Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de la mort de Serge Gainsbourg. Avec la sortie en début d’année d’un film qui lui est consacré, l’homme à la tête de chou étale
ses rimes et ses rides dans pléthore d’ouvrages et d’expositions photos : l’année 2010 lui est toute dédiée.
Je ne reviens sur la taille artistique de l’artiste, immense, forcément immense, mais j’ai envie de m’arrêter sur la dégaine du Don Juan tabagique et buveur qui a imposé un style vestimentaire
immuable et culte : chemise molle à col ouvert, blazer slim, jean’s trash ou parfois un costume à rayures maffieuses, et aux petons, des Repetto immaculées, sans oublier une barbe de hère
mondain, une coiffure improbable taillée par un merlan sous acide.
Regardez-vous messieurs, c’est la tendance actuelle. Enfin, quand je dis « regardez-vous messieurs », je pense aux dandys des villes qui épluchent Vogue Hommes caché dans L’Equipe pour
ne pas avoir l’air d’être superficiel.
Pour la vénérable maison Repetto link qui chausse les petits rats depuis 1947, un tel ambassadeur est une aubaine marketing, d’autant que l’artiste
Gainsbourg pour sulfureux qu’il soit, dispose d’une aura intacte, talent oblige. Les richelieus blancs Repetto adoptés par l’artiste et entrés dans la légende, disposent d’une histoire bien
orchestrée pour les rendre cultissimes ad vitam aeternam.
La légende raconte que c’est la Birkin qui a choisi les dignes chaussures, parce que « Serge cherchait des gants pour ses pieds, car il avait horreur de marcher ». A l’origine, ces chaussons à lacets en chèvre
avaient été créés pour Zizi Jeanmaire —d’où leur nom de « zizi »—, ce qui a dû faire sourire Gainsbourg grand amateur de femmes qui en consommait jusqu’à 30 paires par an (des souliers
pas des femmes). « Repetto à perpet’ », aurait dit ce génie de l’allitération qui semble ne s’être
jamais embarrassé des contingences matérielles pour laisser filer son humour ravageur et ses rimes riches.
Ces zizis sont un exemple formidable de storytelling que notre humanité aime à ressasser au plus loin dans la nuit des temps avec une histoire toute simple que nous, urbains modernitaires,
adorons entendre, car elles nous rassurent, surtout en des temps chancelants. De ces zizis, on en reparlera en 2021, pour le trentième anniversaire de la mort de Gainsbarre. C’est promis.
Photo : Repetto.