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Le role de l'Etat dans la reconstruction d'Haiti On est...

Publié le 03 mars 2010 par 509
Le role de l'Etat dans la reconstruction d'Haiti
On est un Etat ou on n'est pas un Etat!
De nos jours, Haiti est considérée par les autres, à tort ou à raison, comme un Etat failli, mais il ne demeure pas moins qu'Haiti est un Etat, reconnue comme tel par la communauté internationale. Ce n'est pas le moment de faire l'historique de cet Etat, ni de juger ceux qui ont été au timon des affaires, qui ont fait une gestion politique catastrophique de cet Etat et, en conséquence, ont conduit le pays à une situation lamentable. Il demeure entendu qu'Haiti est un Etat, selon la conception moderne et contemporaine du terme. Certes, Haiti est un Etat dominé, exploité et vassalisé, mais elle reste quand même un Etat.
Un Etat se prend en charge, un Etat doit se prendre en charge. Pour le moment l'Etat haitien n'a pas la charge d'Haiti. Pour venir en aide à la communauté internationale, Haiti doit se prendre en charge, petit à petit, pas à pas, comme un enfant qui apprend à marcher. Après avoir constaté les immenses dégats causés par le terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010, beaucoup de compatriotes haitiens pensaient que la reconstruction nationale offrirait à Haiti une possibilité de se prendre en charge.
Un Etat, pris dans un sens plus large maintenant, est un projet politique en devenir, c'est une commnauté en perpétuelle redéfinition, c'est un peuple, formant un pays unique, c'est une nation avec une identité à part entière.
L'Etat haitien, pris dans le sens d'un porte-drapeau, de souveraineté politique par rapport à d'autres Etats de la communauté internationale, est à reconstruire. Il nous reste le peuple (communauté d'hommes et de femmes unis dans un même destin), la nation (comme idée généreuse), le pays (du point de vue physique), le territoire (au propre et au figuré).
Pour le moment le séisme meurtrier a mis le peuple à genoux, il a été boursillé dans sa fierté historique légendaire. Il en faudra un certain temps avant que les choses reprennent un cours normal et aillent un peu mieux.
Peut-on demander à un peuple à genoux de se prendre en charge? Pas tout à fait. Mais le pays continue d'exister, le territoire sur lequel est constitué l'Etat haitien est présent dans la cartographie du monde. Tant qu'il existe un territoire, des hommes et des femmes qui forment la nation, et considérant que le génie, la science, l'intelligence, la technologie, les techniques, les arts du développement n'appartiennent à aucun groupe social, à aucune ethnie en particulier, on peut espérer que le peuple haitien se redresse au moment opportun et faisse des exploits et des merveilles à un moment ou à un autre.
Il y une condition sine qua non au progrès matériel, économique et social d'un pays: l'Etat doit être un acteur régulateur et facilitateur. L'Etat, même en période de calamités et séismes de grande magnitude, a des responsabiltés de souveraineté politique envers les citoyens du pays. En ce sens, l'Etat haitien doit être en mesure de définir le rôle de chacun, de chaque partenaire national et international, impliqué dans la coopération ou le développement. Par exemple, l'Etat devra pouvoir définir le rôle véritable des ONGs qui ont poussé comme des champignons à la faveur du séisme du 12 janivier. Le pouvoir haitien actuel a récemment déclaré que les ONGs sont passées de 400 à 1000 entités. Parbleu! Haiti est en train de se transformer en république des ONGs. On ne peut pas l'imaginer!
L'Etat haitien, malgré sa faiblesse structurelle actuelle, doit prendre ses responsablités. Il a un rôle essentiel à jouer dans la reconstruction du pays. Aussi, la communauté internationale, en première loge les acteurs comme l'ONU, les USA, le Canada, le Brésil, a un rôle fondamental à jouer: c'est de ne pas confier, Oh Seigneur! le développement et la reconstruction d'Haiti aux multiples ONGs specially made for Haiti.
Les ONGs, partout ailleurs, ont un rôle de partenariat et d'accompagnement de la société civile, mais pas de développement économique et de reconstruction nationale. Elles ne peuvent pas concurrencer ni remplacer l'Etat. A t-on jamais vu un pays se développer et se libérer avec l'aide des ONGs? C'est toujours l'Etat qui est au coeur du développement national d'un pays, soit comme instance accompagnatrice des forces vives de la nation qui font fructifier les moyens de production, soit comme agent accélérateur de premier ordre par la mobilisation des capitaux, des hommes et des femmes, ou les deux à la fois.
On est un Etat ou on ne l'est pas. L'Etat, par vocation historique, a un rôle d'orientation, de régulation et de contrôle. L'Etat a un rôle de faire faire, de définir les règles du jeu. On ne doit pas avoir peur et ne pas prendre des décisions qui s'imposent sur le fonctionnement des ONGs en Haiti pensant qu'elles plieront baggage aussitôt. Point de cela. Bon nombre de ces entités ont besoin d'Haiti comme Haiti a besoin d'un certain nombre d'entre elles. C'est connu que certaines d'entre elles trouvent leur existence ou leur raison d'être de la situation de crise, de nature politique ou naturelle, qui sévit en Haiti. D'un autre coté, d'autres ONGs verront de bon oeil l'adoption de mesures optimales de fonctionnement et un plan d'orientation stratégique. C'est à dire des balises et des lignes directrices pour tous, mais connues de tous.
Il y a un accord sur une question fondamentale. Le séisme du 12 janvier offre une opportunité historique de développement, de reconstruction et de modernité pour Haiti, pour l'Etat, la nation, le pays et la commaunauté nationale. L'Etat d'Haiti qui se reconstruit doit prendre en charge les destinées du pays, dans l'intérêt même de la communauté internationale.
Il va de soi, dans le cadre de la reconstruction nationale, l'Etat doit commencer à relever la tête et doit prendre un certain nombre de décisions stratégiques. Dans ce contexte post-séisme, qui crée une situation de confusion, l'Etat doit commencer par définir ou re-définir son rôle régulateur avec la rigueur politique qui s'impose.
Watson Denis, Ph.D.

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