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La chanson : L’indignation ne suffit pas. La pauvreté relève de la solidarité et de la lutte politique.

Publié le 07 mars 2010 par Forrestgump54
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On connaît la chanson. Aujourd’hui, on n’a plus le droit, d’avoir faim ni d’avoir froid. C’était il y a vingt-cinq ans, déjà. Une génération. Paris, 10e arrondissement : certains jours désormais, la file d’attente devant la camionnette des Restos du cœur s’étire sur 150 mètres avec trois à quatre personnes de front. Paris, église Saint-Eustache dans le 1er arrondissement : tous les soirs des dizaines de personnes, des jeunes, des personnes âgées, attendent une soupe. Dans l’une des plus belles villes du monde, la pauvreté s’étend, comme elle s’étend dans toutes les villes de France. Les Restos du cœur, le Secours populaire, le Secours catholique, des dizaines d’associations tentent de faire face, de plus en plus difficilement, et toutes s’alarment. Mais ces files d’attente ne sont que la part visible d’un continent. Les jeunes et les femmes seules sont le plus durement frappés, les plus fragiles, les plus précaires. Les chiffres ne disent pas tout. Combien de mères célibataires, parce qu’un aîné vient enfin de décrocher un petit boulot, se voient refuser toute allocation ? Combien de jeunes travailleurs cachent leur misère sous les apparences de l’insouciance de la jeunesse, combien dorment dans une voiture, des caves, des parkings ? Et il faudrait encore parler de ces travailleurs pauvres comme toutes celles et ceux qu’évoque Florence Aubenas dans son livre les Quais de Ouistreham. Parler, chez des millions de Français, des fins de mois qui arrivent le 15, du surendettement… C’est vrai, on en parle, parfois même dans les journaux télé. Un sujet. Un court reportage. On en parle au fond comme si la pauvreté, dans un des pays les plus riches du monde, était un peu devenue un phénomène naturel, une composante de la vie. Le risque, c’est l’accoutumance. C’est de ne plus s’indigner et de ne plus se battre. Mais plus profondément encore, le risque, c’est d’en arriver à penser que c’en est fini du progrès social, que cela ne changera plus. « Je serai le président du pouvoir d’achat. » Le président aussi de la valeur travail. Près d’un million de chômeurs vont arriver cette année en fin de droits. Combien de nouveaux chômeurs jetés, c’est le mot, par leur entreprise ? Quelles ruses ce gouvernement des riches va-t-il inventer pour masquer cette réalité. Quelles larmes de crocodile pour nous assurer que tout sera fait, quand cette droite refuse toute taxation aussi minime soit-elle des bénéfices scandaleux des banques, quand continue comme jamais la valse cynique et obscène des bonus, des stock-options, des salaires qui se comptent en centaines de smic. L’indignation ne suffit pas. La pauvreté relève de la solidarité et de la lutte politique. Á une semaine des élections régionales, il n’y a pas à biaiser. La droite doit être sanctionnée. Plus la sanction sera sévère et plus puissant sera le coup de frein démocratique imposé à sa politique. Mais les régions elles-mêmes ont des choix à faire. Lutter pour la pauvreté, c’est développer le logement social, les services publics. C’est mettre en place des tarifs uniques pour les transports, c’est la gratuité pour les jeunes, les chômeurs, les précaires, c’est créer des fonds régionaux pour l’emploi et la formation. C’est vouloir, contre les projets gouvernementaux, un haut niveau des politiques publiques des collectivités territoriales. Lutter contre la pauvreté, c’est être sur tous les fronts.

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