La foule vociférait. Réclamait le pain et les jeux. Les avait. Mêlée à eux à son corps défendant, on l'avait forcé, elle ne voulait pas y aller, son père lui avait dit qu'il fallait montrer le pourpre de sa toge au peuple qui regarderait vers la loge patricienne, la princesse s'ennuyait...
Elle s'est prise au jeu, les cris, la foule magnétique, la chaleur, ces odeurs âcres mais attirantes. Elle s'est trop approché du bord des arènes de la vie. De cette vie là, grossière, insatiable, vorace et sans pitié.
Spectatrice imprudente, malheureuse princesse ! Elle a basculé et est tombée quelques mètres plus bas sur la piste de sable. Hébétée, s'est relevée, a essayé de demander de l'aide. Elle n'a pas vu arriver ce gros lion noir qui venait juste auparavant de dévorer le gladiateur.
Sauvage et féroce, il a vu cette nouvelle proie, l'a immédiatement désirée. Il lui a sauté dessus, d'un seul coup de patte l'a tuée, non sans regret... Il ne l'a pas dévoré, s'est assis à côté, s'est contenté de regarder ce corps qu'il venait de briser en se léchant le flanc. Satisfait.
Au-dessus de lui la foule continuait de hurler, de gronder, de s'amuser...