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Qui décide ? qui paye ?

Publié le 02 mars 2010 par Suzanneb

En voilà un méchant problème.

Les jeunes ne s’en souviennent pas mais, dans les années 60 il fallait payer pour voir un médecin, généraliste ou spécialiste. Tu t’assoyais là devant lui, il faisait sa job et ensuite tu payais.

En sortant tu ramassais la facture (plus ou moins salée). Tu t’en retournais chez toi et crois-le ou non, sans calculatrice, sans ordinateur ni cours de sciences, en ne te fiant qu’à ton gros bon sens, tu DÉCIDAIS (oui oui…! genre sans gouvermaman) de ce que tu devais faire, c’était la loi du marché et du gros bon sens:

  • tu pouvais suivre les conseils du médecin et retourner le voir si nécessaire (rapport qualité/prix jugé acceptable);
  • tu pouvais les flusher, lui et ses conseils (rapport qualité/prix jugé inacceptable);
  • si tu n’avais pas les moyens tu pouvais bénéficier de la charité d’un bon médecin, humain et empathique, c’était bon pour son image en plus;

C’était une autre époque, ton gros bon sens il était éveillé, il présidait à toutes tes décisions, il savait prendre soin de ton budget, ta santé, tes enfants, tes parents, tes voisins… et vu qu’il se débrouillait bien, il n’avait pas besoin de cinquante sortes d’assurances ni de somnifères, encore moins de viagra.

Puis l’état providence est arrivé, avec ses réformes, ses promesses (somnifères) et ses excès. C’était le temps où la science, (la médecine en particulier) prenait de l’expansion jusqu’à s’imposer dans nos vies comme une souveraineté indiscutable. Et les services que cette science délivrait devinrent gratuits (sic), comme d’autres services, nécessaires mais imparfaits. Privé des données (prix) pour évaluer le rapport qualité/prix, le citoyen s’est doucement endormi.

Tranquillement, le gros bon sens a fini par s’effacer et la nature ayant peur du vide, l’a remplacé par toute une série de «décisions préfabriquées» aux divers moules de cette société émergente, basée sur l’économie, la productivité, l’illusion.  Toutes les classes de la société se sont adaptées, les gros et les petits, chacun y trouvant son compte. Chacun oubliant que, finalement, même s’il n’y a pas d’argent qui passe de la main du client à celle du professionnel, c’est exactement ce qui arrive, sauf que les tarifs ont monté en ciarge ! On a divisé la charge sur un grand nombre de petits, pour que les gros empochent plus… sans que ça paraisse. Pas vus pas pris.

Est-ce que l’illusion de ne pas payer nous fait perdre de vue la réalité? On ne se demande pas si le médecin est compétent, du moment qu’il prescrit un médicament… on ne se demande pas si on pourrait rester chez soi le temps que la petite rougeur passe, du moment que l’urgence n’est pas loin… on ne se demande pas pourquoi ce médecin veut nous faire repasser les mêmes tests qu’un autre a déjà faits ni combien ça va coûter à la collectivité: l’illusion du gratuit.

docteur-cash
Avec un droit, vient une responsabilité, c’est bon dans les deux sens. Les hôpitaux sont devenus des usines et les médecins des travailleurs à la chaîne. Plus longtemps ils œuvrent dans ces institutions déshumanisées, plus ils perdent leur humanité. Rares sont ceux qui conservent leur jugement et leur sens de l’éthique sous les pressions pharmaceutiques et administratives.

Dans certains pays, les professionnels de la santé sont payés au résultat. On leur assigne une quantité X de patients et leurs revenus sont proportionnels au taux de survie et de bien-être de cette clientèle (appelons un chat un chat).


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