Magazine

Etat chronique de poésie 833

Publié le 06 mars 2010 par Xavierlaine081

833

Alors je sais que tout se fait bien au-delà de ce qui est visible.

Lorsque toutes voiles dehors je vais vers le soleil couchant, j’entends à fond de cales les longues plaintes…

Je vois les infinis génocides qui se poursuivent, en des vallées andines…

Le mutisme est de rigueur de ce côté-ci du monde…

On feint de ne point voir l’innocente sagaie qui se dresse contre les corruptions…

La terre n’appartient plus aux Hommes. Elle saigne sous l’appât du gain.

Il ne reste que nos mots pour cacher la misère qui nous affuble…

Qu’undescendant des Incas meure sous le joug et les chenilles : quelle importance ? On nous a tant fait croire que tout était déjà consommé…

*

Alors, je sais que tout se fait bien au-delà de ce qui est visible…

Je marche au milieu des décombres fumants de notre humanité.

Mes voiles hissées, je cherche cette île d’Utopie où déposer les rescapés du massacre…

Mes mots se fraient un chemin étroit en des canyons de roc et de souffrance.

Je me tiens debout à la proue du navire pris dans la tempête de nos indifférences.

On me dit de ne pas rester là.

On m’invite à rentrer en ma cabine de solitude, de ne point provoquer la foudre des nantis…

Mais qui, qui pourrait m’empêcher de tremper ma lance dans le vitriol du vocabulaire…

Qui saurait me faire taire quand de toutes parts ne me viennent que tourments…

A tourner sa langue on finit par y faire un nœud, et devenir complice des massacres…

*

Alors, je sais que tout se fait bien au-delà de mon champ de vision…

C’est lorsque les guerriers rentrent, fourbus et blessés qu’on sait l’ampleur de leur défaite…

Lorsque seulement ils rentrent…

Ils sont si faibles avec leurs pauvres sagaies, face à l’arrogance des chars…

Je sais, je sais la force des mots qui franchissent les barrières douanières, qui s’envolent en longues cohortes clandestines pour clamer l’impérative nécessité de devenir…

Il ne serait plus d’espérance si je restais en ma cabine bien chauffée.

Ma place est au côté des esclaves, à fond de cale, et le boulet au pied…

Manosque, 3 février 2010

©CopyrightDepot.co 00045567

sceau1.gif


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Xavierlaine081 5039 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog