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C'est le père Guillaume qui a perdu son chat ...

Publié le 01 mars 2010 par Gchocteau

Le titre vous rappellera la chanson "c’est la mère Michel qui a perdu sonc chat", sauf que là, elle le retrouve.

Cet article n’est pas à destination de ceux qui ne comprennent pas la relation forte qui peut exister entre un animal et son maître. D’ailleurs, doit on, peut on, appeler "maître" celui qui partage, plutôt que celui qui donne des ordres ? Surtout à un chat ! Ceux qui ne peuvent pas comprendre qu’on puisse s’attacher à un animal domestique, au delà de la simple relation "je te donne à manger / tu gardes la maison en notre absence", au delà du simple deal "Tu chasses les souris / je te file des croquettes", bien plus loin que le simple "Amuses moi / je te donne un coin près de la chaudière". Nan, ceux qui limitent la relation à cela ne comprendront pas ce billet. Je ne les juge pas dans leur relation à leurs animaux domestiques, qu’ils ne me jugent pas dans la mienne.

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Ma situation est simple à l’heure actuelle : j’ai perdu mon chat. Où plutôt, j’ai perdu ma chatte. Tigrette a disparu depuis un mois maintenant. Du jour au lendemain, elle n’est pas revenue à la porte. Elle qui depuis 10 ans, dépassait à peine les limites du jardin, n’a pas réapparu. Ce constat n’est pas un appel pour que vous me disiez si vous l’avez vu. J’ai déjà parcouru en long, en large et en travers les fossés, granges et pâtés de maison autour de la notre. Point de chat !

Tigrette est arrivée le même mois que nous à Riaillé. Elle est arrivée dans notre vie en mai 1999. Elle venait d’une portée des chats d’un de nos voisins. Toute petite, elle était malade des instestins, elle perdait aussitôt ce qu’elle mangeait, nous la suivions donc à la trace. Et je l’ai soigné pendant des mois à la pipette. Ce qui fait qu’elle avait un rapport "étrange" à la nourriture, elle devenait une vraie tigresse dès qu’on lui mettait à portée de dents (De griffes ?) quelque chose de comestible. Et elle avait également un rapport fort avec moi, car je l’avais soigné pendant longtemps. Probablement cette reconnaissance que certains ne comprendront pas de la part d’un animal... Malgré sa relative absence à vouloir s’éloigner, cela n’empêche qu’elle avait une vraie vie de chat. Un jour, je l’ai retrouvé boitant... Elle s’était arrachée un doigt [1], cela pissait le sang, à vif. Le vétérinaire m’a donné une crème à lui mettre plusieurs fois par jour. Et au bout de quelques semaines, la peau s’était reformée, laissant une patte avec une patte en moins, et donc une griffe. Il lui manquait aussi une canine, ce qui fait qu’elle avait du mal à couper et à déchiqueter. Bref, une chatte avec ses aléas de vie féline...

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Tigrette a partagé donc notre vie pendant 10 ans, dont une bonne moitié sur les fauteuils, canapés et autres coussins divers. Mais surtout les cartons et sacs que je laisse à côté de ma chaise.

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Chat domestique rural, voilà comment on pourrait la qualifier... Domestique car elle aimait être dans la maison quand on y était, se promenant du fauteuil au canapé, en passant par la chaise de la cuisine ou encore le tapis du couloir du 1ier étage. Et dès qu’on s’approchait, elle se roulait sur le dos, attendant gratouilles et calins.

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Oui, Tigrette était le chat de la famille, comme tous les autres animaux. Mais c’était surtout mon chat. Le chat qui se comportait comme un chien, marchant à côté de moi, ou entre mes jambes, dans la rue, qui grimpait pour dormir sur mon épaule comme un perroquet (Même à 10 ans, imaginez le poids !), qui attendait aux pieds de ma chaise pendant qu’on mangeait, ...

Tigrette, je l’ai cherché pendant 2 heures il y a 3 semaines, sous la pluie. Je suis allé voir les fossés le long de la route Riaillé / Joué sur Erdre, réceptacles habituels des animaux de compagnies un peu trop téméraires. J’en ai déjà récupéré ici. Là, mes deux heures seront restées infructueuses... Point de cadavres, si ce n’est détritus et bouteilles habituels, dus au vent. Dans les granges alentours, dans les jardins, point de chat qui ressemble à la mienne. Pourtant, au détour du jardin, de la véranda, je la vois régulièrement arriver... Mais non, ce n’est pas elle, juste ma mémoire qui traverse le voile de mon conscient, juste pour me rappeler que je l’ai abandonné.

Parce que c’est bien ce sentiment que j’ai. Elle a disparu au moment où mon emploi du temps était très très lourd. Beaucoup absent, je n’ai pas pu donné les quelques minutes habituelles à lui consacrer. Je suis parti en vacances avec cette terrible image de Tigrette mourant toute seule, dans son coin. Peut être blessée. Mais seule. Je n’en sais rien, je n’ai pas retrouvé son corps. Et pourtant j’ai cherché. A chaque fois que je vais donner du pain à Gobane [2], je la vois arriver. Mais non. Alors, je regarde sous l’arbuste, que j’ai déjà regardé la dernière fois. Je scrute du gris avec du noir, qui trancherait avec le vert de la saison. Mais non. Elle qui a su adopter tous les autres chats qui sont passés dans la maison, ce sont eux qui viennent maintenant quand j’appelle. Sauf qu’ils ne m’apportent rien, les restants, car ils ne veulent pas entrer dans la maison, ils sont sauvages. Ils ne sont pas dans l’échange, ils mangent ce que je leur donne, mais ne m’apportent rien.

Alors, je me suis résigné. Et régulièrement, je pense à elle. Et les larmes me montent aux yeux. Pendant quelques minutes, mon chagrin s’exprime, à l’abri de mon environnement. J’ai l’impression de la pleurer seul, c’est le cas.

Oui, vous avez bien lu. Je pleure mon chat ! Parce que j’ai toujours vécu avec des animaux domestiques, chien et chat, et parce que, sans aller trop loin dans la gagatitude animalière, un animal qui partage ma maison et dont je m’occupe, ne se cantonne pas à un "être vivant à qui je donne une gamelle et qui me remplit un service en échange". Il intègre totalement ma vie familiale, comme un membre de ma sphère domestique.

Alors, je suis profondément triste d’avoir perdu Tigrette. Triste de la savoir mourir sans avoir eu des paroles réconfortantes de ses maîtres, de son maître, de moi. Triste de ne pas pu avoir récupérer son corps. Triste de ne pas fait la dernière caresse pendant ma période si animée en janvier. Triste de ne plus avoir d’animal à cajoler le soir, à appeler pour lui faire des gratouilles, pour lui donner un peu d’affection.

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Triste d’avoir perdu mon ami animal !

Au revoir Tigrette, ce billet n’est pas ridicule pour moi. Il est l’adieu que je n’ai pas pu te faire, il est la caresse que je n’ai pas pu te prodiguer, il est le dernier geste que je ferais dans notre amitié homme / chat, clôture d’une relation affectueuse de 10 années. Merci pour les ronrons, merci pour les caresses, les coups de tête affectueux, les roulades, et même les griffes et morsures. Inutile de te dire que si j’avais écrit sur une feuille, l’encre aurait été encore tâchée. Là, le clavier reçoit un coup d’essuie tout. Et puis, hop, comme d’habitude, personne ne le verra. Comme à chaque fois... Depuis une mois...

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Au revoir...


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