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Nous étions si loin, tapis en des igloos secrets, blottis juste sous la cime.
Joies enfantines, froide réjouissance nichée bien au-dessus de la plaine.
De là-haut ce qui vient est vision d’infini.
On rêve un temps de vivre en solitaire, sans lien avec l’horreur grise qui se distingue encore…
Dans la blancheur des pentes entre deux masses sombres d’épicéas, on rit, on chante, on glisse…
Le monde s’éloigne avec ses cris de suppliciés…
Faute d’argent ils crèveront tous, non sous les décombres mais au-dessus, sous les yeux impuissants de ceux-là qui eurent encore un peu d’humanité, et vinrent creuser, inlassablement…
Du sommet de Lure à Haïti n’est qu’un vol d’oiseau : beauté des cimes vierges de toute présence humaine, à la beauté de ces hommes et femmes, unis dans le malheur et qui, coûte que coûte, luttent, sans moyens, à sauver encore quelques parcelles de vie, et reconstruire…
Et pendant ce temps, un président français et son homologue d’Amérique se disputent la suprématie de secours. Et ceux-là tardent, tandis que les militaires se déploient…
Les affaires du monde sont bien trop urgentes à régler pour être encore confiées à ces cyniques individus…
Notre réveil s’il tarde encore, ne pourra que porter les stigmates de toutes les horreurs commises au nom de l’argent roi…
Les riches ont d’autres préoccupations : ils doivent soigner leur apparence au grand bal costumé des télévisions dominatrices…
L’essentiel est ailleurs : sur des cimes enneigées où les pensées errent, solitaires, et dans ces gestes amicaux, sans cesse répétés pour ne point perdre espoir…
Il est une humanité qui palpite en-dessous de la chape de plomb savamment entretenue…
Nul ne vous la montrera du doigt. C’est une affaire de poésie, bien plus sérieuse que les profits honteux.
Manosque, 1er février 2010
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