En Europe, depuis deux semaines, je viens de faire le tour d'un grand nombre de clients institutionnels du type compagnies d'assurance, banques, grandes maisons de gestion, caisses de retraites etc.…
Un certain nombre d'éléments frappants ressort de ces rencontres. Beaucoup de ces institutions n'avaient pas une idée très claire de l'étendue des problèmes de financement que certains Etats allaient rencontrer.
Quand l'on songe qu'il y a deux ans, la Grèce (dont les problèmes étaient connus par quiconque se donnaient un peu de mal) empruntait quasiment aux mêmes taux que l'Allemagne, on se demande où étaient les procédures de contrôle des risques a l'intérieur de ces institutions ?
Ahurissant !
La réponse est simple : le risque, dans leur monde, n'était plus défini par une solide analyse des fondamentaux, mais par une obéissance aveugle aux règles telles qu'elles sont édictées par leurs autorités de contrôle.
Les réglementations, tant pour les compagnies d'assurance que pour les banques, ou les caisses de retraite, précisent en effet : si une institution Française achète une obligation grecque, elle a besoin de mettre zéro de réserve obligatoire (zéro risque, d'après les autorités de contrôle), alors que si elle achète une action Air Liquide ou Essilor elle a besoin de mettre 50% de fonds propres en réserves, ce qui force la dite institution à n'acheter que des obligations d'Etat. Or le risque est beaucoup plus important, dans la réalité, pour une obligation Grecque que pour une action Air Liquide…
En fait ce sont les institutions de contrôle qui, pour des raisons politiques, ont inscrit dans les textes que le risque Allemand et le risque Grec étaient les mêmes alors que tout le monde savait que ce n'était pas vrai. Elles en paient le prix en ce moment, et tous les investisseurs avec eux, ce qui n'a rien à voir avec des manipulations de vilains fonds spéculatifs à Londres.
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Image : Charles Gave.