L'actualité politique n'est guère motivante. Entre d'un côté, la campagne des petites phrases, et de l'autre, la résurgence d'un équilibre UMPS que l'on croyait aboli, il n'y a que peu de raisons de se montrer optimistes pour l'avenir.
Et ce ne sont pas les résultats, mais pis encore, le jeu déployé par l'Equipe de France de Football qui vont remettre du baume au coeur des Français.
Or, alors que j'échangeai avec d'autres internautes sur ce désamour entre la sélection nationale et le public, la conversation digressa sur les rapports conflictuels entre le peuple et le football en lui-même.
Aussi, résidant en Angleterre, et issu d'une culture fortement portée sur le ballon rond, je ne pus qu'affirmer avec aplomb que la France n'a pas de véritable culture footballistique. Ceci n'a pas manqué de provoquer les foudres de quelques uns qui s'offusquèrent que l'on mêlât "culture" et "football".
Or, ces réactions n'ont pas manqué de provoquer en moi un intérêt tout particulier car symptômatiques, à mon sens, des sources de ce désamour: la condescendance.
A l'instar de cet internaute, certains feignent d'ignorer les différents sens que l'on peut donner au terme "culture" dans la langue française, je me permets ainsi de rappeler que si ce mot peut en effet, désigner l'art de cultiver les pommes de terres et les esprits, c'est aussi un synonyme de "civilisation", de "société de", etc. En bref, un mot désignant une caractéristique essentielle d'un groupe, d'une société, d'une civilisation, d'une nation.
On parle donc indifféremment de culture de la gagne, culture du mensonge, culture d'entreprise, culture de la triche, culture de la modestie, et donc de culture du sport.
Or, si j'évoquais la "culture du football" défaillante en France, c'est essentiellement pour souligner que ce sport ne rencontrent pas une ampleur et un succès tels que l'on peut en dire qu'il s'agit d'un élément essentiel à la définition de la nation française.
Aux esprits chagrins, inutile de nous ressortir la litanie sur l'intellect, cultiver la passion du football, contrairement à ce que sous-entendent certains, n'est pas exclusif d'une activité intellectuelle bien que ce soit, j'en conviens, l'image qui persiste dans l'inconscient collectif français et qui fait que justement la France et le football, c'est "je t'aime, moi non plus".
Lorsqu'il s'agit d'exalter la fibre patriotique, de brandir du drapeau bleu-blanc-rouge, c'est "je t'aime". Dans les autres cas, c'est "moi non plus". Ce qui fait que le football de clubs, ou l'esprit footballistique n'est pas à la hauteur de la ferveur que l'on peut rencontrer chez nos plus proches voisins européens: Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne et Portugal.
Rappelons aussi au passage que la culture, c'est l'art d'élever le corps et l'esprit. Mens sana in corpore sano.
Or, il semblerait qu'une tendance se soit inscrite dans la société française depuis de nombreuses années et que l'on peut en outre retrouver dans notre modèle scolaire: la valorisation de matières dites "nobles" au mépris d'autres telles que le sport (ou devrait-on dire, l'éducation physique et sportive). Ce qui fait que l'on inscrit dans l'inconscient collectif depuis notre plus tendre enfance que les élèves qui brillent dans ces matières ne valent pas ceux qui excellent en mathématiques ou en français, contribuant à une standardisation exécrable et une exclusion de ceux qui n'entrent pas dans le moule du collège unique.
Or rappelons que la culture malgré le sens que ces intellectuels bienpensants entendent lui donner, ce n'est pas uniquement l'érudition en des domaines artistiques et/ou scientifiques. On peut feindre d'ignorer l'importance du football dans certaines sociétés telles que dans certains pays d'Amérique du Sud ou d'Europe du Sud, cela ne changera en rien qu'il y existe une véritable culture du football en parallèle d'autres aspects tout aussi essentiels de leur nation.
Je reprendrais l'exemple du Portugal que je connais bien: le football y est un élément essentiel de la société, à côté de la religion, de l'histoire du pays, de son rapport avec ses anciennes colonies, de la "saudade", du fado, de la gastronomie populaire, de son indiscipline, de sa littérature, de sa ruralité, de sa superstition, de son passé colonialiste, de son folklore, des bals populaires, de la variété, de son rapport avec l'agriculture, de la douceur de vivre, etc...
Encore une fois, je crois justement que derrière ce refus de vouloir reconnaître le football comme un élément essentiel de la société française, se cache la raison qui fait que le football ne pourrait bien ne jamais être véritablement populaire en France: une condescendance collective qui prêterait un caractère avilissant à la passion pour le football fondée sur des postulats emprunts d'arrogance et de mépris.
Pourtant, la France, ce n'est pas seulement que les Lumières, c'est aussi Koppa, Platini et Zidane. Et ce n'est pas faire déshonneur aux uns que d'avouer aimer les autres...