Nicolas Sarkozy et Yu le Grand

Pour répondre à la tempête qui a dévasté l’Europe de l’Ouest et en particulier la façade atlantique de la France, Nicolas Sarkozy a décidé de « renforcer les digues » qui « protègent » sa population. Il serait pourtant bon de se souvenir d’un autre empereur, de Chine celui-là et de sa manière de lutter contre les éléments.

Nous sommes en 2250 avant notre ère, en Chine. L’empereur Yao est confronté à des débordements réguliers des cours d’eau et en particulier du fleuve Jaune. Il fait alors appel à Gun, l’architecte le plus connu de son empire; celui-ci propose de construire un barrage pour protéger la population contre la fureur des flots. Alors que les années passent sans nouvelle catastrophe, les populations reprennent confiance et reviennent aux abords de la rivière. Plusieurs crues sont ainsi contenues. Mais lors d’une crue plus forte que les autres, le barrage cède et fait de nombreuses victimes.

Yao se concerte alors à nouveau à Gun qui explique qu’il faut faire un barrage plus grand et plus fort. La population se met au travail. Cinq ans passent sans nouveau débordement, les populations reviennent près de la rivière. Dix ans sans débordement… les populations s’agglutinent autour du barrage. Quinze ans plus tard, une crue historique a raison du barrage, et c’est en milliers que se comptent les victimes.

Entretemps, Shun a succédé à Yao, et devant l’échec de Gun, il fait exécuter celui-ci et s’adresse à son fils. Celui-ci propose alors une approche totalement différente : des canaux d’irrigation. Et tout d’un coup, chaque crue est désormais perçue comme une opportunité pour toute la population. Les récoltes poussent dans les terres autrefois désertiques. Les populations se répartissent mieux sur le territoire…

L’histoire repasse régulièrement les plats, et pourtant les grands de ce monde ont une furieuse tendance à l’oublier. Pourtant, ce n’est pas tant à Nicolas Sarkozy qu’à chacun d’entre nous qu’il appartient de se souvenir de l’histoire de Yu le Grand. Nous passons notre vie à construire des solutions pour résoudre des difficultés. Et parfois, une solution semble fonctionner pendant quelques temps. Simplement, lorsqu’elle ne fonctionne plus, c’est une catastrophe qui nous tombe dessus, et nous y réagissons en utilisant notre ancienne solution, plus fort (nous pensons (nous pensons « mieux »).