'expo, le parcours d'Izis est introduit en ces termes : "Il fallait avoir une grande foi en ses rêves pour fuir la misère de son pays natal en 1930 et rejoindre Paris. Le jeune Izraëlis Bidermanas, né en 1911 dans la petite ville lituanienne de Marijampolé, rêvait comme beaucoup d’autres de la patrie des artistes, de cette terre d’adoption qui allait devenir une source inépuisable d’inspiration pour ce photographe bientôt connu sous le nom d’Izis".

Izis___immigr_s_du_Banat___1949_pour_Paris_Match

Famille d'immigrés se rendant dans le sud de la France pour bosser
(Izis, 1949)

Pourquoi ce rêve parisien né en pays lointain ? Dans un de ses trois livres au titre évocateur (Artiste et métèque à Paris, Paris, éditions Buchet/Chastel, 1980) Izis nous met sur la voie : "Pourquoi Paris ? Parce que Paris excitait mon imagination. C’était la Ville lumière. Pour moi, tout se passait à Paris. En 1930, Londres, New York ou Berlin ne m’attiraient pas. On lisait des romans français, on apprenait avec intérêt l’histoire de France. Pour nous, dans notre imagination, c’était le paradis européen, comme pour d’autres, l’Amérique. (…) Nous étions attirés par la France comme pays de l’Esprit. La Liberté, l’Égalité de l’homme et la Culture, c’est ça qui nous faisait rêver". Reprenons ces mots : Esprit. Liberté. Égalité de l’homme. Culture. Oui, c'est bien cette France-là, celle qui pense et chante et ouvre sa main à la main d'autrui, ouvre son foyer à celui qui en est privé, ouvre ses bras à celui qui a froid.

POUR LA PREMIÈRE FOIS EN FRANCE,
NOUS DÉCIDONS DE NE PAS PARTICIPER A LA VIE DE LA CITE.
PAR CETTE ABSENCE,
NOUS VOULONS MARQUER LA NÉCESSITE DE NOTRE PRÉSENCE.

En refusant, pendant 24 h 00, de travailler et de consommer, les personnes immigrées et les personnes autres qui les soutiennent montreront, si la journée est un succès, ce que serait une France sans eux. Une France sans nous.

Pour tout savoir sur cette journée, CLIQUER ICI.

Quelques infos connexes.

Il y a quelques jours, je faisais appel à Libération pour évoquer trois jeunes "marocains" renvoyés dans "leur pays" dont ils ne connaissaient rien et dont la seule volonté était de revenir en France (CLIQUER ICI). Il s'agit de Hassan, Salima et Mohammed. Je n'ai pas de nouvelle des deux premiers, mais de Mohammed, si.

Mohamed ABOURAR, élève au lycée Valmy de Colombes (Hauts-de-Seine), arrêté le 17 janvier 2010 suite à un contrôle d’identité, mis en centre de rétention et expulsé 6 jours après, revient ! La mobilisation a payé puisqu’aujourd’hui Mohamed a obtenu son visa long séjour. Il va pouvoir reprendre une vie normale et notamment sa scolarité dans son lycée.

Selon mes sources, il était attendu, ce samedi 27 février à 15h20 à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle terminal 2B.
C'est une incontestable victoire collective des élèves, des professeurs, de ses amis, des parents d’élèves, du RESF et des associations, des syndicats, des parlementaires, des élus de Colombes et des Hauts-de-Seine et de tous ceux qui se sont manifestés pour que soit mis fin à cet éloignement totalement injustifié.

C'est bien, mais les autres ? Il semble que les expulsions contre le Maroc soient plus nombreuses. A ce sujet, que devient Najlae, que j'avais évoquée aussi, expulsée pour avoir cru, étant brutalisée par son frère, pouvoir rechercher la protection de la police française ! résultat : mise en garde à vue, retenue, virée sans avoir pu faire valoir ses droits (voit ci-dessous).

Bakchich TV l'a retrouvée à Casablanca, où elle a été prise en charge par des militants RESF. Voici son témoignage :


Battue à Paris, l'hiver à Casablanca
envoyé par bakchichinfo. - L'actualité du moment en vidéo.

Voici le communiqué / pétition de RESF pour le retour de la petite Najlae.

Najlae a 19 ans. Elle est élève au lycée professionnel Dolto à Olivet (Loiret). Elle a été expulsée samedi 20 février 2010 vers le Maroc.
En 2005, pour échapper à un mariage décidé par son père, elle part chez son frère en France.
Ce frère la maltraite régulièrement. Mardi 16 février, les violences atteignent un degré extrême et Najlae se réfugie chez la mère d’une amie d’internat.
Le jeudi 18 et le vendredi 19 février, elle se rend à la gendarmerie de Montargis puis à celle de Château-Renard pour porter plainte. Elle est mise en garde à vue puis en rétention à Montargis. A ses amis inquiets, les gendarmes ne veulent même pas dire à quel endroit elle se trouve.
Le lendemain samedi 20, c’est à 4 heures du matin que Najlae appelle ses amis pour leur apprendre qu’elle prendra l’avion pour Casablanca à 7 H 35 où elle arrive en fin de matinée.
Najlae ne veut pas retrouver sa famille au Maroc car elle sait qu’elle est destinée à être mariée à un cousin.
Tout dans cette affaire est ignoble. Du début à la fin les droits humains ont été bafoués. Il n’y a pas de mots assez forts pour qualifier ceux qui ont pris ces décisions. Car Najlae avait le droit de saisir la justice pour les violences subies, elle avait le droit de contester le refus de séjour du préfet devant le tribunal administratif : en précipitant son expulsion, le préfet lui a volé ces droits.

Najlae doit revenir en France le plus vite possible et reprendre ses études.
La justice doit donner suite à sa plainte.
Najlae doit pouvoir vivre sa vie de femme comme elle en a décidé.
Et la France doit la protéger !

Pour signer la pétition demandant le retour de Najlae chez elle, chez nous,
CLIQUER ICI.


Izis avait rêvé Paris. Ce rêve, nous l'avons fait aussi. Continuons-le avec les autres, avec ceux qui sont pareils à nous, comme Najlae, comme Mohammed, avec ceux qui sont différents.

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