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La fille qui te proposait de claquer ton SMIC mensuel dans un voyage top glamour

Par La Chose

Parce que sur un vrai blog de fille à succès, il est impensable de ne pas trouver une rubrique « voyages » digne de ce nom qui te propose, avec l’aide de mécènes aussi généreux que désintéressés, de vider ton compte épargne afin de t’offrir les voyages et les week-ends les plus tendance du moment. Après tu seras peut-être complètement fauchée, mais au moins tu ne passeras pas pour une plouc aux yeux de tes keûpines loleuses, qui verront en toi la plus glamour des globe-trotteuses…

La fille qui te proposait de claquer ton SMIC mensuel dans un voyage top glamour

Comme tu le sais, j’adore les vrais blogs de filles. Un jour, je serai riche et célèbre grâce à mon propre blog de fille, et je pourrai mettre Phlegmon à la DDASS, Eva Braun à la SPA et échanger Loutre contre Jodie Foster. Je dirai merde à tous mes anciens amis, je cracherai au visage de mon banquier qui se traînera à mes pieds pour que je daigne lui placer dix mille euros sur un livret « A » tout pourrave, j’enverrai ma meilleure copine (qui s’appelle Purge) se faire voir quand elle essayera de me taper des sous (« tu te touches, Purge », je lui dirai, « commence par me rembourser les trente euros que tu me dois depuis 2003″) et je pourrai enfin me tenir debout à la proue d’un énorme bateau en acier, vêtue d’une robe toute éthérée qui fera des vagues dans la brise, en hurlant que je suis la reine du monde (et que vous allez tous mourir, bande d’enculés ).

Oui, un jour je serai riche, belle, puissante et complètement mégalo.

Mais d’ici là, le chemin ne sera pas facile, et comme le disent toutes les blogueuses populaires quand elles essaient de justifier le fait qu’elles gagnent désormais leur vie à vendre des pixels creux à des charretées de grognasses:
« Pour en arriver là, j’en ai chié à un point que même un haïtien unijambiste et orphelin ne pourrait pas imaginer, vu que déjà, pour commencer, j’ai habité dix-huit mois dans une CHAMBRE DE BONNE au sixième étage sans ascenseur dans le 17e arrondissement, j’avais même pas le chauffage au sol, ma connexion internet était de 56k, je m’habillais pas encore gratuitement chez Prada, mon maquillage quotidien bouffait le tiers de mon salaire de pigiste chez Marie-Claire et je devais PAYER pour obtenir un gloss à peu près potable ! Alors tu compatis et tu fermes ta gueule, insecte. »

Foin de chambre de bonne et d’horribles Thénardier du cosmétique en ce qui me concerne. Par contre, pour ce qui est de ramener du sponsor bankhâbeûl sur mon blog, pardon, mais ça rame sévère. Tiens, prends les voyagistes, par exemple. Sur un vrai blog de fille très fréquenté, je peux te dire que les vendeurs d’atolls et de week-ends de charme version « parties de chasse » en Sologne (où qu’on fait aussi des parties fines, il parait, mais c’est moins connu) se bousculent au portillon. La blogueuse écrit un billet archi-flatteur sur la semaine que Thomas Cock lui a payée à Tataouine, les lectrices bavent de jalousie en sachant qu’elles pourront jamais se l’offrir, Thomas Cock en est tout raide de bonheur de se faire une telle pub pour trois kopecks et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

La fille qui te proposait de claquer ton SMIC mensuel dans un voyage top glamour

De mon côté, c’est pas demain la veille que le Club Mud viendra me lécher les bottes et se rouler à mes pieds pour que je daigne accepter quinze jours tous frais payés aux Maldives. Non, moi déjà, comme je te l’ai expliqué, j’habite même plus à Paris, donc je suis d’office complètement hors-jeu. En plus, avec mon lectorat microscopique, je suis pas précisément ce qu’on appelle « une blogueuse influente » (alors que Silvia, elle, elle claque des doigts et même Xavier Bertrand fait le beau pour avoir un sucre en chantant « I’m a big big girl in a big big world« ). Mais comme il faut bien commencer quelque part, je te propose modestement de débuter par une publi-information top-méga-trendy, qu’après ça le Conseil Régional des Armoricains il va m’envoyer gratos en thalasso à Carnac et me payer trois semaines de bamboula druidique en forêt de Paimpont, je te le dis.

Donc, si t’es légèrement fauchée en ce moment et que t’as pas trop les moyens de te payer une semaine aux Maldives entre deux tsunamis, viens donc admirer les cailloux qui sont tout debout en Armorique, où c’est que j’habite désormais. L’Armoricain est festif et taquin, surtout quand il est bourré un peu pompette. Tu dégusteras des crêpes salées (on dit des galettes) et des crêpes sucrées, tu pourras faire comme à Marrakech et prendre les autochtones pour des cons  en essayant de négocier le prix des menhirs en plastique. Tu pourras, en bonne petite parisienne sûre de sa supériorité culturelle et sociale, t’extasier sur les costumes typiques des vioques dans les villages reculés et sauvages où il n’y a même pas de détaillant Dior ou Chanel, et battre des mains comme une otarie follement enthousiaste à la vue des coiffes qui te feront immanquablement penser à une publicité soooooooo funny où trois indigènes édentées s’écrient « piiiirate » en vantant les mérites de plats traditionnels et complètement artisanaux du pays Bigouden (car tu sais, toi, que les rumeurs qui courent sur l’origine du mot tipi’ak et qui prétendent qu’il signifie seulement « tapioca » en guarani au Brésil, ne sont que des commérages stupides). Tu pourras aussi t’amuser à chercher le fameux rocher où Arthur a planté son épée qui casse pas, et même assister à des soirées de folie au cœur de la forêt de Brocéliande en compagnie de dizaines de pervers à oilpé sous leurs robes blanches qui se trémousseront en braillant « par Belenos et par Toutatis, fais donc tourner l’ecstasyx«, qu’à côté les nuits à Ibiza c’est rien que des tournois de bridge pour retraités cacochymes.

Je précise que si tu réserves un hôtel, un emplacement de caravane, une chambre d’hôte chez la Mère Le Floch, un cagibi merdique dans un Formule 1 ou même une place au fond de l’étable d’un éleveur à Plumelec, je me fais fort de t’obtenir un rabais de 25% sur la Flûte Gana et le pain aux neuf céréales chez M’âme Nedelec (c’est ma boulangère).

Bon, alors tu viens, oui ou merde?


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