Magazine Séries

(UK) Being Human : series 2, episode 8 (Finale)

Publié le 03 mars 2010 par Myteleisrich @myteleisrich

Being Human revient s'embourber quelque peu dans ses travers classiques, avec cet épisode de clôture d'une saison qui aura pourtant été, incontestablement, plus solide et prenante que la première. Elle aura apporté une consistance aux personnages, prenant le temps de les développer et de leur faire gagner en complexité. Les storylines auront été diversement maîtrisées, mais dans l'ensemble intéressantes. Ne restait qu'à gérer le final, avec l'exposition du fil rouge qui aura tenu tout au long de la saison. Cependant, ce season finale, assez brouillon, n'aura pas tenu toutes ses promesses.

bh208f.jpg

Annie et George se sont désormais intallés, aux côtés de Nina, dans les locaux de l'organisation religieuse. Ils attendent patiemment la pleine lune, pour poursuivre les expérimentations dans le caisson d'isolation. Or, si George et Nina espèrent une guérison, les scientifiques ont, pour leur part, déjà commandé les sacs mortuaires où seront rangés leurs cadavres après la nuit fatale. L'épisode prend le temps, dans sa première partie, d'explorer un peu plus la relation entre ces deux-là, que la saison avait laissée quelque peu en hiatus, entre les peurs de la jeune femme et les lubies familiales de George. J'aime beaucoup la dynamique qui s'installe naturellement au sein de ce couple, complémentaires en bien des points, mais aussi très différents. Leurs rapports entre eux, mais aussi face à leur condition de loup-garou, permettent des échanges qui sonnent juste et que les scénaristes semblent bien maîtriser. La façon dont ils expriment leurs hésitations parait toujours très authentique, ce qui leur confère une touche profondément humaine qui est un des éléments le plus réussi de cet épisode.

bh208e.jpg

Pourtant, l'épisode va peu à peu basculer, d'un récit quotidien quasi inoffensif à un ersatz de film d'horreur non identifié. En effet, les scénaristes s'emploient à recréer une ambiance d'épouvante, en utilisant des ingrédients très classiques pour marquer l'arrivée de Mitchell dans le bâtiment. Les vampires ne se reflètent pas dans les caméras de sécurité, ce qui nous offre des portes s'ouvrant toutes seules. Complètement hors de contrôle, le désir de vengeance de Mitchell nous procure une série de scènes assez gores, marquées par un recours important à une bonne dose d'hémoglobine, alors qu'il tue un à un les membres de l'organisation secrète. Le tout se passe dans un décor de faux classique d'horreur : au sein d'un vieil immeuble, l'électricité qui fonctionne par intermittence fait clignoter les lumières, plongeant pendant quelques secondes les lieux dans l'obscurité. Cette atmosphère inspirée de scènes d'épouvante apparaît finalement comme une sorte d'hommage des scénaristes, à un genre auquel ils ne prétendent pas, mais qui confère un certain piquant à ces scènes. Being Human n'est pas une série d'horreur, mais, comme elle l'a déjà démontré, elle prend beaucoup de plaisir à emprunter des références à tous les genres très divers du fantastique, même si cette exploitation ne consacre jamais totalement un parti pris et s'assimile parfois à un cahier des charges à la mise en scène pas toujours très naturelle.'

bh208d.jpg

L'épisode va fonctionner en deux conclusions successives. La première correspond au drame qui se déroule au QG de l'organisation religieuse. L'arrivée de Mitchell précipite et bouleverse les plans, mais tout le monde ne pourra pas être sauvé. Si George et Nina, forts du lien qu'ils ont renoué entre eux en se côtoyant quelques jours, font face et, comprenant que quelque chose cloche, parviennent à échapper à des geôliers paniqués par les massacres causés par Mitchell, ce n'est pas le cas d'Annie. L'ex-prêtre enlève le masque et se transforme pour l'occasion en caricature de méchant fanatique, renvoyant Annie, par la force, dans l'au-delà, au plus grand désespoir de ses amis.

Si certains moments sont intenses émotionnellement, les problèmes de cohésion d'ensemble de ces diverses scènes entravent quelque peu leur impact. George, se refusant d'abandonner Mitchell, va intervenir pour l'empêcher de tuer l'ex-prêtre. Il est étrange de constater que, au final, la vengeance du vampire n'aura finalement fait que des victimes collatérales  : s'il a beaucoup tué, au moment d'exécuter les deux figures réellement responsables de l'explosion, Lucy et l'ex-prêtre, il aura à chaque fois flanché. C'est typiquement ce problème de versatilité qui affaiblit un peu la cohérence d'ensemble, comme l'illustre la conclusion véritable de l'épisode. 

bh208c.jpg

En effet, alors même que les deux leaders extrêmistes avaient survécu au raid du vampire à leur QG, c'est trois semaines plus tard qu'ils vont finalement apporter une conclusion définitive à leur existence, d'une façon très artificielle. George, Nina et Mitchell se sont réfugiés à la campagne, dans un lieu un peu isolé, et ont repris une routine difficile. Nina se considère responsable de ce qui est arrivé à Annie, George ne s'en remet pas et Mitchell ressasse ses actions, chacun semblant s'inscrire à porte-à-faux par rapport aux deux autres. Or, rompant ce fragile équilibre, Lucy débarque un jour, cherchant à comprendre, à atteindre un pardon. Son attitude et le traitement de ses rapports avec Mitchell m'ont laissé profondément perplexe. Après son discours passionné sur le caractère monstrueux des vampires et des loups-garous, sur leur non-humanité, lors de sa confrontation avec Mitchell au QG, la voilà qui semble avoir considérablement évolué, en raison de la supposée culpabilité d'avoir provoqué la mort de quatre loups-garous. Le plus étrange étant sans doute que Mitchell soit presque prêt à lui offrir une seconde chance, ou du moins, accepte qu'elle dorme chez eux pour une nuit. En réalité, cette évolution brutale de cette relation n'est qu'un prétexte construit à la va-vite par les scénaristes pour recréer un semblant d'impact émotionnel au cours de la vraie scène de fin de cette storyline. Le retour de l'ex-prêtre, au milieu de la nuit, et la confrontation que cela engendre, conduit à une seule mort : celle de Lucy. C'est très artificiel, un brin bâclé, et le téléspectateur ne sait trop quoi en penser. Cela donne aussi l'impression que les scénaristes souhaitaient véritablement clôturer les comptes au sens propre, refusant de laisser le moindre personnage en suspens. Le fait que tout cela soit décalé de trois semaines avec le drame du QG fait perdre considérablement, en force et en crédibilité, à ce dénouement.

Peut-être était-ce une volonté de parvenir à introduire les fils directeurs de la troisième saison. Annie, désormais dans l'au-delà, revient  un bref instant pour entraîner avec elle l'ex-prêtre, à travers la porte ouverte pour Lucy... Les scénaristes distillent donc un mince espoir : la possibilité que la fantôme revienne, puisqu'elle existe toujours en tant qu'individualité, dans ce qui paraît être une bureaucratie mortuaire infernale. Les liens entre les trois ex-colocataires auront encore une fois prouvé leur intensité, pas toujours rationnelle mais toujours très profondément ancrée. En parallèle, Daisy -qui avait étrangement disparu dans cet épisode- et une autre vampire survivante réalisent un rituel assez étrange qui aboutit à une résurrection un peu tirée par les cheveux, mais qui marque le retour d'un personnage emblématique de la série : Herrick.

bh208b.jpg

Bilan : A partir d'un scénario très (trop?) dense, ce final aura offert un épisode assez peu maîtrisé, survolant les thématiques sur l'humanité, la vengeance et autres classiques, tout en démontrant une versatilité dans l'écriture parfois un peu naïve ou maladroite, dont le traitement quelque peu schizophrénique de Lucy, ainsi que sa conclusion, est l'exemple le plus frappant. L'épisode contient de nombreux éléments dispensables (tel l'étrange attrait de l'ex-prêtre pour Lucy, vaguement introduit en une scène suggestive, puis envoyé aux oubliettes), ce qui donne l'impression qu'il part quelque peu dans tous les sens. Les scénaristes ont peut-être pêché en voulant trop en faire ; ce qui produit finalement une explosion finale quelque peu ratée, car trop forcée.

Being Human reste pourtant pragmatique, adressant un signe à ses téléspectateurs, en posant d'ores et déjà les grandes problématiques de la saison 3, avec la quête d'Annie d'une part, la gestion du "retour" d'Herrick de l'autre, le tout dans un environnement géographique désormais plus rural.


NOTE : 6,5/10

Bilan global de la saison :
En dépit d'une conclusion poussive et assez maladroite, il ne faut pas remettre en cause un constat évident de cette seconde saison : elle aura incontestablement été mieux maîtrisée et plus aboutie que la précédente. Bénéficiant d'épisodes plus équilibrés, débarassés dans l'ensemble des temps morts et ruptures de rythme qui avaient handicapé la première saison, cette seconde fut par bien des côtés peut-être plus ambitieuse, capitalisant pleinement sur l'univers créé, explorant ses limites ainsi que celles des personnages. L'écriture aura conservé sa naïveté parfois quelque peu maladroite, mais ce fut globalement plaisant à suivre ; et le seul réel regret réside dans la façon dont la storyline sur l'organisation religieuse aura connu son dénouement, les deux derniers épisodes auront été moins assurés, semblant privilégier des effets de style à une réelle cohérence scénaristique. Un manque de rigueur quelque peu dommageable.


NOTE : 7,5/10


Voilà donc achevée la deuxième saison de la série. Je serais, sans hésitation, au rendez-vous pour la prochaine.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Myteleisrich 787 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines