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Equipe de France : et si elle cédait sa place à la Coupe du Monde ?

Publié le 05 mars 2010 par H16

Un ami m’a fait part de cet article fort intéressant, maintenant publié sur Contrepoints, posant une question iconoclaste alors que la Coupe du Monde se profile, et alors que certain député réclame déjà la tête de Domenech : et si la France, toute honte bue, cédait sa place à la Coupe du Monde et réparait le tort causé à l’Irlande ? L’article mérite largement un petit copier-coller ici (fait avec l’autorisation de l’auteur, cela va de soi) …

Depuis 2002 , l’équipe de France de football offre à ses supporters un spectacle morne et désolant. Si l’on omet l’exception qui confirme la règle, la Coupe du Monde 2006 où un sursaut d’orgueil des grands anciens avait produit un beau parcours, malheureusement sabordé en finale par nul autre que Zinedine Zidane lui-même, ses prestations sont régulièrement d’une tristesse à faire pitié.

Pour ceux qui suivent le football, prenez un instant calme pour vous remémorer. La phase finale en 2002, le geste sauvage de Henry qui lui vaut un rouge. Trézéguet rempli de joie parce qu’il vient de manquer un but. 2004, l’absence totale d’animation du jeu. Et 2008, où la France avait réussi l’exploit de perdre 4-1 contre une équipe qui a ensuite elle-même perdu 3-1 contre une autre équipe qui au bout du compte s’est, elle, inclinée 4-1 puis 3-0 contre l’Espagne. Ce qui illustre bien le niveau où elle se situait.

Les phases qualificatives, qui sont toujours un supplice à regarder, sont à l’avenant.

Il n’est donc pas interdit à l’observateur averti de s’imaginer que ce scénario va se répéter cet été en Afrique du Sud. Il suffit de voir le jeu produit cette semaine contre l’Espagne, qui elle joue un football au gout du jour, c’est-à-dire consistant à réussir ses contrôles et à bien doser ses passes, pour s’en convaincre encore plus.

Cette constatation faite, on ne peut repenser sans honte à la façon dont cette qualification a été acquise. Et ce d’autant plus que l’équipe d’Irlande, éliminée par tricherie caractérisée, est tout le contraire : quel que soit son niveau, on peut être sûr que ses joueurs feront honneur au football en donnant tout ce qu’ils ont chaque minute de chaque match. Bien loin des notables en bleu qui donnent l’impression que leur présence sur le terrain est en soi en faveur dont le monde devrait leur être reconnaissant.

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Mais comment en est-on arrivé là ? Bien que ne connaissant pas les finesses du fonctionnement interne des organes du football français, il me semble pouvoir mettre en avant, parmi les causes de ce malaise, certaines qui forment comme un miroir de problèmes plus graves qui frappent notre pays souffrant. On pensera par exemple au manque de méritocratie, à la fiscalité et à la mentalité anti talent, et au rôle néfaste de la subvention.

Sur la méritocratie : comment penser aujourd’hui que Raymond Domenech doit son poste à son savoir faire, c’est-à-dire que sa performance, en terme de choix de joueur et de tactiques, est si bonne qu’il n’existe pas d’autre homme qui pourrait faire mieux. Par quelque bout qu’on se pose cette question, comment répondre oui ? On ne peut pas empêcher un sentiment de flotter que sa principale qualité est de ne pas menacer tous les petits jeux de pouvoir, de connivences et de privilèges qui se jouent au sein des instances nationales. Son rôle ne serait alors pas de produire la meilleure équipe possible mais plus simplement, de ne pas secouer un juteux prunier.

Sur la fiscalité et la mentalité, il n’est que de citer Nicholas Anelka lui-même :

« En France, tu ne peux pas faire ce que tu as envie. J’aimerais bien habiter en France, mais ce n’est pas possible. On sait pourquoi, niveau fiscalité… Si je veux rouler en grosse voiture, je suis regardé différemment. Je ne veux pas jouer au foot et payer 50 % de ce que je gagne. L’argent que j’ai, il est pour mes enfants. Si je peux leur offrir quelque chose, je le ferai là où il n’y a pas de fiscalité. Si certains sont choqués, tant pis. Mais la France, c’est un pays hypocrite. »

Mettons nous à sa place et à celle de ses collègues : n’est-il pas difficile de trouver l’envie de tout donner à un pays où, dès qu’on réussit par ses propres efforts et ses propres moyens, une clameur s’élève pour vous prendre toujours plus de fruits de votre labeur ? Tous nos meilleurs joueurs quittent le pays le plus vite possible la minute où ils en ont l’opportunité. Et cela ne s’applique bien sûr pas qu’aux sportifs. Pourrait-on alors leur en vouloir si, même sans s’en rendre compte, inconsciemment, cela diminuait un tant soi peu leur envie de donner tout à fait autant en équipe nationale qu’ils ne le font en club ?

Enfin, il semble évident que la subvention est un puissant corrosif du talent, de la motivation et de la performance. Les plus grands clubs Européens qui dominent le jeu sont des entreprises privées qui trouvent elles même leurs moyens financiers. Leur bilan est dans certains cas dangereusement déséquilibré, mais il s’agit bien là d’un problème de gestion. Les grands clubs anglais sont, ainsi, propriétaires de leurs propres stades, qui n’ont pas besoin de relever de marchés publics.

Par comparaison, prenons l’exemple du Paris Saint Germain, qui au cours de sa courte existence a touché des centaines et des centaines de millions d’Euros de l’argent des contribuables, dont certains n’ont aucun intérêt pour le football, pour les performances que l’on voit. En football comme partout, la subvention affaiblit là où elle prétend renforcer.

Pour rendre sa vitalité à ce beau jeu dans notre pays, comme dans tous les domaines, le recul des impôts et charges, des jeux d’influences et de connivences, et de la subvention, seraient bienvenus.

En attendant, plutôt que d’aller en Afrique du Sud et y perdre ses derniers supporters dans la lignée de ses prestations depuis huit ans, pourquoi l’équipe de France ne se rendrait pas ce service à elle même, et à ce jeu que nous aimons, et à cette belle fête qui nous revient tous les quatre ans, de réparer sa tricherie et de céder sa place à l’Irlande, dont on sait qu’elle fera honneur, elle, à la compétition ?

(Nick de Cusa)


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