En Inde, tous les arguments sont bons, même les plus absurdes, pour ceux qui s'opposent à la dépénalisation de l'homosexualité, prononcée l'an dernier par la Haute cour de Justice de Delhi.
La Haute cour avait déclaré que l'article 377 du code pénal de 1860, qui criminalisait les relations homosexuelles consenties, surtout la sodomie, constituait une "violation des droits fondamentaux" de la Constitution indienne.
Il y a d'abord eu Swami Baba Ramdev, gourou hindou new-âge adulé dans son pays.
Moins d'une semaine après le jugement du 2 juillet 2009 en faveur de la dépénalisation de l'homosexualité en Inde, le yogi médiatique dont les prédications sont suivies par des millions de fidèles à la télévision, avait déjà contesté le verdict de la Haute cour de Justice.
Il avait déclaré "Cette décision enfreint la structure du système des valeurs indiennes, de la culture et des traditions telles que dérivées des écritures saintes", avant d'ajouter que l'homosexualité "pouvait se soigner comme tout autre défaut congénital, par le yoga, le pranayam (contrôle de la respiration) et d'autres techniques de méditation".
Syed Ahmed Bukhari, imam de la Jama Masjid à Delhi, la plus grande mosquée de l'Inde avait quant à lui déclaré que dépénaliser l'homosexualité "est une erreur totale". Il avait ajouté "Nous n'accepterons pas une telle loi".
Le père Babu Joseph, président de la conférence épiscopale catholique indienne, avait dit avec la dialectique habituelle et hypocrite de l’Église catholique romaine, "respecter l'arrêt de la Haute cour" tout en soutenant que l'homosexualité n'est pas "un comportement acceptable en société".
En huit mois, cette opposition s’est beaucoup développée.
Ces premiers opposants homophobes ont été rejoint par quinze autres protestataires parmi lesquels un parti régional, deux coalitions d'Églises, trois ONG musulmanes et deux astrologues hindous.
Tous ont déposé des requêtes auprès de la Cour Suprême, qui doit se prononcer le mois prochain.
L'État indien, lui, ne présentera aucune objection.
Les opposants à la dépénalisation de l’homosexualité ne ménagent pas leur énergie pour argumenter.
La Fondation Chrétienne Utkal, dans une argumentation pseudo-scientifique ridicule déclare "médicalement, seul le vagin dispose des muscles requis pour des rapports sexuels, et non l'anus".
L'Alliance des Églises apostoliques de Trivandrum, dans le sud de l'Inde, s'inquiète, elle, de discrimination positive en déclarant "étendre le droit constitutionnel à la non-discrimination pour y inclure l'orientation sexuelle pourrait conduire à des revendications de quotas réservés dans le monde du travail".
Du côté de la Raza Academy, une organisation musulmane de Bombay, on préfère hypocritement repousser le problème en disant "la culture indienne sera peut-être prête pour l'homosexualité dans 50 ou 100 ans, mais pas aujourd'hui".
Quant à Bhim Singh, chef du Panthers Party pour la réorganisation du Jammu et Cachemire, il assure dans une argumentation délirante, que "la légalisation de l'homosexualité serait un désastre pour les forces indiennes de défense et de sécurité dans des zones désertes. (..) Les germes de l'homosexualité se sont développés parmi les soldats européens et américains pendant le Seconde Guerre mondiale lorsqu'ils devaient se retirer des années dans les forêts et les collines sans aucun moyen de satisfaire leurs besoins sexuels" .
De leur côté, devant la variété et l'incongruité de certaines déclarations homophobes, les organisations de défense des gays, lesbiennes et transgenres entendent pour l'heure se cantonner à la défense de leur droit à être ce qu'ils sont, sans élargir le débat au mariage, à l'adoption ou à l'emploi.
En Inde comme partout dans le monde, les principaux opposants à la dépénalisation de l’homosexualité sont les institutions religieuses qui au lieu de répandre l’Amour répandent la haine.
Seigneur, pourquoi toujours la discrimination?