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Un roman sur Twitter ? La vie rêvée (5)

Publié le 04 mars 2010 par Perce-Neige
Un roman sur Twitter ? La vie rêvée (5)
La palme revenant à Hélène, tout de même. Six ou sept bips en sa faveur. Et quelques insultes, glissées entre deux. On ne relèvera pas. / Une parenthèse vaguement silencieuse d'une correspondante anonyme à l'accent étranger. Les voilà à nouveau sur la piste ? Bon sang... / L'entourloupe d'un notaire, d'un marchand de bien ou d'un agent immobilier quelconque, à l'affut du moindre soupir de votre portefeuille. / L'assurance que vous aviez enfin gagné le gros lot. Trois semaines tous frais payés aux Seychelles. Une Porche turbo, dernier cri. Et puis ? / Un bref appel en provenance d'on ne sait où, mais explicitement signé d'un certain Julien Savouré, explicitement désireux d'une réponse. / Se contentant, même, de beaucoup moins. Deux ou 3 phrases suffisant à son bonheur. Un rapide résumé de la situation et ce serait le paradis. / Comment, alors, qualifier ce qui va suivre ? Car sans même défaire son sac, sans même songer à se préoccuper des six ou sept bips (hum !)... / Sans même imaginer avoir un jour à rendre des comptes, vu qu'il était pas mal à cran avec Rose, les notaires et le reste du monde (hum !)... / Sans même réfléchir une demi seconde à ce que la paternité implique comme responsabilités, et contraintes, et devoirs (hum, hum !)... / Sans avoir jamais hésité un instant, Paul avait pris la seule décision qui lui paraissait raisonnable de prendre. J'arrive, avait-il dit. / J'arrive, s'était-il répété à voix basse, à l'intention de lui-même, plus encore que de Julien Savouré qui l'apprendrait bien assez tôt./ Car à vrai dire, notre homme, à l'instant même, était à cent lieues de s'en douter. Il s'en moquait même comme d'une guigne, croyez moi... / Julien Savouré n'était pas vraiment le genre à se préoccuper des messages qu'il laissait ça et là. Pas le genre à se faire du souci pour ça. / Pas le genre à s'imaginer. Ni à se désespérer. Ni à penser quoique ce soit. Pas le genre du tout, d'ailleurs. Car il avait d'autres idées. / Oh, oui... Julien Savouré avait beaucoup d'idées. Lesquelles tournaient en général autour de 6 ou 7 concepts. Et de 2 ou 3 axes pas plus. / En l'occurrence, au moment précis où Paul s'apprêtait à mettre les voiles, espérant, peut-être, bien davantage qu'il ne le pensait oh oui... / Au moment précis où Paul s'éloignait de son répondeur, abandonnant sans aucun scrupule le reste du monde à son triste sort, marmonnant... / Au moment précis où Paul avait choisi de laisser en plan tout ce qui n'allait pas dans vie peut-être et la liste s'allongeait chaque jour... / A ce moment-là, donc, l'idée de Julien Savouré était bel et bien de retrouver les clefs de l'Austin que le sable semblait avoir englouti. / Une telle entreprise eût peu de chances d'aboutir en plein jour. Bon Dieu, comment savoir exactement sur quelle dune ils étaient passés... / A vingt trois heures et des poussières, fût-ce une nuit de pleine lune, c'eût été une chance extraordinaire de mettre la main dessus ! / Et Julien Savouré d'un naturel pessimiste, ne se faisait aucune espèce d'illusion. Mais il lui semblait difficile de ne pas faire comme si. / D'autant que Delphine commençait réellement à prendre la mouche. Passant alternativement du découragement à la colère. Braillant. Pestant. / Vu qu'ils étaient à plusieurs kilomètres de la civilisation... Et qu'accessoirement elle était censée regagner Le Mans dans la nuit... / Histoire d'être à pied d'œuvre à huit d'heures du mat. Juste le temps d'avaler un café, une tartine, avant de se pointer dans le service. / Si bien que Julien Savouré revenait sans cesse sur ses pas, puis avançait de quelques mètres, s'employait à ratisser méticuleusement... / Retrouvant brièvement des raisons d'espérer. Voilà j'y suis c'est exactement à cet endroit-là que nous nous sommes arrêtés. Sûr et certain. / Se précipitant sur l'ombre d'un buisson, juste avant que la lune ne disparaisse, pour de bon, derrière un sacré paquet de nuages. Putain ! / Et que Delphine ne rapplique aussi sec. Un peu moins chaleureuse qu'une ou 2 heures plus tôt, faut-il le préciser. Un peu moins langoureuse. / Un peu moins exubérante. Et romantique. Attentive au bruit des vagues, à la caresse du vent, à l'envie de folies, courant à gorge déployée. / S'amusant d'un rien d'obscurité. Déclarant Je-te-vois quand elle n'y voyait rien. Cherchant de ses doigts un visage qui souriait. C'est moi. / Ou bien soudain sage. Sérieuse comme à l'accoutumée. Équilibriste et funambule. Explosive. Devine ? Profitant des nuages. Alors ta réponse ? / Incapable de se retenir, au fond. Savourant ses effets. Radieuse quand il s'agissait simplement d'être belle. Car juste l'un contre l'autre. / S'enracinant dans le sable. Devine ? Menant de front tous les combats à la fois. Devine ? Refluant ici pour s'inviter plus loin. Devine ? / Sauf qu'on n'en était loin... Comme si toutes ces sottises n'avaient été qu'hallucinations. Interprétations diverses. Approximations... / Il s'agit de mes clefs, bon sang de bonsoir, je ne rigole pas ! Vu que le doute est permis. Ce n'était pas là, mais plus loin... Putain... / A force, on finit par inventer autre chose. Ce n'est pas de gaieté de cœur, mais comment sortir de l'impasse ? On se prend à raisonner. / D'autant que Julien Savouré commençait à souffrir d'une hanche. Ou du dos, mon Dieu. Quant à son épaule gauche ? Ce n'était pas le moment... / Non pas le moment de lui rappeler tout ça. L'accident, les béquilles et le reste. On rentre à pied, Delphine, c'est mort, je t'assure... / Passons sur la crise de nerfs, les piétinements enragés, les sanglots comme on en voit peu, les ultimes tentatives, les espoirs déçus... / Passons sur les prières multiples adressées au ciel à Dieu ou à ses saints, Putain je vais devenir chèvre, passons sur l'envie d'en finir... / Passons sur l'idée qu'il existe bien une justice quelque part sinon comment vivre, à moins qu'on ne paye ici nos écarts de langage, passons. / Passons sur la tempête qui s'éloigne, le vent qui s'apaise, la lune désormais souveraine, à midi, juste devant toi, passons... Tu me suis ? / Passons sur le retour silencieux, épousant les sinuosités de la route juste avant le marécage puis le raccourci qui plonge dans les maïs./ Passons sur les cent dix huit minutes montre en main, de rumination solitaire à arpenter le macadam, c'est encore loin tu crois, passons... / Car la suite vaut son pesant d'or, mes ami-e-s ! Car, juste en arrivant, alors même qu'ils viraient à droite, dans l'allée, épuisés, oui... / Réveillant les trois ou quatre clébards qui nichaient à cinq cent mètres à la ronde, se répandaient en hurlements divers et autres vocalises. / Effrayant le matou du voisin qui filait se réfugier illico derrière le lilas, Julien Savouré avait exploré son sac en pensant y trouver... / Oui, c'est exactement cela... Vous avez compris ! Pensant y trouver la clef de la villa, c'est le trousseau de Delphine qui était venu... / Austin et compagnie. Appartement sous les toits à deux ou trois cent kilomètres de là. Boite à lettres de madame. La totale ! Je rêve ?/ Pas vraiment, non ! Julien Savouré ne rêvait pas. Toute cette lamentable affaire était bien réelle. Aussi réelle que possible croyez-moi... / Aussi réelle que la véranda qu'il fallait traverser pour gagner le rez-de-chaussée. Ou que la porte d'entrée qui grinçait affreusement ouah. / On va réveiller ta sœur c'est sûr. Aussi réelle que cette foutue chaise comme par hasard fourrée au milieu du passage. C'est quoi ce truc. / Aussi réelle que l'escalier dont il s'agissait d'enfiler les marches, les unes après les autres, en évitant divers obstacles et bibelots... / Se rassurant comme on pouvait. Cette fois, c'est bon, on peut allumer ! Fermant la clenche derrière soi. Sans pouvoir s'empêcher de ricaner. / Mais tout cela n'aurait qu'un temps, c'est sûr ! Une fois retrouvée la clameur du jour, il faudrait bien régler ses comptes. Avec soi-même. / Aussi avec les autres. Mettre tout cela sur la table. Sans a priori. Accepter d'écouter jusqu'au bout. Quitte à devoir ruminer ses humeurs. / Car on ne peut rien bâtir sur du sable. Le sable, justement, parlons-en. D'abord se remémorer l'enchainement des causes et des conséquences. / Se souvenir du moment. Du geste. De ce qu'on a pu se dire. Ou faire. Vous pensez. Plus tard... C'était moi ? Peut-être. Ou reprendre à zéro. / Puis à la longue viennent d'autres silences. On se prend à sourire. Le café servi dans un bol sert de prétexte. On déambule dans la véranda. / On se félicite. C'est presque la mer qu'on entend pour peu que l'on s'aventure sur le perron. C'est presque le soleil sur tes lèvres dorées. / C'est presque le début de l'été, à vouloir s'en griller une, vite fait, tout en navigant au plus près des lilas, virant de bord, soudain. / Pour aborder la pergola. S'extasier. Découvrir. Retrouver comme un parfum d'enfance. Les pins maritimes. Il suffit de fermer les yeux, non ? / On n'en était pas à se dire tout (oh, non, loin de là, Dieu merci) mais on s'en approchait. On poussait jusqu'à la ruine au fond du jardin. / On restait à bonne distance du puits, à demi effondré. On se touchait l'épaule, ou le bras à la moindre occasion. On prenait un air niais... / On se posait des questions dont on n'écoutait pas la réponse. On se moquait comme de l'an 40 du merle, du couple de rouge-gorge et du reste. / Vous pensez... On s'embrassait avec fougue, brusquement. On se tripotait vaguement. On décidait de rentrer. Ou bien au contraire de rester. / Tout était incandescence. Et prenait une importance infinie. Le temps lui-même perdait toute consistance. On n'était plus les mêmes au fond. / On se réjouissait. On espérait. On se faufilait entre les genets. On se calmait. On apercevait. On racontait. On exagérait. On imitait. / On promettait. On jubilait. On courait à petites enjambées dans l'allée pour rejoindre Jade (et Jacques) qui commençaient à s'impatienter. / Car il n'était pas question d'être de retour à Paris dans la nuit. Alors Julien Savouré avait bruyamment approuvé. Nous sommes là, vois-tu ! / A peine, en vérité ! Juste ce qu'il fallait pour grimper dans la voiture. Orienter les recherches dans la bonne direction. Se concerter ? / Déclarer solennellement qu'il convenait de tourner à droite. Puis à gauche. Puis encore... Non, rien n'était moins sûr. Ils riaient encore. / Feignaient de se disputer. Montaient sur leurs grands chevaux. Récapitulaient. Se remémoraient. Ouah, j'avais raison. Découvrant l'Austin... / Se précipitant sur la plage (comme des gamins ?). Acceptant les embrassades de Jade (et de Jacques). Agitant les mouchoirs ou l'équivalent. / Laissant s'éloigner, enlacés, la BM qui filait vers la nationale. Aspirait au bitume de l'autoroute et n'était plus qu'une rumeur, déjà... / Et puis retour au bercail, c'est cela. Un coup d'œil à droite, puis à gauche. Suffisamment pour se shooter à l'adrénaline. J'en étais sûr. / La camionnette grise avait pointé le bout de son museau, plus loin dans l'allée. Ils n'avaient pas l'intention de laisser tomber, bon sang. / C'était cela le message. Presque subliminal. Juste lui remémorer. Lui rappeler. Histoire de. Julien Savouré se mit à frissonner. Tu viens ? / Ce n'est pas la question, tu sais ! La question était bel et bien que ces types ne lui feraient aucun cadeau. Et qu'ils seraient sans pitié. / Prêt à lui arracher les yeux et même d'autres organes plus intimes, s'il le fallait ! Oh, bon sang, il devenait cinglé avec cette histoire. / Naturellement, il restait tout de même une hypothèse favorable dans tout ce dispositif terrifiant. Il se faisait peut-être des idées, non ? / Le mec à la moustache pouvait ne pas être vraiment le même que celui qu'ils avaient croisés, Paul et lui, six mois plus tôt, c'était hier. / Certes il lui ressemblait. Et la camionnette était la même. Ces affreuses lunettes de soleil aussi. Mais Julien Savouré avait pu se tromper. / D'ailleurs il lui arrivait de délirer. Pas vraiment, bien sûr, mais presque. L'accident lui avait amoché la cervelle, au fond. Il le savait. / Parfois le vrai lui paraissait faux. Et réciproquement. C'était même assez déroutant pour quelqu'un comme lui plutôt sensible, au fond, oui. / Il n'était plus loin de penser qu'il était en train de se rendre malade. Et qu'à force il finissait par voir des moustachus un peu partout. / Des camionnettes grises également. Et des lunettes de soleil affreusement ringardes. Mon Dieu débarrassez moi de toute cette réalité./ Laissez moi un peu en paix s'il vous plait. J'ai suffisamment à faire croyez-moi avec Delphine, Maud & compagnie. Déjà je ne m'en sors pas. / Précisément, il eût été bienvenu de ralentir le pas, de s'extasier devant n'importe quoi (le ciel sans nuages ferait l'affaire), de sourire. / De rester à quelques mètres de la véranda et de murmurer à l'oreille de Delphine ce qu'elle était censée oui, vouloir entendre de sa bouche. / Juste avant de s'embarquer, illico, là, pour une effusion violemment sensuelle, voire franchement érotique à la limite de l'indécence même. / Vu que le voisin, à sa fenêtre, n'avait pas l'œil dans sa poche. Et qu'on ne sait jamais en ces circonstances jusqu'où le désir peut mener. / Mais ce n'est pas le moment de se laisser aller à des digressions franchement pornographiques. Car Julien Savouré se mit à hurler, vraiment. / Manquant de défaillir en apercevant une ombre menaçante, à demi affalée sur la table de la véranda, une méchante valise traînant un coin... / On ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve, mais là c'était comme un cauchemar. Le pire était advenu, sans doute, voila la vérité... / Des vagues, embarrassées d'écume et courtisées par les mouettes, épuisées de lointaines tempêtes, violentées par les cargos sur l'horizon. / Plus qu'un cri, c'était l'aveu d'un échec. Un sentiment d'abandon. La certitude d'être submergé par la marée montante. Comme un face à face. / Mais avec la figure du destin. Le vertige qu'occasionne l'imminence du néant. Tout allait donc finir là, à deux cent mètres de la plage... / Sauf que le cri qu'il avait brusquement poussé avait surtout sorti de sa torpeur l'inquiétante silhouette qu'il avait aperçue. Laquelle... / Laquelle s'était lentement redressée s'extrayant de mauvaise grâce d'un sommeil réparateur, le visage à moitié ahuri, il faut bien le dire ! / C'est à ce moment-là, à ce moment là précisément, que Paul, émergeant à grand peine d'un drôle de rêve, l'esprit passablement nuageux hélas. / Titubant presque, s'accrochant à la table, puis à tout ce qui lui tombait sous la main, à ce moment-là oui qu'il avait commencé à déchanter. / Réalisant qu'il avait sans doute commis une légère erreur d'appréciation. Car sa manie d'interpréter à outrance lui avait joué un sale tour. / Hum. Voilà bien ce que Paul avait peu à peu fini par se dire, oui, alors même qu'il allait au devant de Julien Savouré et de la jeune femme. / Mieux valait peut-être, d'ailleurs, s'en expliquer tout de suite. Et lui parler franchement. Directement. Sans détour. Le prendre à part... / L'entraîner vite fait un peu à l'écart. Julien, s'il te plait, tu m'excuseras... Rejetant les présentations d'usage aux calendes grecques. / A peine le temps d'une poignée de mains, vous pensez. Un bref coup d'œil à cette Delphine qu'il découvrait, mais pas plus, je vous assure. / Car en vérité, Julien, ce message sur mon répondeur sonnait pour moi comme un appel au secours. Je t'ai senti en danger et je suis venu. / Ils se seraient, alors, tous deux longuement congratulés. Célébrant leurs retrouvailles. Rouges de confusion. Car peu importerait, au fond. / L'essentiel n'était pas là. L'essentiel était que Julien avait une mine superbe. Boitant un peu, mais à peine. Et en si charmante compagnie. / Paul était maintenant tout à fait rassuré ! Tout à fait heureux aussi. Tout à fait prêt à lui raconter la Chine, les trafics de médicaments. / Les trucs assez invraisemblables qu'il avait fini par découvrir. Son escale à Belgrade. Les confidences tardives de l'attaché d'ambassade. / Sauf que c'est toujours un peu pareil. On n'est jamais là au bon moment avec la bonne personne. On dit oui quand on pense non ou à peu près. / Et quant à déblatérer vraiment ce qui nous tient à cœur. Ce que l'on estime vrai à 95%, ce qui nous vient du fond des tripes ou d'ailleurs / Ce qui nous saccage, nous obsède, nous force à mentir, nous ensorcelle contre vent et marées, nous roule dans la farine, nuit et jour... / Et bien laisse tomber ! Sauf à casser les miroirs, ou à vivre sans mémoire, seul au fond des bois, de racines et de l'eau du torrent... / J'exagère à peine, on peut me croire. Et ni Paul, les lunettes de soleil sur le nez, ni Julien, pâle comme un linge, ni Delphine qui dansait / ne faisait exception à la règle. Il faut donc en rester à des propos plus simples. Moins sophistiqués. La réalité est assommante, souvent... / On ne saurait dire autrement qu'ils avaient, tous les trois, décidé de ne pas rester plantés là. Optant pour une escapade au village voisin. / Sans autre motif que le plaisir de déambuler paresseusement sur le port, de jouer les vacanciers en goguette, de commenter, de s'esclaffer. / De retourner trois pas en arrière. De s'étonner. Complimentant le premier pêcheur venu qui n'en demandait pas tant. Admirant le paysage. / Arrivés au bout du quai. S'extasiant des collines qui descendaient jusqu'à la mer. Le moutonnement des vergers au loin se mêlait aux vagues. / On ne savait plus très bien si le frémissement de l'horizon, qu'on apercevait entre 2 navires, venait, ou non, d'une coquetterie de la côte. / Ou d'une monstrueuse excroissance de la mer, ignorée des manuels de géographie et des cartes d'état-major. Julien reprenait des couleurs...

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